Ami de l’égalité

Education communiste

leçon 5 : les communistes et la guerre

école élémentaire de la Libération (novembre 1944)

mercredi 29 octobre 2008

INTRODUCTION

- Le problème de la guerre est un des plus importants
- Les agents des trusts ont tout fait pour l’obscurcir. Ils affirment que la diplomatie doit rester secrète et les négociations qui décident en dernier ressort de la vie ou de la mort des nations ne doivent pas être connues des nations elles-mêmes.

- Sauf dans l’Union soviétique, les diplomates ont toujours été recrutés, jusqu’ici, dans des castes fermées qui sont en relations directes et indirectes avec la féodalité financière et industrielle. C’est par ces procédés-là qu’un traître comme Bonnet a pu dissimuler à une partie de la nation la préparation de Munich, la soumission à Hitler et la rupture de l’alliance franco-soviétique.
- En outre, les trusts utilisent leur presse, les partis et les hommes à leur solde pour tromper la nation en dénaturant la signification des évènements qui conduisent à la guerre (exemple : Munich présenté comme une victoire de la paix).
- Les communistes, eux, s’emploient toujours à faire la lumière sur les conditions dans lesquelles se préparent la guerre et la paix.

- On a donné des guerres qui ont si souvent ravagé le monde des explications fausses que répandent ceux qui ont intérêt à cacher la véritable cause des conflits armés.
- Deux de ces explications sont particulièrement fréquentes :

  1. La guerre serait dans le cœur des hommes. Les enfants jouent à « la petite guerre » ; devenus grands ils se battent « pour de bon ». Il n’y a rien à faire contre la guerre, il faut en supporter passivement les conséquences.
  2. La guerre serait le fait de quelques conquérants - Alexandre le Grand a fait la guerre dans l’Antiquité, plus près de nous Napoléon et Hitler. Il y aura toujours des conquérants et des guerres.

- Ces théories fausses engendrent la passivité. Elles doivent être combattues partout où elles se présentent, et quelle que soit la forme qu’elles revêtent.
- La guerre - et c’est une explication sur laquelle nous reviendrons - est en réalité « la continuation de la politique par d’autres moyens ». Cette définition est due au théoricien militaire allemand Clausewitz et elle a été reprise par Lénine. Que signifie-t-elle ?
- Elle signifie que la guerre se prépare dans la paix. La guerre n’est pas un accident ; elle a des causes dans la politique qui était suivie dans la paix. Ainsi la guerre que le fascisme hitlérien a déclenchée dans le monde ne peut être considérée comme une surprise. Elle a été préparée par toute la politique antérieure de la clique hitlérienne au service des trusts allemands. La continuité entre l’état de guerre et la politique suivie dans la paix est telle qu’à l’époque présente les guerres, quelquefois, ne se déclarent plus. Exemple : les puissances fascistes (Allemagne et Italie) ont combattu le peuple espagnol sans être officiellement en guerre contre la République espagnole.
- Les communistes ont le mérite de dénoncer les fausses explications de la guerre et de prouver que la guerre est une continuation de la politique.

- Le parti communiste est né dans la lutte contre la guerre
- Quelques-uns de ses fondateurs comme Vaillant-Couturier et Jacques Duclos, aujourd’hui secrétaire du parti, appartenaient à cette génération d’anciens combattants qui voulaient de toutes leurs forces lutter pour un régime dans lequel les causes de guerre auraient disparu. Cela est exact.
- Mais cela ne signifie nullement que les communistes sont contre toutes les guerres. Ils estiment qu’il y a deux genres de guerres :

  1. des guerres justes, qui ne poursuivent pas une annexion, mais par lesquelles, au contraire, un peuple se défend contre une agression du dehors et contre les tentatives de l’asservir, ou par lesquelles un peuple lutte pour conquérir ou reconquérir son indépendance nationale.
  2. des guerres injustes, annexionnistes, qui visent à conquérir et à asservir les autres pays, les autres peuples.

- Dès lors, la position des communistes est déterminée par le caractère de la guerre. Ils soutiennent de toutes leurs forces les guerres justes, et quand une guerre est injuste, les communistes estiment qu’on doit mener contre elle une lutte résolue et renverser par tous les moyens le gouvernement qui porte la responsabilité de cette guerre et du gouvernement qui l’a engendrée.
- Il peut très bien arriver qu’une guerre en se déroulant change de caractère et que d’injuste elle devienne juste, ou qu’au contraire, de juste elle devienne injuste. Dès lors, les communistes changent d’attitude au cours de la guerre, la soutenant quand elle est juste, luttant contre elle quand elle devient injuste.
- Un exemple célèbre de cette évolution nous est fourni par la guerre de 1870-71 et l’attitude que prirent à son égard Karl Marx et Frédéric Engels, les fondateurs de la doctrine et de la politique communistes. A l’origine la guerre de 1870 entre la Prusse et la France est une guerre injuste du côté français parce que provoquée par Napoléon 3 uniquement pour consolider son régime. Karl Marx et F. Engels recommandent au peuple allemand de soutenir le mouvement national en Allemagne, en tant qu’il se borne à la défense de l’unité et de l’indépendance du pays. Mais voici que Napoléon 3 est vaincu. La République est proclamée en France. Bismarck avait promis d’arrêter les hostilités quand serait abattu Napoléon 3 qu’il considérait comme un obstacle à l’unité allemande. Napoléon 3 est abattu, le peuple de Paris proclame la République et Bismarck continue la guerre contre la France républicaine et pour l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine, terres françaises. Dès lors, la guerre devient juste du côté français. Marx et Engels demandent au peuple allemand de se désolidariser d’avec ses gouvernants et d’imposer la signature d’une paix sans annexion. L’exemple est clair par lui-même. Il est inutile de le commenter.
- Ainsi les communistes ont le souci de distinguer les guerres justes et les guerres injustes, et de déterminer leur position par le caractère de la guerre devant laquelle ils sont placés.

LA GUERRE IMPÉRIALISTE

- Il est à notre époque des guerres qui sont nées du régime économique qui caractérise notre temps et qu’on appelle l’impérialisme. Nous allons donc étudier successivement l’impérialisme et les raisons pour lesquelles l’impérialisme engendre la guerre.

- Définition de l’impérialisme
- Rappelons d’abord que l’ouvrage doctrinal essentiel reste sur ces problèmes le livre que Lénine écrivit en 1 916 et qu’il intitula l’impérialisme, stade suprême du capitalisme.
- Dans le cours numéro 1, il nous a été montré comment les trusts sont nés au sein du régime capitaliste et comment s’est développé le capital financier. Lorsque ces phénomènes prennent une importance essentielle aux environs de 1900 dans les pays les plus évolués, ils ouvrent une nouvelle phase dans l’évolution du capitalisme : la phase impérialiste.
- L’impérialisme est défini par cinq caractères essentiels :

- Les monopoles
- Avant l’impérialisme, il y avait libre concurrence entre industriels, commerçants ou banquiers. Cette concurrence est une lutte. Dans cette lutte les plus forts l’emportent. Ils détruisent les producteurs, petits ou faibles, et accroissent sans cesse l’importance de leurs entreprises. Certaines de ces entreprises, souvent après l’entente des concurrents les plus puissants, en arrivent à contrôler toute une branche de l’économie : elles sont devenues des monopoles, c’est-à-dire que dans leur branche de production elles sont les maitresses de la fabrication et du marché. Quand le monopole est le résultat d’une entente sur le terrain commercial, il constitue un cartel.
- Les cartels s’entendent sur les conditions de vente, les échéances, etc... Ils se répartissent les débouchés. Ils fixent la quantité des produits à fabriquer, ainsi que les prix. Ils partagent les bénéfices entre les diverses entreprises etc... (Lénine). Ainsi, avant 1914, une entente nationale pour les rails englobait toutes les grandes entreprises, qui produisaient la presque totalité des rails (Longwy, Denain-Antin, Aciéries de la Marine-Homécourt, Micheville, Trignac, Creusot, de Wendel). Ainsi la flotte marchande s’était concentrée entre les mains de trois puissantes compagnies : la Transatlantique, les Messageries maritimes et les Chargeurs réunis, qui contrôlaient 1200000 tonneaux sur 2500000 naviguant en 1914. Le terme trust, dans son sens exact, désigne le monopole sous sa forme la plus achevée (non plus entente entre les entreprises, mais réalisation d’une entreprise unique par la fusion des capitaux). (Voir leçon numéro 1, pour la domination des trusts sur l’économie nationale.)

- Le capital financier
- Voici comment Lénine a défini l’évolution des banques à l’époque impérialiste :
- Les banques ont pour fonction première, fondamentale, de servir d’intermédiaire dans les paiements. Ce faisant, elles transforment le capital inactif en capital actif, c’est-à-dire générateur de bénéfices, et, réunissant toutes espèces de revenus, les mettent à la disposition de la classe des capitalistes.
- Au fur et à mesure que se développent les opérations bancaires et qu’elles se concentrent dans un petit nombre d’établissements, les banques se transforment et, d’intermédiaires modestes, deviennent de tout-puissants monopoles disposant de presque tous les fonds de la totalité des capitalistes et des petits propriétaires, ainsi que de la plupart des moyens de production et des sources de matières premières d’un pays donné ou de plusieurs pays...

- Ces banques s’unissent de plus en plus étroitement aux entreprises géantes de l’industrie et du commerce. Les directeurs de banque entrent dans les conseils d’administration des firmes industrielles et réciproquement les grands industriels ont pris place dans les conseils d’administration des banques. Cette interpénétration du capital industriel et du capital bancaire donne naissance au capital financier. Exemple :
- Les administrateurs de la Société générale (une des plus grandes banques françaises) étaient parvenus dans le premier quart du 20è siècle à diriger en même temps les entreprises métallurgiques de Commentry, Homécourt, Fourchambault, les usines franco-russes, les mines d’Aniche, la compagnie de Saint-Gobain, les phosphates de Gafsa, la compagnie du PLM, une ligne de métro, la Compagnie générale d’Electricité, les Messageries maritimes, etc...
- Ainsi la domination du capital financier se substitue à la domination du capital en général. - Lénine

- L’exportation des capitaux
- Grâce à la concentration des banques, grâce aux profits supplémentaires réalisés du fait de la suppression, même momentanée, de la concurrence, l’oligarchie financière disposait de sommes considérables. Ces sommes considérables ne sont pas utilisées à élever le niveau de vie des masses mais elles sont exportées sur des pays moins évolués qui ont besoin de voies ferrées et d’usines. De par la fusion du capital bancaire et industriel l’opération sera avantageuse. La Société générale prêtera X millions à la Roumanie qui veut acheter du matériel lourd. Ce matériel lourd sera vendu par les usines d’Homécourt qui sont contrôlées par cette même Société générale. Double avantage : intérêt des sommes prêtées à la Roumanie et bénéfice réalisé sur le matériel lourd et en fait, l’argent n’a pas quitté la Société générale ! La France avait prêté à la Russie des Tsars de 10 à 12 milliards - les banques françaises étaient arrivées à contrôler près de la moitié du capital des banques russes, une grande partie de l’industrie lourde russe, notamment le bassin du Donetz. Ce sont les mêmes banques, qui, après la Révolution russe de 1917, ont pris la tête de la lutte antisoviétique. C’est contre elles et leurs intérêts sordides que nos marins de la Mer noire, avec à leur tête André Marty, ont défendu les vrais intérêts de la France.
- Le fait que dans les pays arriérés les matières premières sont abondantes parce que peu exploitées, le fait que la main-d’euvre est à bon marché, augmentent le profit du capital et sont par suite un facteur d’exportation accrue des capitaux.

- Le partage économique du monde entre les oligarchies financières
- (On désigne par oligarchie financière l’ensemble des maitres des grands monopoles et des grandes banques qui exercent leur domination sur un pays : par exemple, les deux cent familles en France.)
- L’oligarchie financière, dans chaque pays, a commencé par accaparer le marché intérieur. Elle s’est assuré le contrôle de la production du pays donné. Les oligarchies financières sont ensuite sorties des limites nationales et ont entrepris de se partager le monde. C’est ainsi que quelques trusts avaient pu se partager la production pétrolière du monde. Un autre exemple, donné par Lénine, est très caractéristique. En 1903, il existait trois puissantes sociétés de navigation, deux allemandes et une américaine. Elles passèrent entre elles un accord répartissant entre elles les lignes et les ports.
- Notons que ce partage du monde entre les oligarchies financières engendre la misère et la guerre. En effet :

  1. Les oligarchies financières s’entendent pour que les prix de vente restent élevés et que les salaires ne soient point augmentés.
  2. Leur accord vaut pour une période donnée. Dès que, par suite d’un progrès technique, d’une découverte d’un gisement minier, etc... une des oligarchie participantes a accru sa puissance, elle déchire le contrat et c’est souvent la guerre entre les puissances asservies à leurs oligarchies respectives.

- L’achèvement du partage territorial du globe entre les grandes puissances capitalistes
- L’accroissement des conquêtes coloniales est nettement lié au développement des monopoles. Pour maintenir et accroitre leur puissance, les oligarchies économiques veulent s’assurer par la possession des colonies des réserves de matières premières, des débouchés pour les objets manufacturés et les capitaux. (A noter par exemple le rôle important de la banque de Paris et des Pays-bas dans la conquête et la mise en valeur du Maroc.)
- Au début du 20è siècle, le globe entier était partagé entre quelques grandes puissances capitalistes.
- Tel était le stade auquel était parvenu le capitalisme. C’était un stade générateur de guerres dites impérialistes.
- En effet, le capitalisme à l’époque de l’impérialisme se développe d’une façon extrêmement inégale et par bonds ; tels pays qui autrefois occupaient la première place, développent leur industrie avec assez de lenteur ; d’autres, qui étaient autrefois arriérés, les rattrapent et les dépassent par bonds rapides. Le rapport des forces économiques et militaires des états impérialistes se modifie. Une tendance se manifeste en faveur d’un nouveau partage du monde. C’est la lutte pour ce nouveau partage du monde qui rend inévitable la guerre impérialiste. - Histoire du Parti communiste de l’URSS, page 151
- C’est un point sur lequel Lénine insiste :
- Pour la première fois, le monde s’est trouvé partagé, si bien qu’à l’avenir, les territoires ne pourront être que partagés à nouveau, c’est-à-dire passer d’un « possesseur » à un autre, et non de l’état d’abandon où ils étaient à un maitre.
- C’est ainsi que la guerre de 1914-1918 fut une guerre pour partager à nouveau le monde et redistribuer les zones d’influence. C’est le type de la guerre injuste pour tous les peuples. Quelques exemples empruntés à l’Histoire du Parti communiste de l’URSS le montreront de façon pertinente :

  1. L’Allemagne dont la poussée économique était rapide et récente voulait enlever leurs colonies à l’Angleterre et à la France, l’Ukraine, la Pologne et les provinces baltiques à la Russie. Elle voulait s’assurer la liberté d’action dans le proche Orient où elle construisait des chemins de fer.
  2. La Russie tsariste visait à démembrer la Turquie (conquête des Dardanelles et de Constantinople). Elle entendait aussi annexer une partie de l’Autriche-Hongrie.
  3. L’Angleterre voulait abattre l’Allemagne dont les marchandises évinçaient de plus en plus les siennes propres du marché mondial. Elle visait aussi la Mésopotamie, la Palestine.
  4. La France voulait conquérir la Sarre (charbon) et reprendre l’Alsace-Lorraine (minerai de fer). Par ailleurs, les financiers français liés à la Russie par les emprunts soutenaient les convoitises de la Russie tsariste.

- Il est bien évident que lorsque nous écrivons « l’Allemagne, la Russie, l’Angleterre, la France », nous ne désignons point les peuples qui constituent ces pays, mais les oligarchies financières qui les dominaient.
- Il est bien évident aussi que le caractère impérialiste de cette guerre ne ternit en rien le courage désintéressé des soldats du Chemin-des-Dames et de Verdun, qui, eux, ne combattaient que pour le sol de France. C’est pour cette raison que les communistes français peuvent et doivent s’incliner devant le Soldat inconnu - et qu’ils ne doivent pas laisser les hommes des oligarchies financières exploiter ce souvenir.
- Mais cette guerre était une guerre pour un nouveau partage du monde, une guerre injuste pour tous les peuples. C’est dans la lutte contre elle que la plupart des partis communistes nationaux sont nés et ont grandi.
- Les communistes français ne renient point cette origine. Bien au contraire, car les raisons mêmes qui leur ont fait considérer la guerre de 1914-1918 comme une guerre injuste, les conduisent à qualifier de guerre juste la guerre actuelle à laquelle le peuple doit prendre dès lors une part décisive.

LA GUERRE ACTUELLE

- Vers la guerre
- Plus que jamais la phrase de Clausewitz se vérifie : la guerre est la continuation de la politique. Les particularités de la guerre actuelle sont éclairées par les évènements qui l’ont précédée. Deux séries d’évènements sont particulièrement importants.

  1. Nous avons insisté sur les oligarchies financières et sur leur rôle néfaste. Or, il est un pays sans trusts : c’est l’Union soviétique. Il est naturel que dans chaque pays les hommes des oligarchies financières poussent à la guerre contre l’URSS. Ils ont, jusqu’en 1921, financé les interventions directes contre l’URSS. Depuis 1921, ils n’ont pas cessé de multiplier les intrigues antisoviétiques.
  2. En 1933, le fascisme hitlérien arrive au pouvoir. Il est le régime des trusts d’outre-Rhin (voir cours numéro 3) les plus réactionnaires et les plus impérialistes. Sa politique tend à l’extermination ou à la mise en servage de toutes les nations. Notre pays, la France, est particulièrement visé par lui :

- Donc, désormais, le devoir de tout Français était clair : lutter contre Hitler, préparer et réaliser les alliances qui garantiront la sécurité française, c’est-à-dire avant tout l’alliance de l’URSS. Mais ce n’était pas l’avis des trusts français. Les hommes des trusts en France soutenaient Hitler malgré sa volonté d’asservir notre pays, parce qu’il se donnait pour le gendarme de la réaction internationale. Dès lors, non seulement les hommes des trusts ont tout fait pour empêcher le rassemblement national pour la défense du pays, mais ils ont encore saboté la préparation militaire et diplomatique de la sécurité ou de la victoire françaises. Ainsi s’explique la politique de trahison qui a consisté notamment à livrer aux Hitlériens, avec l’Espagne, la frontière française des Pyrénées, puis à signer l’accord monstrueux de Munich (septembre 1938).
- Plus près de la date même de la guerre, deux faits doivent particulièrement être retenus :
- Avril 1939
- Le gouvernement soviétique engage avec Londres et Paris des négociations qui auraient dû aboutir en quelques jours à la signature d’un pacte tripartite. Mais les gouvernements de la France et de l’Angleterre soutiennent la Pologne qui s’oppose au passage des armées soviétiques sur son territoire, même en cas d’agression allemande. Position contraire à l’intérêt de la France, car tout le monde sait qu’en raison de l’état arriéré de son économie et de son armée, en raison de la pénétration hitlérienne dans tous ses rouages, la Pologne ne peut résister à l’Allemagne hitlérienne par ses seuls moyens. Quels sont les sentiments qui inspirent Georges Bonnet et autres agents des trusts ? L’antisoviétisme, et non l’intérêt de la France.

- Août 1939
- Au début du mois, le gouvernement soviétique fait une tentative suprême de conciliation. Il propose la réunion immédiate d’une commission militaire tripartite. La mission militaire franco-anglaise reconnaît le bien-fondé des demandes soviétiques, mais elle a l’ordre de refuser tout accord. C’est la rupture imposée contre l’intérêt de la France désormais isolée par les tendances antisoviétiques de ses gouvernants inspirés par les trusts.
- N’oublions jamais ces évènements qui donnent son véritable caractère à la guerre de 1939-40.

- La guerre
- On peut y distinguer quatre périodes :

  1. août 1939 à mai 1940 ; la « drôle de guerre » ;
  2. la défaite et les propositions communistes, mai-juin 1940 ;
  3. de l’armistice à la libération ;
  4. la période actuelle.

- La guerre de 1939-40
- Rappelons d’abord que le pacte germano-soviétique du 23 août a été signé par le gouvernement soviétique pour faire échec à la coalition contre l’URSS que Chamberlain et Bonnet étaient tout disposés à réaliser de concert avec Hitler. Le pacte germano-soviétique, ainsi que l’a proclamé, le 12 mars 1943, le grand journal conservateur anglais le « Times », fut la conséquence directe de la politique munichoise et antisoviétique de Chamberlain, Bonnet et compagnie.
- La politique des gouvernements français pendant la « drôle de guerre » fut claire. Elle est définie par deux traits essentiels :
- Ne faire à aucun prix à Hitler la guerre qu’on lui a déclarée.

  • Guerre au peuple français, désorientation et division de la nation par la mise hors la loi du parti communiste. Le 1er juillet 1 939, Bonnet avait promis à l’ambassadeur d’Allemagne que le gouvernement français allait prochainement supprimer les élections, interdire les réunions publiques, et, textuellement, mettre à la raison les communistes (livre jaune, pièce 149), par l’arrestation des militants des syndicats, par la dissolution d’un grand nombre de municipalités, etc...
  • Sabotage de la production de guerre (pendant l’hiver, on faisait fabriquer dans les usines d’automobiles 30000 voitures de tourisme au lieu de chars - au lieu d’acheter en masse avions et chars aux Etats-unis on n’y acquérait que des machines-outils bonnes à influencer le rapport des forces entre la France et l’Allemagne deux ans plus tard).
  • Inertie, absence totale d’initiatives militaires.
  • Champ libre à la cinquième colonne (De Brinon, Doriot, Laval, Paul Faure, etc...)

- Pousser les hostilités contre l’Union soviétique afin de plaire à Hitler
- et de s’assurer ainsi son appui contre le peuple de France. Politique qui ne pouvait avoir comme conséquence, en cas de réussite, que d’attacher pour toujours la France en posture de captive au char de guerre du Führer.

  • Provocation inouïe montée en Syrie avec des centaines de milliers d’hommes qui devaient manquer dans la bataille de France ;
  • visées scélérates sur le Caucase et Bakou en vue desquelles le gouvernement qui menait la guerre à l’ouest comme une idylle, concentra l’essentiel de ses moyens dans le proche Orient ;
  • soutien aux réactionnaires finlandais, envois criminels de matériel de guerre en Finlande, et cela au détriment du front français ;
  • projets d’intervention antisoviétique à travers les pays scandinaves et dans l’Océan arctique, projets annoncés au Comité secret du 10 février 1940.

- L’attitude des communistes français est une attitude nationale et clairvoyante.

  • Ils dénoncent les trusts traitres et leurs complices du gouvernement ;
  • ils démontrent que le gouvernement, qui a fait la guerre au peuple et non à Hitler, qui traite comme ennemi principal l’URSS et non l’Allemagne fasciste, est incapable d’assurer le salut du pays ;
  • ils réclament la formation d’un gouvernement national capable d’assurer l’union de la nation française ;
  • ils combattent la cinquième colonne et demandent énergiquement qu’on s’en prenne à elle et non aux patriotes ;
  • ils se prononcent pour l’entente avec l’Union soviétique, condition de salut pour la France.

- La défaite et les propositions communistes (mai-juin 1940)
- 10 mai 1940 : Hitler rompt la « drôle de guerre » quand il voit la trahison installée partout ; la France - volontairement isolée - est submergée ; l’armée, par petits détachements, fait ce qu’elle peut, mais l’état-major général sabote, désorganise la défense.
- Le gouvernement, dès le 12 juin, décide de livrer Paris sans combat et fait donner l’ordre de retraite générale afin de maintenir l’armée intacte pour maintenir l’ordre.
- L’ennemi n’est pas l’Allemagne fasciste, mais le peuple de France dont on a peur. On redoute qu’il se redresse, tienne tête à l’ennemi et, par voie de conséquences, prenne en mains ses propres affaires.
- Le matériel qui manque à l’armée sera livré intact à l’ennemi : avions, tanks, etc... ainsi que l’a établi le procès de Riom.
- En même temps sont liquidées les dernières institutions républicaines et la peine de mort frappe les communistes.
- Les communistes sont l’âme de la résistance dans l’armée. Nombre de leurs militants trouvent la mort dans cet effort suprême.
- Le Comité central du parti, alors que la peine de mort est suspendue sur la tête de tous ses membres, adresse au gouvernement une déclaration dont la prise en considération aurait changé le cours de la guerre (6 juin 1940).

  • Le parti communiste considèrerait comme une trahison d’abandonner Paris aux envahisseurs fascistes. Il considère comme le premier devoir national d’organiser sa défense. Pour cela, il faut :
  1. Transformer le caractère de la guerre, en faire une guerre nationale pour l’indépendance et la liberté.
  2. Libérer les députés et les militants communistes, ainsi que les dizaines de milliers d’ouvriers, emprisonnés ou internés.
  3. Arrêter immédiatement les agents de l’ennemi qui grouillent dans les Chambres, dans les ministères et jusqu’à l’état-major et leur appliquer un châtiment exemplaire.
  4. Ces premières mesures créeraient l’enthousiasme populaire et permettraient une levée en masse qu’il faut décréter sans délai.
  5. Il faudrait armer le peuple et faire de Paris une citadelle inexpugnable.

- Alors que les Pouvoirs publics étaient réfugiés à Bordeaux, une délégation du Parti communiste français essaya de toucher les groupes parlementaires pour demander la levée en masse des Français contre l’envahisseur. La police de Marquet fit arrêter les membres de cette délégation.
- On fit exactement le contraire de ce que préconisait le parti communiste. Les ouvriers, les patriotes furent arrêtés en plus grand nombre encore. On inventa la menace d’une « insurrection communiste ». On vida Paris de tous ceux qui auraient pu le mieux le défendre : les ouvriers. Le traitre Dentz fut nommé gouverneur de Paris et livra la capitale en la déclarant ville ouverte et en y « assurant l’ordre » au bénéfice de l’ennemi fasciste allemand.
- Tels sont les faits qui montrent qu’aux heures les plus difficiles, le parti communiste français s’est toujours montré le parti de la clairvoyance patriotique et du courage civique.

- De l’armistice à la libération
- Depuis l’armistice, il est hors de doute que la guerre est une guerre juste, une guerre de libération nationale. Le parti communiste français s’est placé résolument à la pointe du combat.
- Dès juillet 1940, Maurice Thorez et Jacques Duclos lançaient un appel à la résistance :

  • La France, encore toute sanglante, veut vivre libre et indépendante. Jamais un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves. La France ne deviendra pas une sorte de pays colonisé ; la France, au passé si glorieux, ne s’agenouillera pas devant une équipe de valets prêts à toutes les besognes. C’est dans le peuple que résident les grands espoirs de libération nationale et sociale. Et c’est autour de la classe ouvrière ardente et généreuse, pleine de confiance et de courage, que peut se constituer le front de la liberté, de l’indépendance et de la renaissance de la France.

- Le rôle du parti communiste français dans la résistance a été considérable. Les communistes jouent un rôle énorme dans la Résistance. Ils s’opposent à l’ennemi avec un dynamisme auquel il me plaît de rendre hommage (Déclaration du général De Gaulle). L’Humanité clandestine, les tracts et les journaux illégaux du parti n’ont pas cessé une seule semaine d’apporter à la nation les mots d’ordre concrets de lutte contre l’occupant hitlérien.
- L’ennemi ne s’y trompa pas : de juillet à octobre 1940, il arrête plus de trois cent militants en vue (Charles Michels, Timbaut, Grandel, etc...) qui seront fusillés un an plus tard à Châteaubriant. Ces militants avaient travaillé à l’organisation des comités populaires d’entreprises, à la reconstitution des syndicats qui redonnent confiance au peuple.
- Le sabotage commence dans les entreprises et les transports. Des mouvements revendicatifs se produisent qui, entre autres, déclenchent la grève de 50000 mineurs du Pas-de-Calais (50 fusillés ; 2000 déportés).
- Dès que l’action de la Résistance est suffisamment large, le 25 mai 1941, le parti communiste français lance un appel à la constitution du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France.
- Et, à l’appel du FN, les communistes sont les premiers à constituer les FTPF qui ont ouvert la voie aux FFI.
- Le parti communiste fixe la condition de la libération nationale : l’insurrection nationale.
- Il la prépare avec persévérance et héroïsme par des actions revendicatives et par l’action armée, par une campagne systématique dans tous les domaines et par la création des organes qui vont diriger l’insurrection (les CLL, les CDL, le CPL) enfin en posant et en faisant adopter au CNR les mesures politiques, militaires et d’organisation qui vont assurer le succès de l’insurrection nationale.
- Grâce au parti communiste français, les attentistes qui étalent la même peur du peuple que l’équipe munichoise de 36-40 sont paralysés et leur ultime effort est brisé.

- La période actuelle
- La guerre n’est point terminée. Les communistes entendent consacrer leurs efforts à la poursuite de cette guerre. Le premier objectif reste la création d’une grande armée française par l’intégration des unités FFI.
- Cette armée a deux tâches immédiates :

- Liquider les ilots hitlériens en France
- Sans parler des départements de l’est qui sont encore occupés et de la frontière italienne où l’armée hitlérienne tient la plupart des fortifications françaises (Haute-Maurienne et région de Barcelonnette), il y a en France des ilots de résistance allemande. Un premier groupe se trouve à Dunkerque, les plus importants partent de Lorient et de la presqu’ile de Quiberon, y compris Saint-Nazaire (au nord et au sud de la Loire), La Rochelle, La Pallice, les iles de l’Atlantique, enfin Royan, Le Verdon et la pointe de Grave.
- Ces bases sont fortifiées ; effectifs nombreux, matériel puissant, liaison le long de la côte par des sous-marins et renforcement continu en hommes et en matériel.
- Ces ilots forment des relais. Relais par des pays dits neutres (Espagne, Argentine) et certaines colonies où fonctionnent des services nazis. Relais avec les hordes armées qui forment la cinquième colonne, menace permanente sur le pays.
- En face, nos FFI sont mal armés, sans artillerie, sans chars, sans équipements. Il faut les doter du matériel indispensable, car le devoir immédiat de la France en guerre, c’est la liquidation rapide des foyers de pestilence nazie qui subsistent sur le sol national.

- Participer à la destruction des forces nazies sur le territoire du Reich
- arracher les racines du fascisme allemand - Eisenhower
- C’est une tâche urgente pour hâter la fin de la guerre et dans l’intérêt de la sécurité et du prestige de la France. L’occupation de l’Allemagne par une armée française est une condition indispensable pour que la France joue son rôle dans l’organisation de la Paix et reprenne son rang de grande nation.
- Donc, les communistes français fidèles à leur idéal d’une France forte, libre, démocratique et indépendante, ont lutté et luttent encore au premier rang dans cette guerre juste de libération nationale pour l’indépendance du pays. C’est pour cette cause que sont tombés par dizaines de milliers les communistes français.

L’ARMÉE

- A cette guerre juste, mais d’un type nouveau, il faut une armée d’un type nouveau. Elle doit réaliser les conditions suivantes :

- Dans une guerre de libération nationale, il faut une armée nationale
- unique, sans clans, sans insignes particuliers autres que ceux de la nation, où le moral sera toujours inattaquable si l’armée ne fait qu’un avec la nation. Il faut établir une liaison étroite entre le peuple et l’armée. Les officiers et soldats doivent pouvoir prendre une part active à la vie politique, lire la presse patriotique, assister aux réunions. Tous les droits politiques doivent être accordés aux officiers et aux soldats. Il faut réviser la conception d’une armée « muette ». Les soldats américains, canadiens, sud-africains votent, les soldats britanniques discutent librement chaque mois en assemblée générale de campagne, les soldats soviétiques ont tous les droits des citoyens. Est-ce que leur discipline en est diminuée ? Est-ce que leur capacité de combat en est réduite ? Non, bien au contraire.
- Afin de maintenir cette armée hautement consciente de son rôle et indissolublement liée aux masses, il importe donc qu’elle soit l’objet de la plus grande sollicitude des masses populaires et plus particulièrement des CDL et CLL, des municipalités, syndicats, CDAP et coopératives paysannes, UFF, FUJP, etc... etc...
- Et c’est un des rôles des commissions militaires du FN de pousser à ce parrainage de masse.

- Cette armée nationale peut et doit être réalisée par l’amalgame des FFI, des FFL qui se sont rassemblées en Angleterre et en AOF (1940-43), et de l’armée constituée en Afrique (42-44).
- Ces deux dernières forces militaires sont dotées d’un armement moderne ; elles ont fait leurs preuves. Les FFI ont fait leurs preuves aussi ; elles sont riches d’une grande expérience : la tactique de la guérilla. Au contact de l’armée d’Afrique ils apprendront ce qu’ils peuvent ignorer encore du métier des armes. L’armée d’Afrique, que les circonstances ont coupée de la grande lutte patriotique sur le sol national, gagnera au contact des hommes de l’armée sans uniforme qui, malgré la répression et sans armes, a été l’élément essentiel de la libération de la France et a fait preuve d’un patriotisme à toute épreuve.
- Cet amalgame ne sera pas chose nouvelle en France : il reprendra la tradition de la Révolution de 1789. Il importe, en le réalisant, de tenir compte des expériences historiques. Mais les FFI doivent conserver leurs cadres, ces cadres qui ont été formés et ont acquis leur prestige dans le combat. Il ne saurait y avoir conflit entre les officiers de carrière patriotes et les patriotes devenus officiers dans le feu du combat. Ces deux groupes d’officiers gagneront à se connaitre. Seuls, des officiers gagnés par l’esprit de capitulation, n’ayant pas pris part à la résistance pourraient s’élever contre cette reconnaissance salutaire des grades conquis dans la lutte.
- Donc, armée de masse, animée d’un haut esprit patriotique, munie d’un matériel moderne dirigé par une stratégie et des règlements de combat dignes de l’esprit magnifique de notre peuple durant ces quatre ans.
- Donc, ni masse d’hommes sans matériel et commandée par des esprits routiniers, ni armée de métier toujours animée par l’hostilité ou au moins la méfiance à l’égard du peuple et des institutions républicaines.
- Cela exige d’aller dans le sens opposé de deux conceptions qui n’ont pas disparu des états-majors. Selon la première (et c’était celle de Pétain avant même sa trahison), l’armée n’a pas besoin d’être richement dotée en matériel mécanisé moderne (chars, avions, etc...). Il suffit de disposer d’une masse d’hommes figés, immobiles derrière des fortifications. C’était autrefois, face à nos volontaires de l’an 2, la doctrine militaire prussienne. Nos volontaires ont triomphé en faisant leur le mot d’ordre de Carnot : soyez toujours attaquants. Cet esprit doit inspirer aujourd’hui encore notre armée nationale. D’autre part, selon une deuxième conception, la nation n’a besoin que d’une armée de métier dotée de la technique nécessaire.
- Or, l’armée de métier n’est pas l’armée des temps modernes, elle est toujours plus ou moins coupée de la nation. La guerre actuelle a montré qu’il n’y a pas d’armée puissante si l’on ne conjugue pas ces deux facteurs de victoire ; la masse humaine et la technique.
- L’armée rouge, par exemple, dispose d’une technique moderne à laquelle tous rendent hommage. Mais ce n’est pas une armée de métier ; elle est préparée par dizaines de millions dans les usines, les kolkhozes, les universités et les écoles ; elle rassemble des millions de soldats ; elle est l’émanation du peuple entier. Il faut ajouter que par ses capacités professionnelles, la classe ouvrière doit jouer un rôle de premier plan dans l’organisation d’une armée nationale moderne. Une armée nationale moderne a besoin de mécaniciens, de conducteurs d’automobiles, d’ouvriers spécialisés, de soldats capables de réparer en plein combat des « mécaniques » quelquefois délicates. C’est la classe ouvrière française qui la fournira en hommes de cette trempe qui sont à la fois des techniciens et des patriotes.

- Cette armée nouvelle ne remplira sa tâche que si elle est liée au peuple
- En dernier lieu - dit le maréchal Staline - c’est l’homme qui décide. Le manuel du gradé de l’infanterie (1936-38) dit : Ce qui décide toujours en dernier lieu, c’est le moral de la troupe.
- La base essentielle d’une armée forte, c’est le moral. C’est vrai pour l’armée comme pour l’industrie. Les hommes doivent savoir pourquoi ils se battent, quel idéal ils défendent. Par des causeries, par la presse, il importe de rappeler aux soldats que cette guerre est juste, que désormais ils ne combattent plus pour la défense d’intérêts particuliers, mais pour la sauvegarde commune de la France et de la liberté. Dans toute la mesure compatible avec le secret des opérations militaires, les soldats doivent être tenus au courant du déroulement de la guerre.

- Une armée moderne doit être soutenue par une production industrielle massive
- Le problème de la remise en état de nos usines est donc lié à celui de la guerre. C’est un problème national. Les traitres sont ceux qui sabotent la production de guerre, ceux qui, malgré l’avis des techniciens et des ouvriers, déclarent que la SAGEM de Montluçon ne peut fabriquer de mortiers avant deux ou trois ans, ceux qui écrivent à la Manufacture nationale d’Armes de Saint-Etienne qu’il ne faut pas forcer sur la fabrication de l’excellent fusil modèle 1936.
- Devant le développement du sabotage des fabrications de guerre comme devant la reprise économique en général, il appartient aux ouvriers, techniciens, ingénieurs, d’accélérer ces fabrications indispensables à la libération du territoire et à l’indépendance nationale.

- La position des communistes dans l’armée
- Elle est donc claire : être le meilleur soldat dans la connaissance des armes et des méthodes de combat ; être le meilleur camarade, l’animateur de son unité, le défenseur de son moral ; être celui qui entraine son groupe, sa section, sa compagnie, etc..., à développer sans cesse la qualification militaire de l’unité à laquelle il appartient.
- Le communiste à l’armée est aussi l’homme de l’unité, qui préconise la suppression de tout insigne de parti, de clan ou de secte afin de maintenir l’unité réelle de toutes les formations militaires, sous le seul drapeau tricolore sans insigne ni addition d’aucune espèce.
- Et qui, naturellement, combat toute formation de clan, de groupe ou de parti au sein de l’armée.
- Sous-officier ou officier il travaille à l’unité de tous les cadres venus de différentes formations (FFI, FFL ou armée d’Afrique), chacun d’eux apportant un élément positif à l’Armée nouvelle.
- Dans la production, les communistes sont également les meilleurs animateurs, les meilleurs entraineurs et s’efforcent de montrer à leurs camarades, ouvriers, techniciens, ingénieurs, la nécessité absolue du renforcement rapide de l’équipement de nos forces armées.
- Ainsi, les communistes continuent la grande ligne de notre parti durant les quatre années terribles de l’occupation allemande et apparaissent comme les meilleurs patriotes de l’heure continuant ainsi dans une autre période la grande tradition de 1792-1793 où les mots patriote et révolutionnaire étaient synonymes.
- Ce n’est pas par hasard que la grande Union soviétique dont le gouvernement est entièrement communiste a suscité un patriotisme ardent qui a donné à la cause de la patrie et en même temps de l’indépendance des peuples des millions de héros au front et dans l’armée : c’est la reconnaissance d’un fait historique : le parti des Bolchéviks, le Parti communiste de l’URSS a créé un patriotisme collectif qui a engendré la force irrésistible d’où est surgie la victoire.
- A noter que cette position des communistes est la conséquence logique de leur doctrine et de leur position de toujours.
- Les communistes, en effet, n’ont jamais été des pacifistes, conception réactionnaire qui fut exprimée si bien par l’instituteur Delmas, devenu le serviteur de Pétain-trahison (« plutôt la servitude que la mort », disait-il en 1938, applaudi par les Brinon et les Déat, par les Paul Faure, les Dumoulin).
- Les communistes, dès la formation du parti, voici vingt-quatre ans, se sont posés en défenseurs de la paix en indiquant les moyens de la conserver. S’ils avaient été écoutés, si le Front populaire n’avait pas été brisé et si la sécurité collective avait été réalisée, les impérialistes fascistes allemands et italiens eussent été acculés à la défaite en cas d’agression de leur part.
- Mais dès la formation du PCF, les communistes ont repris le grand enseignement de Lénine et de Staline, développement du marxisme : une classe qui n’apprend pas l’usage des armes et ignore les questions militaires est condamnée à rester éternellement esclave.
- Ainsi, pas de rupture dans la position générale de notre parti. Et le plus grand mérite de notre JC est d’avoir depuis vingt-quatre ans été la plus grande école de courage et d’abnégation en face des lâchetés qui ont sans cesse été prêchées au peuple français par tous ceux qui, de Maurras et Pétain à Paul Faure et Dumoulin, sous couvert de pacifisme, désarmaient le peuple pour le livrer à ses pires ennemis du dedans et du dehors.

CONCLUSION

- Deux problèmes doivent être posés : un problème d’avenir et un problème immédiat.
- Le problème d’avenir : les communistes luttent pour un régime dans lequel les possibilités de guerre auront disparu. La société socialiste en supprimant les contradictions du régime capitaliste (voir cours numéro 2) fera disparaître les causes de guerre. Mais cet idéal ne sera réalisé qu’avec l’instauration du socialisme dans le monde entier ou dans la plupart des pays du monde. En effet, quand une nation construit le socialisme et qu’elle est entourée de pays dans lesquels les trusts dominent, elle doit toujours se préparer à défendre les armes à la main son indépendance nationale, base de toutes ses conquêtes sociales. L’histoire de l’Union soviétique le démontre clairement. Elle répond par la victoire de ses armées populaires aux « Socialistes » qui, avant 1939, déclaraient qu’un état socialiste n’avait pas besoin d’une armée. Quoi qu’il en soit, les communistes français sont fidèles à leur objectif final. Le régime socialiste que la nation française se donnera un jour et qui s’instaurera dans le monde entier quand les conditions historiques le permettront, réalisera la grande espérance humaine d’un univers pacifié.
- Le problème immédiat : réalistes, les communistes estiment qu’à chaque heure convient sa tâche. La tâche présente, c’est la liquidation totale de l’hitlérisme. Tout ce qui détourne de cette tâche va à l’encontre de l’intérêt national, du progrès et de la paix elle-même. Toutes les mesures qui tendraient à une paix de compromis avec les hitlériens seraient non seulement des actes de trahison nationale, mais compromettraient la paix pour de longues années. L’esprit de Munich n’est pas un esprit de paix, c’est l’esprit de la guerre au service de l’hitlérisme.
- Donc, les communistes doivent rester à l’avant-garde de cette guerre nationale de libération. Ils doivent être les meilleurs partout : les meilleurs officiers (et demain les meilleurs généraux), les meilleurs soldats, les meilleurs ouvriers. Ils doivent être à la tête de tous les efforts de guerre dans l’armée, dans la production, dans la préparation militaire de la jeunesse.

Bibliographie

- Lénine, l’impérialisme, stade suprême du capitalisme
- Histoire du Parti communiste ( bolchévik ) de l’URSS, pages 152-153
- La politique nationale du PCF ( Cahiers du Communisme, 1er trimestre 1944)
- Jacques Duclos, La lutte des communistes pour gagner la guerre et reconstruire la France (pages 4 à 13)
- Laurent Casanova, L’armée et le peuple ( Cahiers du Communisme, novembre 1 944 )

P.-S.

- brochure rédigée au mois de novembre 1944

- Leçon 6 : la question paysanne

- Leçon 4 : la nation française

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