Ami de l’égalité

Education communiste

leçon 1 : notions économiques sur la France

école élémentaire de la Libération (octobre 1944)

mardi 28 octobre 2008

INTRODUCTION

- La France jouit de conditions naturelles qui doivent lui permettre d’être le pays le plus riche de l’Europe occidentale et centrale. Sur une superficie de 550000 kilomètres carrés, elle a à nourrir 42 millions d’habitants, soit 76 par kilomètre carré (Angleterre, 190 ; Allemagne,145 ; Italie, 140). Elle dispose de terres riches capables de porter des moissons plantureuses ; elle est le premier producteur de vin du monde ; ses coteaux et les terres irriguées du Midi peuvent livrer en grandes quantités les fruits et les légumes ; ses bœufs gras, ses vaches laitières, ses petits élevages sont la gloire de ses campagnes de l’ouest et de ses montagnes.

- Capable de produire 60 millions de tonnes de charbon par an, premier producteur d’Europe centrale et occidentale pour le fer (troisième rang dans le monde après les Etats-unis et l’URSS), premier producteur du monde de bauxite (minerai d’aluminium), la France peut trouver dans ses territoires d’outre-mer les matières premières qui lui manquent. L’Afrique équatoriale dispose de réserves considérables et encore inexploitées de minerai de cuivre ; le Soudan peut devenir une région productrice de coton et de laine ; l’Afrique du Nord est un des premiers fournisseurs du monde de phosphates ; les ressources en huiles végétales de l’Afrique tropicale et équatoriale sont pratiquement illimitées.
- Après lecture d’un pareil bilan, on est surpris de constater que le Français ne soit pas plus riche, que les aptitudes de notre pays n’aient pas été mieux exploitées. C’est que le revenu de ce superbe capital que sont le sol et le sous-sol de France, que sont aussi la ténacité laborieuse et l’habileté des travailleurs français, échappe au peuple de France, aux paysans comme aux ouvriers, aux intellectuels, ingénieurs ou professeurs inventeurs ou artistes, comme aux manuels de l’atelier, des champs ou des transports. Il est confisqué par une infime minorité de parasites qui ont mis la main sur les richesses essentielles de la France et font passer leurs intérêts immédiats avant ceux du pays qui appelleraient une exploitation plus rationnelle de ses ressources. Ces parasites ne sont pas nombreux, mais ils sont solidement ancrés sur notre sol ; ce sont les hommes des deux cent familles, des trusts sans patrie, qui se gorgent de la richesse française en donnant aux ouvriers des salaires de misère, en rétribuant insuffisamment le travail de la terre, en ne tolérant pas que les fonctionnaires touchent des traitements décents, en ruinant les petits et les moyens industriels et commerçants, en exploitant l’intellectuel, le savant, ou en les rejetant quand leur travail ne sert pas les intérêts immédiats des trusts.
- Contre ce monstrueux accaparement de la France, contre cet esclavage du travail dans l’illusion de la liberté, le Parti communiste n’a cessé de lutter et il continue de lutter.

TABLEAU DE L’ÉCONOMIE FRANÇAISE AVANT LA GUERRE L’ÉQUILIBRE FRANÇAIS

- En 1936, 36% des Français ayant une activité productrice étaient des agriculteurs, 36%, des travailleurs industriels, 17%, des travailleurs des transports et du commerce, le reste se répartissant à l’intérieur des catégories : professions libérales (2,5%), services publics (4,5%), armée, personnel domestique.
- Quelques années auparavant, en 1932, un économiste s’était amusé à comparer le montant des principales récoltes agricoles et le produit du travail industriel : la récolte de blé, avec 10 milliards de francs, équilibrait presque la production métallurgique : 12 milliards ; la récolte d’avoine (6 milliards) correspondait à la vente des 200000 voitures automobiles sorties dans l’année ; le produit des houillères était du même ordre que celui de la vendange, etc...
- A vrai dire, les années 1929-1939 sont, au point de vue économique français, les « années tournantes » où la production industrielle, après avoir atteint le niveau de la production agricole, va commencer à la dépasser. Mais la guerre a encore trouvé la France dans cet état d’« équilibre » défini par l’importance à peu près égale de l’économie agricole et de l’économie industrielle.

L’AGRICULTURE FRANÇAISE

- Les aptitudes agricoles de la France sont très variées

  • a)par suite de la diversité des tendances climatiques : climats doux et humides de l’ouest, climats plus contrastés à hivers froids de la Lorraine, de l’Alsace et du Jura, climats ensoleillés de la Provence et du Languedoc, climats rudes des montagnes...
  • b)par suite de la variété du relief, qui associe les plaines du nord et du bassin parisien et celles de l’Aquitaine aux collines de l’ouest (Bretagne, basse Normandie, Maine, Anjou, Vendée) aux moyennes montagnes des Vosges, du Plateau central, du Jura et aux hautes montagnes des Alpes et des Pyrénées ;
  • c)par suite de la diversité des terres de culture, des sols agricoles : limons très riches de Flandre, de Picardie, de l’Ile-de-France, de basse Alsace, de certaines parties des plaines de la Saône, terres fortes de l’Aquitaine, sols légers et caillouteux de Provence, sables du Bas-Languedoc, terres froides de Bretagne, des bocages de l’ouest et du Limousin.

- La spécialisation agricole
- Jusqu’au 19è siècle, chaque village cultivait tout ce qui lui était nécessaire : plantes alimentaires, textiles, etc... Le développement des transports a permis la spécialisation régionale, chaque terroir consacrant toute son activité ou, au moins, la plus grande partie de son temps et de son travail à la production donnant le meilleur résultat dans les conditions locales.
- Esquisse de géographie agricole (répartition des principales cultures)
- Les campagnes limoneuses du nord et du Bassin parisien ont été consacrées au blé, à l’orge, à l’avoine, à la betterave à sucre, tous produits fournis à gros rendements (toujours plus de 20 quintaux à l’hectare pour le blé). On élève du bétail à l’étable, surtout dans le Nord (engraissement avec les déchets de minoteries et de sucreries).
- Le blé est également abondamment cultivé sur les sols maigres de Bretagne, du Berry et de l’Aquitaine, où l’on doit se contenter de rendements deux fois moindres. Il y est associé à la pomme de terre, au maïs (en Aquitaine), aux cultures fourragères et aux légumes de plein champ (choux, haricots, etc...).
- La vocation de l’ouest (Normandie et bocages) est l’élevage, surtout laitier (en plein air). Les montagnes sont le second ensemble de régions d’élevage en France (production de viande dans le nord du Massif central, de fromages cuits en Auvergne - « cantal » - , Jura et Savoie - « gruyère » et « tome » - ). Seuls, les moutons et les chèvres deviennent rares à mesure que les « mauvaises terres » reculent devant l’effort paysan.
- Le Midi cultive la vigne à grand rendement (bas-Languedoc, Var), mais nombreux en France sont les coteaux où l’on soigne des vignes qui donnent des vins de cru : Bourgogne, Champagne, Anjou, produits même en plaine dans le Bordelais.
- La France a aussi ses jardins irrigués du Roussillon et de la basse Durance, qui envoient les « primeurs » sur les marchés urbains, ainsi que les jardins de la Garonne, de la Loire et des banlieues des grandes villes.
- L’importance des récoltes
- L’agriculture française n’est pas seulement faite de variété, elle est aussi une agriculture de quantité, comme en témoigne le tableau suivant :

  • Production ; Prod. moyenne ; Prod. 1938 ; Rang ;
  • Blé ; 75 M qx ; 101 M qx ; 1er ;
  • Avoine ; 50 M qx ; 54 M qx ; 2è ;
  • Pommes de terre ; 15 M qx ; 17 M qx ; 3è ;
  • Vin ; 75 M hl ; 75 M hl ; 1er ;
  • Lait ; 140000 t ; 151000 t ; 2è ;
  • Beurre ; 200000 t ; 208000 t ; 2è ;
  • Viande ; 1400000 t ; ; 2è ;
    • (M : millions ; qx : quintaux ; hl : hectolitres ; t : tonnes ;
      - 1938 a été une année très favorable pour la production en France ;
      - le rang s’entend en Europe, URSS exceptée)

- L’importance relative de ces données sera soulignée par le rappel du chiffre modéré de la population française. Premier pays agricole d’Europe, récoltant environ le quart du blé européen, la France a à peine plus du dixième des habitants de l’Europe.
- Encore faut-il souligner que, sauf pour le vin, la France est très au-dessous de ses possibilités. Ses campagnes pourraient être mieux pourvues en engrais et produire davantage si les paysans n’étaient exploités par les trusts agricoles vendeurs de matériel, d’engrais ou distributeurs des produits de la terre (ci-dessous page 10) et maintenus systématiquement à l’écart du progrès que l’on ne parvient cependant pas à empêcher de pénétrer, mais avec lenteur, dans les fermes les plus isolées (voir cours n°6, La question paysanne).

L’INDUSTRIE FRANÇAISE

- La vocation industrielle de la France
- La guerre a démontré avec éclat que l’indépendance politique d’un état était subordonné à son équipement industriel et à sa capacité de produire le matériel et les objets de consommation nécessaires à sa population et à ses armées. En temps de paix, un pays échappe d’autant mieux aux influences et aux pressions étrangères qu’il n’est pas le client forcé de l’étranger pour tous les produits fabriqués dont il a besoin. C’est pourquoi l’Allemagne hitlérienne, qui voulait nous asservir, entendait faire de la France « collaborante » un pays strictement agricole. Le retour à la terre, la France foncièrement agricole, tous les slogans réactionnaires de Vichy sont des non-sens économiques : la France est plus harmonieusement douée par la nature que l’Allemagne elle-même pour être une puissance industrielle. Elle a, certes, beaucoup moins de charbon et de main-d’euvre, mais elle dispose de réserves considérables d’énergie hydraulique restant à équiper ; elle a le fer et la bauxite, qui manquent à l’Allemagne, et elle peut compter sur les matières premières des territoires français d’outre-mer.
- Les ressources énergétiques
- Avant la guerre, la France consommait en un an (1938 ) 63 millions de tonnes de charbon, 16400 millions de kilowatt-heures, équivalant à 16 millions et demi de tonnes de charbon supplémentaire, 5 millions de tonnes de produits pétroliers.
- Son sous-sol lui fournissait 47 millions et demi de tonnes de charbon, venant pour 64 % du bassin du Nord et du Pas-de-Calais, pour 11 % de celui de la Moselle, pour le reste des bassins du Plateau central (nous avons déjà signalé que cette production pouvait être aisément poussée à 55-60 millions de tonnes).
- Les chutes d’eau équipées dans les Alpes, les Pyrénées, le Plateau central, le barrage de Kembs en Alsace et des hydro-centrales de moindre importance assuraient la même année 10 milliards de kilowatt-heures.
- Les forages de la région de Saint-Gaudens sont prometteurs et fournissent déjà des gaz naturels. Par contre, les pétroles d’Alsace donnent fort peu, et les trusts (voir ci-dessous) ont saboté jusqu’ici les recherches entreprises au Maroc.
- En résumé, dans les conditions d’exploitation de 1938, la France couvrait 75% de ses besoins en charbon, 61% de ses besoins en énergie hydro-électrique (elle en couvrira 70% après l’achèvement de la centrale de Génissiat en construction sur le haut Rhône) et pouvait espérer réduire son déficit en produits pétroliers.
- Les minerais
- La situation est nettement plus avantageuse dans le domaine des ressources minérales.
- Avec cinq milliards de tonnes de réserve de minerai à 33% de teneur dans le seul bassin lorrain, la France est un des gros producteurs de fer du monde. L’extraction, en 1938, assurait 11 millions de tonnes de métal pour une consommation de 7 à 8 millions de tonnes ; la France exportait environ le tiers de sa production (bassins : Lorraine, 85% ; Normandie, Anjou, Pyrénées, Algérie, 15%).
- Avec 683400 tonnes, la France était, en 1938, le premier pays du monde producteur de bauxite, minerai d’aluminium atteignant 60 à 70% de teneur, à Brignoles, dans le Var (autres gisements : Hérault, Ariège). Elle en exportait une grande partie.
- Il manque à la France le cuivre, l’étain, le zinc et le plomb, les métaux d’alliages ; mais elle peut trouver dans ses territoires d’outre-mer du cuivre (Afrique équatoriale française), du plomb, du zinc, de l’étain (Indochine).
- Notre pays dispose de ressources pratiquement inépuisables en engrais minéraux avec les potasses d’Alsace et les phosphates d’Afrique du nord.

- Matières premières des industries légères
- Comme tous les pays européens, la France doit importer la majeure partie des matières premières de ses industries légères : coton, laine, lin, soie, caoutchouc ; mais les territoires d’outre-mer peuvent l’aider puissamment en lui livrant dans le proche avenir coton et laine. Le caoutchouc nécessaire peut être entièrement fourni par l’Indochine. L’élevage français ravitaille abondamment les industries des cuirs et des peaux. Le bois de nos forêts permet de n’être tributaire des importations que pour des tonnages relativement réduits en pâte de bois pour l’industrie du papier et de la cellulose (rayonne), et pour celle du meuble (bois précieux des territoires d’outre-mer).

- Les industries de transformation
- L’industrie française est, comme notre agriculture, placée sous le signe de la variété, garantie de l’équilibre et de l’indépendance économiques :

  • a)Industrie métallurgique : 7 à 8 millions de tonnes de fonte et d’acier, de rails, poutrelles, charpentes métalliques, à partir des minerais lorrains ; aciers spéciaux des usines d’électro-métallurgie des Alpes.
  • b)Transformation des métaux : matériel de chemin de fer, machines agricoles, automobiles (200000 par an), avions, constructions navales, outillage varié.
  • c)Industries textiles : coton (10000000 de broches de filature), laine et soie. Travail des étoffes et du vêtement.
  • d)Industries chimiques de toutes natures : colorants, explosifs, engrais, produits pharmaceutiques, produits de parfumerie, caoutchouc.
  • e)Industries de la verrerie, de la céramique, des chaux et ciments.
  • f)Industrie du cuir.
  • g)Industrie du meuble.
  • h)Industries du papier et du livre.
    - Au point de vue du classement international, la France est le cinquième pays du monde pour la production de la fonte et de l’acier, le troisième en Europe (URSS non comprise) derrière l’Allemagne et l’Angleterre qui doivent cependant importer la majeure partie de leur minerai ; le cinquième également pour la production de l’aluminium (deuxième en Europe), pour la fabrication des moteurs (troisième en Europe) ; le troisième enfin pour le travail du coton (deuxième en Europe).
    - Ce classement ne doit cependant pas faire illusion : la France est souvent loin derrière les puissances économiques qui la précèdent. Ce retard n’est pas dû au simple hasard ni aux conditions géographiques ; il sera expliqué dans les chapitres suivants, à propos de la trahison des trusts.

- Localisation de l’industrie
- Les deux tiers au moins des installations de la France sont situées au nord-est de la Seine. Les régions situées au sud-ouest de la Seine ne comportent que quelques foyers isolés de concentration des usines : Lyon, Saint-Etienne, Clermont-Ferrand, les grands ports. La région parisienne, avec près du quart de la population industrielle française (22%), est le plus important des foyers industriels français (industries de transformation). La région du nord, avec les mines de houille, la région du nord-est, avec les mines de fer et aussi celles de houille de la Moselle, la région de Lyon-Saint-Etienne, la Seine inférieure se classent ensuite.

TRANSPORT ET COMMERCE

- La France est dotée de moyens de communication avec l’étranger et de transports intérieurs très suffisants, sans connaître la puissance de l’organisation des transports en Angleterre ou dans l’Allemagne d’avant-guerre : 325000 kilomètres de routes, 44000 de voies ferrées, un beau réseau navigable, coïncidant heureusement avec la zone industrielle française, assurent la liaison facile de Paris avec les diverses régions et - un peu moins aisément - les relations interrégionales. Des ports bien aménagés permettaient à la France d’avant-guerre de bénéficier de sa position face à l’Océan et à la Méditerranée en pratiquant un large commerce maritime. Il est certain que la réorganisation de notre système de transports est aujourd’hui une tâche de première urgence, mais le schéma établi par des siècles d’efforts méthodiques et patients pour les routes, par cent ans de travail pour les voies ferrées et pour nos principaux ports de commerce, demeure valable.

LES TRUSTS ET LEUR FORMATION EN FRANCE

- Créateurs et profiteurs de nos richesses
- Les richesses de la France sont le produit du travail de nos ouvriers, de nos paysans et de nos intellectuels appliqué aux ressources naturelles du pays.
- Le blé français, par exemple, est le produit du travail des paysans français et des producteurs d’outils. Par exemple encore, le matériel des chemins de fer français (dont la fabrication est très peu tributaire de l’importation) est le produit du travail de nos mineurs, de nos ouvriers des fonderies, de ceux des ateliers mécaniques et aussi des ingénieurs.
- Or, les richesses ainsi produites sont drainées au profit d’une minorité parasite qui vit du travail d’autrui, qui exploite la nation laborieuse. C’est le phénomène de l’exploitation capitaliste. Comment cela s’explique-t-il ?
- La valeur des diverses marchandises, fruits du travail humain, est déterminée par la quantité de travail social nécessaire à leur production. Mais l’ensemble des ouvriers qui ont contribué à produire une marchandise déterminée ne reçoivent sous forme de salaire qu’une partie de la valeur de cette marchandise.
- Car, en régime capitaliste, les ouvriers ne possèdent pas de moyens de production (usines, terres, mines, machines, etc...) ; pour ne pas mourir de faim, ils sont obligés de vendre leur force de travail aux capitalistes détenteurs des moyens de production essentiels.
- Par suite, le salaire payé aux ouvriers correspond en moyenne non pas à la valeur des produits qu’ils créent, mais à la valeur de leur force de travail, c’est-à-dire à la valeur des produits nécessaires à leurs besoins vitaux (et à ceux de leur famille) qu’ils doivent satisfaire pour reconstituer leur force de travail.
- Or, à l’époque du capitalisme, les conditions modernes de la production font que la journée de travail de l’ouvrier dépasse la quantité de travail nécessaire à la production des richesses qu’il consomme pour l’entretien de sa force de travail. Ainsi les ouvriers, malgré les apparences, travaillent gratuitement pour les possesseurs des moyens de production pendant une partie de la journée et créent une plus-value qui s’ajoute sans cesse au capital de leurs exploiteurs.
- De la sorte, ce ne sont pas ceux qui créent les richesses qui en profitent, mais une minorité parasite qui défend âprement et puissamment ses privilèges.
- L’origine des trusts
- Les trusts ont leur origine dans le développement de l’économie capitaliste, en France et dans les autres pays ; mais ils n’apparaissent guère avant 1873, et ce n’est qu’à la fin du 19è siècle et dans les premières années du 20è qu’ils deviennent d’un coup une base essentielle de l’économie dans tous les pays capitalistes. Nés de l’industrialisation, les trusts ont ensuite étendu leur influence à toute l’économie nationale, y compris l’économie agricole.
- Depuis le 16è siècle (naissance du capitalisme), jusqu’à la révolution de 1789, l’industrie française reste encore pour beaucoup de branches au stade artisanal (quelques manufactures seulement).
- Mais déjà les premières formes de centralisation des capitaux ont fait leur apparition dans les ports. L’armement des navires de commerce pour le trafic colonial et international, à Marseille, Bordeaux, Nantes, dépasse les disponibilités en capitaux des fortunes individuelles. Il se constitue des groupements financiers, des ébauches de sociétés par actions.
- Dans la production, la concurrence entre les entreprises privées pousse les propriétaires de ces entreprises à améliorer, à transformer sans cesse leurs moyens de production (notamment les machines), en vue de produire en moins de temps que leurs concurrents, donc à des prix de revient inférieurs. Par suite, l’histoire économique de la France à l’époque capitaliste est marquée par un développement continuel de la technique, parfois régulier, parfois brusque et rapide (exemple : l’invention de la machine à vapeur au 18è siècle, qui prépare l’ère de la révolution industrielle du 19è siècle).
- Ce développement de la technique s’accompagne d’une centralisation croissante des capitaux, de la tendance au remplacement des innombrables petites entreprises par des entreprises peu nombreuses et gigantesques. D’une part, en effet, certains instruments de la production moderne (marteau-pilon par exemple) et certains produits (locomotives, bateaux, ponts métalliques) sont incompatibles avec la petite entreprise ; d’autre part, l’évolution incessante de la technique tend inexorablement à la ruine des capitalistes trop faibles pour faire subir à leurs entreprises les transformations indispensables, et à l’extension des entreprises des survivants qui s’enrichissent des dépouilles des vaincus.
- Sous le Consulat et le premier Empire, la guerre ininterrompue provoque une accélération du développement de l’industrie. Il faut produire des armements et des moyens de transport en quantité croissante ; le blocus continental imposé par l’Angleterre oblige à produire industriellement le sucre de betterave en remplacement du sucre de canne importé jusqu’alors. Il s’ensuit un essor des exploitations minières et la création des premières usines françaises relativement importantes. Naturellement, les lois napoléoniennes favorisent la constitution de nombreuses sociétés par actions propres à fonder ces grandes entreprises.
- Le rythme de développement de l’industrie reste néanmoins lent jusqu’à l’extension en France de la machine à vapeur (chemins de fer en 1833-1840). Depuis, l’industrie française s’est développée à un rythme considérablement plus rapide.
- La formation des trusts
- La formation et le développement des trusts en France ont revêtu des formes très variées. Mais quelle que soit sa forme, le trust est le résultat de la concentration capitaliste. Les cas les plus simples sont les suivants :

  • a)Concentration horizontale : deux ou trois entreprises éliminent progressivement leurs concurrentes, achètent des établissements similaires. Leurs dirigeants finissent par s’entendre et par régner sur toute une branche industrielle.
  • b)Concentration verticale ou intégration : une entreprise géante associe à ses fabrications propres la préparation de ses matières premières, le montage des pièces qu’elle élabore, l’utilisation de ses déchets, les entreprises de ses clients.
    - Cette concentration verticale sur une grande échelle a pris naissance aux Etats-unis, où l’on a pu voir telle firme de sidérurgie (hauts-fourneaux, aciéries, laminoirs) s’emparer des mines de charbon et de fer et des fours à coke nécessaires pour alimenter ses entreprises, ainsi que des ateliers de construction mécanique propres à écouler sa production d’acier et des usines de sous-produits.
    - En France, c’est le cas des firmes de Wendel, Schneider, Marine-Homécourt, Aciéries de Longwy, qui possèdent non seulement des hauts-fourneaux et des entreprises sidérurgiques, mais des mines de charbon et de fer et des usines de transformation.

- Ainsi se sont édifiés en France des systèmes gigantesques occupant et exploitant des dizaines et des centaines de milliers d’ouvriers, plus particulièrement dans le nord, le nord-est et la région parisienne.
- Mais on ne peut pas se contenter de cette représentation simplifiée du trust. D’une part, une transformation profonde d’usine, l’acquisition de l’affaire d’un concurrent malheureux, la création d’une filiale exigent des disponibilités que l’on ne peut sortir immédiatement des entreprises existantes. Le trust a recours au crédit. Une banque géante couvre les opérations du trust : nouvelle série de relations capitalistes. Inversement, la banque intéressée disposera à un autre moment comme masse de maneuvre des réserves confiées par les entreprises qui sont en liaison avec elle. En fait, les grandes banques et les grands trusts s’interpénètrent par l’achat réciproque d’actions et la rencontre de leurs hommes aux conseils d’administration des unes et des autres. M. Eugène Schneider, par exemple, siégeait au conseil d’administration du Crédit lyonnais à côté d’autres industriels et financiers. Il se forme une oligarchie financière maitresse des plus grandes banques et des plus importantes entreprises du pays ; c’est cette oligarchie qui était désignée, dès avant la guerre, par le terme : les deux cent familles.
- D’autre part, la puissance des trusts s’étend bien au-delà de leurs propres entreprises et de leurs ouvriers. Si prospère que soit une entreprise, il serait dangereux pour le groupe qui la possède d’y engager tout son capital. Pour s’assurer contre des difficultés possibles, en même temps que pour pouvoir exercer éventuellement des pressions utiles à ses intérêts, le groupe place une partie de ses disponibilités dans diverses autres entreprises de fabrication, de transport ou de vente, dont il devient en fait copropriétaire. Il se constitue ainsi des réseaux compliqués dont les mailles couvrent toute l’économie du pays, mais sont invisibles au plus grand nombre.
- Enfin, des trèves plus ou moins durables s’établissent entre les trusts concurrents des divers pays ; ils s’accordent pour une période sur la répartition des marchés, sur les prix de vente ; ils constituent des cartels internationaux (par exemple, le cartel international de l’acier). Ici apparaît déjà un des mécanismes de la trahison des trusts ; le réseau dont ils couvraient l’économie française s’entremêle avec le réseau des pays voisins ; les trusts perdent l’apparence même du caractère national ; leurs hommes, ambassadeurs ou ministres deviennent les représentants de coalitions sans patrie au sein de l’état ; ils trahiront naturellement la nation au profit des intérêts antinationaux des coalitions.

LES TRUSTS, MAITRES DE LA FRANCE CONCENTRATION CAPITALISTE ET CONCENTRATION INDUSTRIELLE

- On pourrait croire, à première vue, que la concentration n’est que modérément développée en France et que l’influence des trusts n’est que partielle sur l’économie. Dans l’industrie métallurgique, 40% des effectifs ouvriers sont employés dans des établissements de moins de 100 ouvriers (artisans non compris) ; dans les filatures et tissages, 34% ; dans l’industrie chimique, 30% ; dans l’industrie du cuir, 57% etc... Cette constatation n’est nullement en contradiction avec l’existence et la toute-puissance des trusts. Cela signifie simplement qu’il faut distinguer entre concentration industrielle et concentration capitaliste.
- Le cas de l’industrie
- Le propriétaire d’une entreprise petite ou moyenne qui a échappé à la concentration industrielle est tout de même l’esclave des trusts, parce qu’il lui faut s’adresser aux banques quand il a besoin de fonds, parce que ce sont les trusts qui fixent les prix des matières premières et des objets qu’il fabrique, des machines dont il a besoin, du courant électrique et du charbon qu’il consomme ; parce qu’il dépend d’eux de lui faire livrer sans délai ou de lui faire attendre ce qu’il a commandé ; parce qu’il doit passer par leurs organismes de vente lors même qu’il ne travaille pas comme fournisseur d’une grande entreprise ; parce qu’il doit s’adresser aux agences de publicité qui sont aux mains des trusts.
- La suprême habileté des trusts en France a été de laisser subsister un large secteur d’entreprises petites et moyennes qu’il a annexées économiquement, mais sans « prolétariser » au sens propre du mot les patrons d’un très grand nombre de ces entreprises (plusieurs millions en comptant les artisans).
- Le cas du commerce
- Le même raisonnement s’applique plus largement encore au commerce. Le commerce moderne, qui fait continuellement appel au crédit, est sous la tutelle absolue des banques qui soutiennent ou ruinent à leur gré les commerçants. Pourtant, les apparences de « libéralisme économique » sont à peu près sauves. L’extension des grands magasins, des « Monoprix », « Uniprix », etc... est relativement limitée, et on peut croire à l’existence d’un commerce libre.
- Le cas des paysans
- Au moins, croit-on, le paysan, perdu dans sa ferme, travailleur solitaire et taciturne, ignore-t-il cette servitude. Erreur.
- Le paysan d’aujourd’hui est plus ou moins un spécialiste, producteur de vin, par exemple, mais acheteur de tout ce qu’il ne produit pas. Il subit, en conséquence, les prix fixés par les trusts distributeurs. Il est aussi devenu vendeur d’une certaine récolte ou d’un certain bétail, mais il n’est pas le maître non plus du prix de vente : celui-ci est fixé par les trusts, sauf pour les denrées placées sous le contrôle de l’état (blé, vin). De plus, pour accroître son rendement, il ne suffit pas au paysan de peiner davantage, il faut travailler plus rationnellement en employant des engrais, en utilisant des machines agricoles, en employant un outillage mû à l’électricité. Il lui faut aussi ensemencer ses terres avec des semences sélectionnées : trust des engrais, trust des machines agricoles, trust de l’électricité, trust des graines, autant de nouveaux féodaux qui prélèvent leurs droits sur le paysan d’aujourd’hui.
- Et, avant que le produit de la terre parvienne au consommateur, il paie de nouvelles dîmes aux industries de transformation : trust des grands moulins, trusts sucriers, trusts du lait, aux transporteurs également. Tous entendent prélever leurs bénéfices, et, comme il ne faut tout de même pas que le produit de la terre revienne trop cher à la consommation, car il faudrait élever les salaires, donc diminuer les bénéfices des trusts, c’est le prix à la production que les trusts s’efforcent de réduire au plus juste.
- Comment douter, désormais, que les trusts n’enchaînent étroitement le libre paysan de France ?
- Le cas des intellectuels
- L’appât de l’argent, une publicité bien orchestrée pour ceux qui flattent les puissants du jour, l’exploitation habile d’un faux sentiment de classe qui retient maints intellectuels parmi ceux qui ont un genre de vie bourgeois, un enseignement organisé en vue d’écarter les fils du peuple des études supérieures, assurent aux trusts une cour d’écrivains, de journalistes, vendus ou dupés.
- Avant la guerre, à l’exception d’un organe comme L’Humanité, les grands journaux ne bouclaient leur budget que grâce à un gros chiffre de publicité. Un journal qui eût osé s’écarter de la ligne tracée par les trusts risquait de se voir retirer les recettes de la publicité et était condamné à disparaître. En outre, il n’était que trop facile d’acheter des journalistes à gages, prêts d’avance à vendre leur plume au plus offrant.

LA TRAHISON DES TRUSTS

- Ce n’est plus principalement parce qu’ils écrasent les ouvriers, les classes moyennes, les consommateurs, que les trusts doivent être supprimés, c’est parce qu’ils trahissent le pays. Ce n’est pas essentiellement parce qu’ils sont un état dans l’état, mais parce qu’ils sont une agence de l’étranger au sein de l’état.
- Etienne Fajon, discours à l’Assemblée consultative, 21 juillet 1 944
- Le fascisme, visage politique des trusts
- Devant les progrès de l’opposition populaire à leur domination, les trusts ont pris peur, craignant que le peuple de France ne leur demande des comptes à propos de la crise économique dont leur politique égoïste était responsable.
- A partir de 1933, ils ont voulu renforcer leur domination en instaurant un régime fasciste à l’image des régimes italien et allemand. Le coup de force du 6 février 1934, organisé par eux, a échoué grâce à la vigilance populaire et à l’action énergique de notre parti : riposte du 9 février, grève générale du 12 février. Mais les trusts ne renoncèrent pas à leur entreprise ; ils armèrent les cagoulards, subventionnèrent la propagande de Gustave Hervé : « C’est PETAIN qu’il nous faut ! » Les élections de 1936, le succès sans précédent du parti communiste et des groupements antifascistes ne leur laissaient qu’une issue : recourir au fascisme étranger pour instaurer le fascisme en France.
- La préparation de la défaite militaire
- Une répétition générale de l’opération est faite en Espagne de 1936 à 1939. Dès lors, on prépare fiévreusement le naufrage de la France. Tandis qu’une équipe de politiciens tarés et vendus aux trusts et à l’hitlérisme (Georges Bonnet) développaient en France l’idéologie anticommuniste, l’esprit « munichois » de capitulation et autres marchandises hitlériennes pour aboutir au sabotage des alliances de la France, spécialement du pacte franco-soviétique, les trusts organisaient directement le sabotage de l’économie nationale au profit de Hitler ; par exemple, le Comité des Houillères mettait en exploitation les veines les moins productives ; les grandes industries monopolistes refusaient d’introduire dans leurs entreprises le travail ininterrompu par trois équipes de huit heures, etc...
- Les magnats des mines française de bauxite (minerai d’aluminium) vendaient l’essentiel de leur production à l’Allemagne, alors que la France manquait d’avions en nombre suffisant.
- Cette trahison éhontée des trusts sans patrie devait aboutir à l’invasion et à l’occupation de la France par les armées hitlériennes en 1940.
- En effet, quand éclata, en 1939, la « drôle de guerre », préparée par le monstrueux accord de Munich que les trusts avaient dicté, toutes les conditions de l’écrasement de la France étaient réalisées.
- Les trusts avaient réussi à isoler la France en favorisant l’entreprise hitlérienne en Espagne, en écartant de nous les nations de l’Europe centrale et balkanique, découragées par Munich, en imposant la rupture des négociations franco-anglo-soviétiques.
- Les trusts avaient réussi à affaiblir la France par la division de son peuple, en faisant échec à la politique d’union de la nation française préconisée par le parti communiste, puis en chargeant des hommes comme Georges Bonnet de rompre le Front populaire, et des hommes comme Paul Faure de rompre l’unité d’action entre socialistes et communistes.
- Ils avaient immobilisé l’appareil économique de la nation et continuaient à saboter en pleine guerre, tarissant, par là, la force militaire de la France. Ils avaient introduit leurs hommes au sein du gouvernement et de l’état-major ; si bien que la guerre s’engagea contre le peuple de France et non contre l’ennemi (arrestation par milliers de militants syndicaux ; arrestation et déchéance des élus communistes ; liberté d’action aux hitlériens à la Laval, Pétain, de Brinon, Déat, Doriot, etc...), tandis qu’on envoyait en Finlande et en Syrie, aux confins des frontières soviétiques, les armes qui manquaient pour protéger les frontières françaises contre la ruée nazie.
- C’est ainsi que la France fut livrée par les trusts aux armées de l’impérialisme fasciste allemand et au gouvernement allemand de Pétain-Laval.
- Les trusts au service de l’ennemi
- La défaite de 1940 fut une victoire des trusts sans patrie contre le peuple français.
- Ils ont mis l’économie française à la disposition de Hitler
- Depuis l’invasion du territoire français, les trusts n’ont pas cessé d’organiser le pillage de nos richesses au profit de Hitler, partageant avec lui les dépouilles de la nation qu’ils lui avaient livrée. Quatre compagnies françaises de produits chimiques avaient fusionné avec le trust allemand correspondant et formé la société Francolor, dont 51% des actions sont aux mains des trusts allemands IG Farben. Francolor est administrée par un conseil comprenant quatre Allemands et quatre Français, dont René Duchemin, qui présidait les Etablissements Kuhlmann et siégeait, en 1939, dans 17 conseils d’administration. Le Comité des Forges, devenu « Union des Industries métallurgiques et minières, de la construction mécanique, électrique et métallique et des industries qui s’y rattachent », travaillait pour la machine de guerre nazie. Les cinq principales firmes françaises du caoutchouc se sont « jumelées » avec une firme allemande : elles recevaient du caoutchouc synthétique et œuvraient pour Hitler. Au lieu de saboter la production, les grandes sociétés françaises d’électricité ont approvisionné l’Allemagne en courant électrique. Le trust des assurances livrait, en même temps, le marché français à l’exploitation du capital allemand, sous la direction de Jacques Guérard, secrétaire de Laval. Les quatre grandes banques françaises : le Crédit lyonnais, la Société générale, le Comptoir d’Escompte et la Banque nationale pour le Commerce et l’Industrie, créaient, en 1942, une prétendue « Association financière pour le Développement de l’Industrie », qui se mettait à la disposition de toutes les grandes entreprises françaises ou allemandes. Donc, les féodaux de l’industrie et de la finance françaises ont livré le pays à l’envahisseur nazi.
- Ils ont porté atteinte à la propriété privée
- Nous avons déjà vu que les trusts tendent à faire disparaître la petite et moyenne propriété. Cette politique s’est accentuée de 1940 à 1944. Dès le 16 août 1940, les Comités d’organisation se sont constitués : ce sont les forteresses des trusts. Sous prétexte de se répartir des matières premières insuffisantes, les Comités procèdent à la « sélection » des entreprises. 80% des industriels ont été écrasés par les 20% que contrôlent les hommes des trusts. Le bilan est clair :
- En 1939, il y avait en France 12300 usines textiles ; il n’y en avait plus que 8000 au 31 décembre 1942.
- En 1939, on comptait 9000 moulins ; 2000 ont été fermés.
- Les trois grands trusts de l’industrie du verre (le trust de Saint-Gobain, le groupe Boussois, le groupe Suchon-Neuvesel) ont mis la main sur 60% de la production.
- Dans le même temps, la mainmise d’une minorité sur la paysannerie s’accentuait (ex. : les vignerons ont été privés du droit de vendre directement : ils ont dû passer par l’intermédiaire des gros négociants). La structure démocratique des Coopératives agricoles, moyen de défense des paysans, a été détruite et le plan de collecte des céréales favorisait le gros négoce parasitaire.
- De plus, les trusts organisaient la « collaboration » avec les nazis dont le premier soin fut de procéder à l’expropriation brutale et massive des paysans dans des régions entières de la France. En Alsace et en Lorraine, les terres dont les propriétaires avaient fui devant l’invasion ont été confisquées comme « non exploitées ». La même mesure a été appliquée dans les Ardennes et dans le nord. Et les réquisitions brutales, les prélèvements, la pénurie de moyens de culture poussaient chaque jour de nouveaux paysans vers la ruine.
- Ils ont établi un régime d’esclavage pour le peuple entier
- Le gouvernement allemand Pétain-Laval, instrument des trusts - Pucheu, par exemple, ministre vychissois de la Production industrielle, puis de l’Intérieur, était secrétaire du Comité des Forges - , a supprimé les libertés populaires qui avaient été conquises par un effort national séculaire. Les syndicats ouvriers ont été dissous ; leurs militants ont été arrêtés, livrés à la Gestapo, torturés, fusillés ou déportés. Tous les moyens traditionnels d’expression par lesquels les ouvriers faisaient connaître leur opinion et leurs revendications ont été supprimés : radio et presse vendues à l’envahisseur, plus de liberté de réunion. Dès lors, rien ne s’opposait à l’oppression la plus complète des ouvriers.
- Les organisations libres de paysans ont été dissoutes elles aussi et les associations de petits commerçants ou d’artisans privées de tous leurs moyens d’expression. A cela s’ajoutait la déportation vers l’Allemagne que les trusts organisaient.
- Tout était donc mis en œuvre pour garantir les monstrueux privilèges des gens des trusts sans patrie - et tout cela au profit d’une infime minorité, dans laquelle se distinguent quelques magnats particulièrement actifs : René DUCHEMIN, de PEYRECAVE, Louis RENAULT, François LEHIDEUX, les de WENDEL, de PEYERIMHOFF, etc...

CONCLUSION

  1. La richesse naturelle de notre pays nous permet d’être sans inquiétude sur l’avenir de la France, même si les nécessités de la reconstruction et de la réorganisation de notre économie exigent des sacrifices passagers. La France peut faire vivre dans l’aisance ses 42 millions d’habitants, elle peut assurer une vie heureuse à une population plus nombreuse.
  2. Jusqu’à présent, l’exploitation rationnelle de ses ressources a été paralysée par les trusts qui n’avaient en vue que le rapport immédiat de leurs capitaux, et qui ont exploité savamment le travail, sans exploiter méthodiquement les richesses naturelles.
  3. L’expropriation des trusts sans patrie est donc nécessaire. Elle est nécessaire d’abord pour le bonheur de la nation, pour que les richesses nationales, mieux exploitées, reviennent à la nation elle-même. Elle est nécessaire pour que le redressement de la France se fasse dans la confiance et la prospérité. Elle est nécessaire, enfin et surtout, pour des raisons de sécurité nationale. Les trusts ont organisé la défaite de la France, ils ont partagé avec l’envahisseur hitlérien les ressources nationales. Ils doivent être détruits pour que le relèvement de la France se fasse dans l’indépendance.

- Dès lors, dans la lutte contre les trusts peuvent s’unir tous les Français. Ce n’est pas un problème de doctrine dont on pourrait discuter, à propos duquel des gens honnêtes pourraient se diviser.
- Robespierre s’écriait en parlant d’un roi qui avait trahi : Il faut que le tyran meure pour que la Patrie vive !
- Concluons à propos des trusts sans patrie : Il faut que les trusts meurent pour que la Patrie vive !

Bibliographie

- K. Marx, Salaires, prix, profits
- F. Engels, Socialisme utopique et socialisme scientifique (2è partie)
- Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme (chapitres 1, 2, 3)
- E. Fajon et A. Marty, Le sabotage des trusts (préface de Jacques Duclos)
- Comité central du PCF, Trusts sans patrie

P.-S.

- Brochure rédigée au mois d’octobre 1944

- Leçon 2 : l’avenir économique et social de la France

- Avant-propos

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0