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La révolution républicaine et l’heure

lundi 13 juin 2005

- Les révolutionnaires préféraient généraliser le système décimal de numération : c’était autant par raison de laïcité que de démocratie !

- La démocratie est le régime politique dans lequel toute loi, c’est-à-dire toute contrainte imposée aux membres de la société, procède de la délibération collective à laquelle tous participent. Il faut donc à la démocratie que chaque membre de la société participe à ces discussions : de ce fait, les institutions dont l’accès nécessite une initiation qui distingue les candidats des autres membres de la société ne peuvent pas être considérées comme des institutions publiques : la révolution les a déclarées privées, afin que leurs décisions ne soient jamais imposées à ceux qui n’ont pas été initiés : l’élite, qui est la négation de la laïcité, est essentiellement contraire à la démocratie.

- La laïcité est justement la qualité des institutions dont l’accès est ouvert aux membres du peuple sans leur imposer une discipline initiatique. Pour réaliser la laïcité, il faut que tous les membres de la société qui approchent de la situation, et notamment de l’âge, de participer à la délibération collective, apprennent tous les procédés de raisonnement et de calcul nécessaires à cette participation.

- Conscients de cette nécessité, les révolutionnaires avaient repris les travaux effectués pendant le siècle précédent tant sur l’éducation des enfants que sur les moyens de mesure et de calcul nécessaires à la vie de la société.

- S’agissant de l’éducation, ils ont été conduits à concevoir que l’école de la nouvelle société devait être ouverte à chaque enfant, et regrouper des enseignements leur permettant, lorsqu’ils seraient devenus adultes, d’intervenir partout dans la société.

- S’agissant d’apprendre à compter, il pensaient à l’évidence que l’unification de tous les systèmes de numération en usage, c’est-à-dire leur remplacement par le système décimal, alors jugé le plus universellement pratique, simplifierait singulièrement la tâche des éducateurs.

- C’est ainsi que les assemblées légiférantes de la Révolution ont mis en chantier puis adopté le système décimal des poids et mesures aussi appelé système métrique, et dont les développements ultérieurs ont donné l’actuel Système International des poids et mesures. L’adoption du calendrier républicain a été faite dans ce même esprit. Pourquoi les révolutionnaires se seraient-ils arrêtés devant le décompte du temps qui passe ?

- Ils s’y sont intéressés aussi : ils ont défini une heure décimale en divisant chaque journée en dix périodes égales elles-mêmes divisées en dixièmes, centièmes, millièmes etc..., selon le système des sous-multiples décimaux.

- La correspondance entre heure décimale et heure sexagésimale s’établit alors de la façon suivante :
— 1 heure décimale dure 2 heures et 24 minutes sexagésimales,
— 1 dixième d’heure décimale dure 14 minutes et 24 secondes,
— 1 centième d’heure décimale dure 1 minute et 26,10 secondes,
— 1 millième d’heure décimale dure 8,261 secondes,
— 1 dix-millième d’heure décimale dure 0,8261 secondes.

- Inversement,
— 1 heure sexagésimale dure 0,41666667 heure décimale,
— 1 minute sexagésimale dure 0,00694444 heure décimale,
— 1 seconde sexagésimale dure 0,00011574 heure décimale.
- Pour calculer ce tableau, les résultats des divisions ont été arrondis selon la règle enseignée à l’école communale de la République.

- Tout cela fut fait avec grand sérieux, et des horlogers ont fabriqué des montres et des pendules selon ce système.

- Adopter l’heure décimale poserait la question de maintenir en usage les mots de minute et de seconde : il semble judicieux de nommer seconde la dix-millième partie de l’heure décimale, dont la durée ne diffère de celle de la seconde sexagésimale que de quinze pour mille ; il serait alors commode de nommer minute décimale le centième de l’heure décimale.

- Bien sûr, personne n’envisage cette éventualité aujourd’hui : il faudrait alors modifier en conséquence les unités de mesure de toutes les grandeurs physiques dont le temps est une dimension : la fréquence, la vitesse, l’accélération, la force (les poids), tous les champs de force, etc... !

- ... Mais après tout, serait-ce si difficile ? Et n’a-t-on pas perdu davantage de temps, d’énergie et de matière, après 1 945 et depuis, à remettre en usage des unités de mesure désuètes, carrément périmées, dans le fonctionnement d’une industrie comme le transport aérien, qui devrait au contraire, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité de long terme, coller à la science ?

3 Messages de forum

  • > La révolution républicaine et l’heure 9 avril 2006 19:25, par Luc Comeau-Montasse

    Ce qui s’est passé là, avec cette tentative de rationnaliser (à l’outrance) ce qui, au delà du code, a un sens, montre bien de quoi est capable la science lorsqu’elle perd le contact avec le réel.

    Il existe des gens pour s’étonner que l’on n’ait pas choisi une définition du temps dans laquelle ni 1/3 ni 1/6 ni 1/12 ni 1/15 ème d’heure ne donneraient des valeurs exactes.

    Chaque année j’enseigne à mes élèves de sixième
    le tiers d’heure, qui alors fait sens aussi bien que le quart d’heure pour eux
    et
    grâce à cette division antique de l’unité de temps
    fait 20 minutes au lieu d’un nombre décimal tout à fait incommode.

    Non, les Babyloniens ne marchaient pas à quatre pattes.

    Et la préférence a été tout naturellement vers la division du temps qu’ils ont choisie
    et qui est parmi la plus commode
    parce qu’elle est un multiple de 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ; 10 ; 12 ; 15 ; 20 et 30

    qui dit mieux (sourire) ?

    • > La révolution républicaine et l’heure 10 avril 2006 21:29, par Jean-Pierre Combe

      - Sourions en effet !
      - Une discussion qui chercherait à donner tort ou raison aux révolutionnaires de 1789 contre d’autres (et ils sont nombreux), ou aux Babylonniens contre les révolutionnaires de 1789 ne serait absolument pas pertinente : cette raison m’a fait, voici déjà quelques années, rejeter l’impression d’outrance que m’avait d’abord donnée, à moi aussi, cette tentative !
      - Ce rejet m’a ouvert une occasion d’explorer un domaine qu’il n’est pas habituel de remettre en critique : et je pense qu’appliquer la critique à ce domaine permet de mieux comprendre, de manière contradictoire, quel peut être le sens du mot de laïcité ; je ne crois pas qu’une telle occasion doive être mise à l’écart : donc, je ne qualifie pas d’outrancière la tentative d’une heure décimale, qui se plaçait dans un cadre réellement laïc ; cela étant, je ne la pratique pas.
      - Notez bien qu’une autre discussion peut être lancée à partir de ce problème inhabituel : c’est celle qui peut amener à comprendre le rôle que jouent aussi les religions dans la reproduction d’une génération à l’autre des procédés qui permettent aux membres de la collectivité de se comprendre mutuellement.
      - Décider quelle doit être la règle selon laquelle nous repérons les instants dans l’écoulement circadien, est un autre problème ! ... Quoique ...

    • > La révolution républicaine et l’heure 11 juillet 2006 17:15, par artime

      Peut-etre, le mieux serait de changer la base de notre numeration : de base 10 a base 12. Apres qu’on a appri a calculer sur base 12, les systemes "duodecimaux" seraient les plus naturels. Jusqu’alors, je vote pour l’heure républicaine.

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