Ami de l’égalité

Education communiste

leçon 7 : la jeunesse

école élémentaire de la Libération (décembre 1944)

mercredi 29 octobre 2008

INTRODUCTION

- On a souvent dit : « Qui gagne la jeunesse gagne l’avenir » ; la formule est exacte. Elle suffirait à montrer l’importance du problème de la jeunesse aux communistes français, soucieux plus que tous autres de l’avenir du pays. C’est un problème d’ordre national dont nous ne pouvons nous désintéresser.

- Les communistes l’abordent avec réalisme et sans démagogie. Ils dénoncent d’abord deux courants également dangereux :

  1. On dit parfois que la jeunesse par elle-même possède toutes les vertus. On dit que pour garantir le redressement de la France, il faut une politique jeune, des ministres jeunes, des généraux jeunes. Oui, mais à une condition, c’est que cette politique jeune soit juste, que ces gouvernants jeunes, ces généraux jeunes ne répètent pas tous les matins : « Nous sommes jeunes », mais qu’ils appliquent dans les faits un programme efficace de renaissance française.
  2. On dit parfois, au contraire, que la jeunesse est incapable de comprendre et d’agir (c’est pour cette raison que l’on refuse le droit de vote aux jeunes gens et aux jeunes filles de dix-huit à vingt ans). Il ne faut faire confiance qu’aux hommes d’âge mûr qui disposent de l’expérience. Les communistes ne mettent pas en doute la valeur de l’expérience. Mais reste à déterminer au service de quelle cause peut être mise cette expérience. Pétain avait une très longue expérience : il l’a mise au service de l’hitlérisme. En fait, toute politique qui tend à écarter la jeunesse des responsabilités nationales est toujours inspirée par des desseins réactionnaires et par la crainte du progrès.
    - Donc, le problème de la jeunesse est essentiellement un problème d’orientation de la jeunesse. Vous vous souvenez de la réponse de ce vieux sage, Esope, à qui l’on demandait si la langue était une bonne ou une mauvaise chose. Il répliqua qu’elle pouvait être la meilleure ou la pire des choses : tout dépendait de l’usage qu’on en faisait. Il en est ainsi de la jeunesse : redoutable quand elle est mal orientée, magnifique et toute féconde quand elle est bien orientée.

- Nous allons étudier successivement les problèmes suivants :

  1. L’orientation de la jeunesse
  2. Les sentiments profonds de la jeunesse
  3. Le caractère et le rôle de la Jeunesse communiste
  4. Le programme de la Jeunesse communiste
  5. L’union de la jeunesse française

L’ORIENTATION DE LA JEUNESSE

- De tous temps, à toutes les époques, tous les groupements, organisations, gouvernements ont tenté de rallier la jeunesse pour des buts particuliers.

- Une jeunesse mal orientée
- Trois exemples :

  • En 1848, les éléments les plus réactionnaires du grand capitalisme français veulent écraser les forces de progrès dans le pays, notamment la classe ouvrière de Paris. Karl Marx a expliqué comment ils ont utilisé dans ce sens une partie de la jeunesse :
    - Le gouvernement provisoire forma vingt-quatre bataillons de gardes mobiles, de cent hommes chacun, composés de jeunes gens de quinze à vingt ans. Ils appartenaient pour la plupart au « lumpen-prolétariat » qui, dans toutes les grandes villes, constitue une masse nettement distincte du prolétariat industriel, pépinière de voleurs et de criminels de toute espèce, vivant des déchets de la société, individus sans métier avoué, rôdeurs, gens sans aveu et sans feu, différents selon le degré de culture de la nation à laquelle ils appartiennent, ne démentant jamais le caractère de « lazaroni ». Etant donné que le gouvernement provisoire les recrutait tout jeunes, ils étaient tout-à-fait influençables et capables des plus hauts faits d’héroïsme et de l’abnégation la plus exaltée, comme des actes de banditisme les plus crapuleux et de la vénalité la plus infâme. Le gouvernement provisoire les payait à raison de 1 franc, 50 par jour, c’est-à-dire les achetait. Il leur donnait un uniforme particulier, c’est-à-dire qui les distinguait extérieurement de la blouse. Comme chefs, ou bien on leur attacha des officiers pris dans l’armée permanente, ou bien ils élisaient eux-mêmes de jeunes fils de bourgeois dont les rodomontades sur la mort pour la patrie et le dévouement à la république les séduisaient.
    - C’est ainsi qu’il y avait face au prolétariat de Paris une armée tirée de son propre milieu, forte de 24000 hommes, jeunes, robustes, pleins de témérité. Le prolétariat salua de ses vivats la garde mobile au cours de ses marches à travers Paris.
    - Karl Marx, les luttes de classes en France
    - Dans les journées de juin 1848, ces jeunes gardes mobiles furent utilisés comme massacreurs du peuple par les éléments les plus néfastes de la France de cette époque ; et ils favorisèrent ainsi l’effondrement ultérieur de la deuxième République.
  • Plus près de nous, Hitler a fait d’une grande partie de la jeunesse allemande un ramassis de brutes et de véritables bandits. Il lui a refusé toute éducation, pour éviter une conscience politique qui serait fatale au régime. Il l’a affranchie de ce qu’il appelle une « chimère humiliante » : la conscience. Et il en résulte une jeunesse fanatique suivant aveuglément tous les mots d’ordre criminels qu’on lui donne. Il en résulte une jeunesse « affranchie » de tout sentiment humain, une jeunesse qui sait tuer, voler, brûler, assassiner avec le sourire, une jeunesse pour qui la guerre est devenue la plus belle des actions humaines et la bestialité une règle de vie.
  • En France, les efforts des ennemis du peuple se sont toujours orientés vers la jeunesse. En 1934, Maurras et autres complices d’Hitler avaient réussi à entrainer une partie de la jeunesse française sous les bannières fascistes, contre ses propres intérêts. A la suite de Maurras, le pseudo-gouvernement de Vichy a tout fait pour conquérir les jeunes en exploitant toutes leurs aspirations vers le sport, la culture physique. Il s’efforçait d’embrigader la jeunesse pour, finalement, la mieux livrer à Hitler.

- Une jeunesse bien orientée
- Deux exemples :

  • La jeunesse soviétique est dressée, dans un effort gigantesque, pour défendre sa patrie, depuis les jeunes enfants jusqu’aux jeunes officiers de l’Armée rouge. Etre membre des Jeunesses communistes, en URSS, signifie prendre l’engagement de donner toutes ses forces pour la grandeur du pays, pour sa défense, pour sa puissance économique, militaire et intellectuelle, et pour la cause du progrès humain ! Dans ses rangs se recrutent les stakhanovistes les plus audacieux, les meilleurs soldats, les étudiants les plus travailleurs. La JC a fourni d’innombrables héros, et maints maréchaux qui entrainent l’Armée rouge dans sa marche irrésistible vers l’Allemagne hitlérienne.
  • La jeunesse française ne s’est pas laissée gagner par le gouvernement de Vichy, qui voulait lui faire admettre la soumission et la collaboration. Les hommes de Vichy ont heurté la dignité et le patriotisme de la jeunesse française, qui s’est révoltée. Le rôle de la jeunesse française dans la lutte pour la libération a été primordial : le refus d’accepter la déportation, les réfractaires, l’activité des JC et des FUJP, les premiers groupes de FTP, la part de la jeunesse dans l’insurrection nationale et dans la formation de l’armée nouvelle.

- Concluons donc sur ce point. Tout ce qui est jeune n’agit pas nécessairement dans le sens du progrès : il y a des jeunes parmi les assassins d’Oradour-sur-Glane. La jeunesse doit avoir une orientation politique juste si on veut assurer par elle l’avenir de notre pays. Or, pour orienter la jeunesse, il faut bien la connaître. Quels sont donc les sentiments profonds de la jeunesse ?

LES SENTIMENTS PROFONDS DE LA JEUNESSE

- La jeunesse et l’action
- Le jeune aime à se dépenser physiquement. Il veut agir. Ses forces sont intactes, il veut les engager dans la lutte et il les donne avec enthousiasme dès qu’il comprend la justice et la nécessité du combat. Ce n’est pas par un pur hasard que les premiers groupes de francs-tireurs et partisans ont été créés par des jeunes, émules des petits tambours et des généraux imberbes de la grande Révolution française.

- La jeunesse et le neuf
- Le jeune a soif de nouveau. La jeunesse, c’est l’âge des rêves et des projets. Elle veut réaliser des choses neuves. Quel jeune ne se sent pas transporté d’enthousiasme lorsqu’on évoque devant lui la construction de Komsomolsk, la ville de 50000 habitants, bâtie en pleine Sibérie par des jeunes, dans un endroit où il n’y avait que des pierres il y a vingt ans. Les jeunes Français admirent leurs compatriotes, les jeunes Corses qui, en quarante-huit heures, ont amené l’eau à Ajaccio, alors que les techniciens demandaient deux mois pour le faire.

- La jeunesse et l’héroïsme
- La jeunesse a le culte des héros. Tout jeune rêve de se sacrifier, se donne un héros pour modèle et attend impatiemment l’occasion de l’imiter. Dans les pays en guerre, les jeunes ont réalisé et réalisent des merveilles d’héroïsme. Ils ont renoué la tradition des héros de l’indépendance nationale, comme Jeanne d’Arc, et celle des jeunes patriotes de la Révolution française, Bara et Viala, Hoche et Marceau. Les jeunes Français tombés, au cours de l’occupation allemande, aux mains de l’ennemi ou de Vichy ont donné, devant les tribunaux et les pelotons d’exécution, les plus purs exemples de courage. Les jeunes ont combattu héroïquement au premier rang de toutes les batailles, armées ou non, de ces cinq dernières années. Des étudiants comme Guy Mocquet, des ouvriers comme les frères Martel sont les représentants de la vaillante jeunesse française.

- La jeunesse et la justice
- La jeunesse ne peut admettre l’injustice. Elle se révolte, par exemple, quand elle constate que, faute de ressources, le jeune ouvrier et le jeune paysan ne peuvent poursuivre leurs études. Elle se révolte quand on met en doute la valeur des grades conquis au combat par un jeune lieutenant FFI, alors qu’on reconnaît leurs galons à certains officiers de carrière qui n’ont jamais combattu l’Allemand pendant la lutte clandestine.

- La jeunesse et le dévouement
- La jeunesse, avide de se dépenser, aime à se dévouer. Spontanément, sous l’occupation, les jeunes filles ont aidé les combattants du maquis, elles les ont ravitaillés, elles les ont soignés.

- La jeunesse et la vie
- La jeunesse va au-devant de la vie. Elle est naturellement joyeuse ; ardente et sérieuse, elle sait aussi rire et aime à se distraire. Elle se donne avec enthousiasme et désintéressement à l’idéal qu’elle a choisi.

- Tels sont les sentiments profonds de la jeunesse. Ces sentiments existent au cœur des jeunes, mais ils peuvent être déviés par une propagande habile (exemple : la nazification de la jeunesse allemande). En tous cas, ces sentiments doivent être connus des communistes, qui veulent entrainer la jeunesse au service exclusif de la nation.

CARACTÈRE ET ROLE DE LA JEUNESSE COMMUNISTE

- Définition
- La Jeunesse communiste doit être, selon la définition de Lénine et de Staline, une organisation de masse sans parti, à tendances communistes.
- Cela signifie que la Jeunesse communiste doit être plus nombreuse que le parti et aussi qu’elle ne doit pas être un parti communiste de jeunes avec une doctrine stricte et une organisation rigoureuse. En demandant aux jeunes sans cesse le même sérieux, la même tension d’esprit qu’aux membres du parti, on risquerait de rebuter vite d’excellents camarades d’avenir.
- Le but de la Jeunesse communiste est de rassembler et d’orienter les couches profondes de la jeunesse dans un sens conforme aux intérêts du peuple, inséparables de ceux de la France.

- Qui peut être membre de la jeunesse communiste ?
- L’organisation de la jeunesse communiste est très large. Tous les jeunes peuvent adhérer aux JC à condition de remplir les trois conditions suivantes :

  • Accepter le programme de la Jeunesse communiste ;
  • Payer régulièrement ses cotisations ;
  • Militer dans un des groupes de la JC.

- Les jeunes catholiques, par exemple, peuvent adhérer aux Jeunesses communistes, continuer à pratiquer leur religion. La gravité de l’heure appelle tous les jeunes de bonne volonté, quelles que soient leurs idées religieuses et philosophiques, à s’unir sans hésitation pour la lutte commune.

- Rapports du parti communiste et de la Jeunesse communistes
- Ces rapports doivent être clairs pour tous. Toute équivoque aboutirait à des malentendus.
- Le parti dirige la jeunesse. Il aide la Jeunesse communiste par des conseils politiques fréquents, mais il entend se garder de tout « paternalisme », c’est-à-dire de toute attitude qui consisterait à traiter la JC avec des airs protecteurs et, par suite, à tuer l’esprit d’initiative et de responsabilité qui doit exister dans l’organisation des JC.
- Les membres les plus responsables et les plus capables de la jeunesse ont le devoir d’adhérer au parti. C’est essentiellement par leur intermédiaire que doivent s’établir les rapports entre le parti et la jeunesse. En outre, il va de soi que le parti doit désigner à tous les échelons les militants les plus compréhensifs pour suivre l’activité de la Jeunesse communiste, pour la conseiller et pour l’aider.

- Les formes d’organisation de la Jeunesse communiste
- L’assemblée nationale de la JC réunie les 19 et 20 octobre 1944 a déterminé l’organisation de la JC de la manière suivante : les jeunes communistes sont organisés en groupes, cercles, foyers pouvant aller jusqu’à 40 ou 50 membres, par localité, quartier, usine et entreprise. Chaque groupe est dirigé par un secrétaire du groupe élu. La direction de l’ensemble des groupes, cercles, foyers, d’un arrondissement, d’un canton, d’une ville importante est dirigée par un bureau de l’Union des groupes, cercles et foyers de l’arrondissement, du canton, de la ville.
- L’organisation pose certains problèmes particuliers.

- Les étudiants
- L’étudiant communiste doit s’efforcer d’être le meilleur élève ; c’est par le développement de ses connaissances qu’il se prépare à servir le peuple avec le maximum d’efficacité. Son activité de jeune communiste doit s’exercer essentiellement à la faculté ou à l’école : il doit y être celui qui entraine tous les jeunes au travail créateur et qui défend les intérêts légitimes de ses condisciples.
- Mais l’étudiant communiste doit appartenir à une organisation régulière de la Jeunesse communiste, c’est-à-dire à un groupe de quartier, ce qui le préserve de tout particularisme intellectuel et lui permet d’être sans cesse lié aux travailleurs manuels, l’union entre l’intelligence et le travail étant une des idées maitresses des communistes.

- Les jeunes filles
- Il ne doit pas y avoir de schéma rigoureux dans l’organisation des jeunes filles. Celles qui le désirent peuvent adhérer aux groupes de garçons, qui sont, en réalité, des groupes mixtes. Un esprit de franche camaraderie doit régner dans ces groupes entre jeunes gens et jeunes filles, unis dans la même grande fraternité des Jeunesses communistes. Si des difficultés se présentent (préventions familiales ou locales), les jeunes filles pourront créer des groupes séparés, mais qui, en aucun cas, ne doivent se transformer en ouvroirs, en foyers de papotages « petits bourgeois ». Ces groupes devront orienter leur activité dans le sens de l’activité générale de la JC et notamment, à l’heure présente, vers le parrainage des unités combattantes. Les jeunes filles ont les mêmes raisons que les jeunes gens de lutter pour un meilleur avenir, c’est pourquoi leur action doit être parallèle à celle des garçons et leur activité celle de tous les JC.

- Les enfants
- Les jeunes communistes ne peuvent seuls assumer la haute responsabilité de la direction des groupes d’enfants. La responsabilité est trop lourde pour des jeunes. La meilleure direction est celle qui est composée d’un membre du parti (de préférence éducateur), d’un membre de la JC et d’un élu municipal là où le parti en possède.
- Notre morale est stricte parce qu’elle est celle d’hommes qui veulent sincèrement faire une humanité meilleure en la débarrassant de toutes les malpropretés qu’entraine le profit. - Paul Vaillant-Couturier

- La morale du jeune communiste

  1. Les communistes doivent veiller tout particulièrement à la tenue de chaque jeune communiste. Et les jeunes communistes doivent, par des procédés fraternels de critique et de conseil, s’assurer qu’aucun d’entre eux ne jette de discrédit sur l’organisation par un laisser-aller moral. C’est un élément décisif du succès de l’organisation. Les JC ont encore des adversaires, ce sont des faiblesses qu’ils exploiteraient contre l’influence communiste dans la jeunesse.
    - Il suffit de se rappeler que le jeune communiste est un homme normal, qui ne doit tomber ni dans un ascétisme absurde, ni dans la licence et la corruption chères à des écrivains comme Victor Margueritte, qui sont devenus naturellement et par la suite des traitres aux ordres des nazis.
    - L’excès des plaisirs matériels et la licence en matière de relations sexuelles sont un signe caractéristique de déchéance physique et intellectuelle, c’est-à-dire du contraire de la jeunesse ; ils n’ont jamais été le propre des combattants d’avant-garde ; ils sont, au contraire, le lot des classes décadentes, aussi bien à l’époque de l’antiquité qu’à l’époque des trusts, qualifiés par Lénine de « capitalisme pourrissant ».
    - Le jeune communiste doit vivre une vie normale où puissent s’épanouir toutes ses facultés physiques et intellectuelles, il doit être un modèle pour tous les jeunes gens et pour toutes les jeunes filles. Il doit faire de la JC l’organisation où tous les travailleurs honnêtes souhaitent envoyer leurs enfants pour les aider à devenir des hommes complets.
  2. Il est naturel que des jeunes ouvriers éprouvent le besoin de quitter la ville pour passer quelques heures ou quelques jours en pleine nature. C’est un sentiment excellent. Les JC doivent en tenir compte, organiser et soutenir les groupes de camping. Mais la morale de « la vie en plein air » ne suffit pas aux jeunes communistes. Le jeune communiste doit être un lutteur et il doit songer qu’un écrivain comme Giono, en plaçant au-dessus de tout ce naturisme exacerbé, en faisant de la vie sous la tente une évasion définitive en dehors de la vie réelle, a glissé naturellement vers l’hitlérisme dont il a été un des soutiens.
  3. L’attitude « pacifiste » ne peut avoir sa place dans la morale du jeune communiste. L’idéal du jeune communiste est un monde dans lequel les causes des guerres auront disparu. Mais le jeune communiste est réaliste : il a les pieds sur terre. Il ne confond pas le « pacifisme » avec la défense de la paix, qui exige une action virile et constante, tout comme la guerre elle-même.
    - Il sait que la paix, quand elle sera revenue, exigera une lutte acharnée, comme hier, pour sa défense. Il sait aussi qu’à chaque époque correspond sa tâche et qu’à l’heure présente le problème essentiel est d’achever la défaite de l’hitlérisme. L’idéologie pacifiste a fait avant guerre beaucoup de mal à notre jeunesse de France, elle est incompatible avec la vie, qu’on ne peut séparer de la lutte. Depuis qu’elle existe, la JC a mené contre le « pacifisme » une action incessante, toujours elle a enseigné à la jeunesse de France qu’il faut apprendre à se battre, à se servir des armes. Elle a toujours fait sienne la formule du grand poète français, Victor Hugo : Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent. D’ailleurs, ceux qui se faisaient les propagandistes du « pacifisme », du renoncement à la lutte, les Déat et les Paul Faure, les Dumoulin et les Delmas, ont arraché le masque depuis 1940 et ont passé ouvertement dans le camp de la trahison. Ceux qui, par amour de la paix, ne voulaient pas « mourir pour Dantzig », racolèrent les jeunes gens pour les faire travailler et mourir au service d’Hitler.

- Tels sont les trois dangers qui menacent la santé du jeune communiste et contre lesquels les communistes doivent le mettre en garde :

  • un ascétisme anormal et une licence des mœurs qui tue toute énergie ;
  • un « naturisme » qui suffirait à tout et enlèverait à la jeunesse son esprit de lutte ;
    - un « pacifisme » qui ouvrirait le chemin à la trahison.

LE PROGRAMME DE LA JEUNESSE COMMUNISTE

- Le programme général de la JC se place dans le cadre du programme général du parti communiste français pour la période actuelle, lequel peut se résumer ainsi :

  1. Achever rapidement la libération de la France et l’écrasement définitif de l’hitlérisme, de son armée, de son état, de son « ordre nouveau ».
  2. Châtier les traitres, obtenir une épuration décisive et prompte.
  3. Assurer le ravitaillement du pays et entreprendre sa reconstruction sans délai par la mise hors d’état de nuire des saboteurs et l’appel aux initiatives créatrices du peuple français et de sa jeunesse.
  4. Défendre l’ordre républicain en s’appuyant sur la garde civique et patriotique qui groupe d’admirables jeunes patriotes et qui peut, seule, faire échec aux entreprises de la cinquième colone.
  5. Assurer le respect des libertés retrouvées et de la légalité nouvelle fondée sur la résistance et les comités de libération, en attendant que le retour à des conditions normales permette à la nation de se prononcer.
  6. Préparer les Etats généraux de la Renaissance française.

- Mais dans ce cadre général, la JC a des tâches particulières. Elle doit être la jeunesse de la renaissance française, dans l’armée, dans la production et dans la préparation militaire.

- La jeunesse et l’armée
- La brochure n°5 (Les communistes et la guerre) a posé le problème d’ensemble de l’armée. L’armée reste essentiellement un rassemblement de jeunes auquel la JC doit apporter une attention soutenue. La JC doit d’abord soutenir la campagne du parti pour une armée nationale et démocratique de type nouveau, forte, disciplinée, bien équipée et animée de l’esprit qui a fait la force de la Résistance. Par ailleurs, les Jeunes communistes actuellement à l’armée, doivent lutter, quelle que soit leur unité : Forces françaises de l’Intérieur ou Forces françaises de l’Extérieur (Forces françaises libres, Armée d’Afrique ; marine hier sous la coupe de Darlan, aviation, etc...), pour l’unité de l’armée nationale ; ils doivent être les meilleurs soldats, apprendre à fond l’utilisation des armes pour leur donner l’efficacité maximum, connaître à fond leur rôle dans les groupes de combat, dans les sections ou dans les batteries, se qualifier sans cesse militairement, faire preuve du maximum d’initiative, d’endurance et d’esprit patriotique.
- Enfin, les Jeunes communistes restés dans la vie civile et particulièrement les jeunes filles doivent être au premier rang des initiatives prises pour assurer l’union entre le peuple et l’armée. Les groupes de JC doivent en particulier parrainer obligatoirement les soldats dans les foyers ouvriers, dans les fêtes populaires, soutenir les unités par le parrainage et l’envoi de lettres et de colis, apporter leur aide aux familles, jeunes épouses et vieux parents qui peuvent être placés dans une situation difficile par le départ vers l’armée de celui qui était leur soutien.

- La jeunesse et la production
- Dans la lutte pour achever la libération de la France et dans la reconstruction nationale, la production (industrielle ou agricole) est l’élément déterminant. Il faut fournir à nos soldats l’armement qui leur manque, il faut travailler à la reconstruction matérielle du pays. A cet effet, la JC doit préconiser la création de groupes d’émulation de jeunes ouvriers dans les diverses entreprises et villages. Le rôle de ces groupes, c’est de rechercher les moyens de produire toujours et plus vite ; de lancer des défis d’un groupe à un autre, d’une équipe à une autre, d’un village à un autre, de faire jaillir dans les syndicats ouvriers l’enthousiasme et la flamme du dévouement et du sacrifice.
- Les Jeunes communistes peuvent s’inspirer des exemples magnifiques que leur offre non seulement la jeunesse soviétique, mais aussi la jeunesse des pays démocratiques où règne encore le système de production capitaliste. Exemple : en Angleterre, dans les chantiers navals de la Clyde, où les trotskystes agents de l’ennemi avaient provoqué une grève des apprentis, on a vu les Jeunesses communistes prendre l’initiative de former des équipes volantes qui travaillèrent le dimanche pour réparer un bateau dont le retard aurait compromis l’effort de guerre.
- Dans cette émulation pour la production, il faut prendre garde à certains agents de l’ennemi qui, sous le couvert d’un masque « gauchiste », diront aux jeunes : « vous êtes encore en régime capitaliste, vous travaillez pour un patron qui vous exploite, vous n’avez pas à accroître la production ». Les Jeunes communistes répondront que l’effort de guerre actuel sert en définitive non pas la cause d’un patron, mais la cause de la nation, puisqu’il permet d’écraser l’ennemi commun : l’Allemagne hitlérienne et, en fait, de porter un coup aux trusts sans patrie, inféodés à l’ennemi.

- La jeunesse et la préparation militaire
- Un peuple ignorant les questions militaires et l’usage des armes est voué tôt ou tard à être un peuple d’esclaves.
- Un grand effort doit être fait dans ce domaine. Un effort d’autant plus grand que tout ce qui existait antérieurement a été détruit par les hitlériens. Il faut favoriser l’adhésion en masse des jeunes Français à tous les groupes de préparation militaire : sociétés de tir, d’études du matériel de guerre, de radio, de conducteurs de tracteurs et de tanks, etc... Avant 1939, un grand enthousiasme soulevait notre jeunesse française en faveur des sports aériens, et du vol à voile en particulier. Il faut retrouver cet enthousiasme et multiplier les groupes de vol à voile et de parachutistes.
- Dans ces trois domaines, armée, production et préparation militaire, les JC ne doivent pas attendre que des instructions viennent du gouvernement ; ils doivent agir et réaliser. Le propre de la jeunesse, ce n’est pas d’émettre des vœux, mais de créer d’abord et de revendiquer ensuite pour le soutien de ce qui a été créé.

L’UNION DE LA JEUNESSE FRANÇAISE

- Donc, la JC a un programme actuel et concret. Ce programme exige l’union de toute la jeunesse française.
- Or, les Jeunesse communistes, même très largement ouvertes aux adhérents, ne grouperont jamais au sein de leurs groupes la totalité des jeunes. Pour réaliser notre mot d’ordre d’union pour et dans l’action, il faut donc trouver des moyens propres à rassembler l’ensemble de la jeunesse française.
- Trois problèmes doivent être envisagés :

  1. Comment grouper dans d’autres organisations ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas adhérer à la JC ?
  2. Comment unir les différentes organisations de la jeunesse ?
  3. Quel est, devant le mouvement d’union de la jeunesse, le rôle du gouvernement ?

- Bien des jeunes resteront, en effet, en dehors des Jeunesses communistes
- Ces jeunes, que nous n’avons pas encore pu amener dans nos groupes, il nous appartient de les arracher à l’influence des hommes des trusts. Car tant que les trusts n’auront pas été supprimés, ils utiliseront tous les moyens pour s’attacher la jeunesse, ou tout au moins la détourner de la lutte qu’elle doit mener contre eux à côté des adultes. Chez les jeunes, à partir de quatorze ans, notre travail doit être de développer leur corps et de les préparer physiquement et moralement à la guerre. Nous devons, pour cela développer et élargir les organisations sportives en insistant avant tout sur celles qui s’occupent de préparation militaire. Il faut adhérer et faire adhérer en masse les jeunes aux centres de préparation militaire existants, les ranimer s’ils ne fonctionnent pas, en créer s’ils n’existent pas, et entrainer les jeunes vers les exercices de tir, le maniement des armes modernes, le parachutisme, le vol à voile et les sports nautiques. A côté des groupes sportifs et de préparation militaire, d’autres groupes doivent être créés, qui tiennent compte de la variété des goûts chez les jeunes : groupes de camping, groupes culturels, cercles théâtraux, chorales, orchestres ou harmonies, groupes de danses rythmiques pour les jeunes filles.
- L’essentiel est que chaque jeune doit être membre d’un groupe et que les jeunes communistes sachent entrainer et animer ces groupes, ce qui exige du dynamisme, de l’entrain, une politique très large et très cordiale vis-à-vis de tous les jeunes.

- Beaucoup de jeunes sont déjà groupés dans d’autres organisations
- Tous les jeunes, en effet, ne sont pas forcément d’accord avec les jeunes communistes, mais tous veulent travailler à la renaissance française. Dès 1934, les JC ont œuvré pour le rassemblement des jeunes françaises et des jeunes français. Ce rassemblement était redouté par les hommes des trusts, par tous les ennemis du relèvement de la France.
- Il s’est réalisé malgré eux dans le combat illégal de la jeunesse française pour l’indépendance de la nation. En octobre 1943, en pleine lutte clandestine, se constituaient les Forces unies de la Jeunesse patriotique (FUJP). Cette unité englobe les organisation suivantes : Jeunes chrétiens combattants, Jeunes protestants patriotes, Jeunes patriotes de la Libération nationale, Organisation civique et militaire des Jeunes, Jeunes Laïcs combattants, Front patriotique de la Jeunesse, Fédération des Jeunesses communistes, Union des Etudiants patriotes, Union de jeunes Filles patriotes, Jeunes paysans patriotes, Sport libre, Jeunes des Francs-Tireurs et Partisans français.
- Cette organisation d’union de la Jeunesse de France a rédigé un document où sont définies ces grandes lignes d’une véritable politique de la jeunesse. Voici quelques extraits de cette Charte de la jeunesse :

- Dans l’enseignement

  • Prolongation de la durée de l’obligation scolaire de quatorze à dix-sept ans.
  • Gratuité absolue de l’enseignement à tous les degrés.
  • Suppression du régime des bourses ; remplacement de ce système par une aide aux familles dont les enfants sont soumis à l’obligation scolaire.
  • Octroi à tous les étudiants d’un pré-salaire leur donnant pleine indépendance.
  • Réhabilitation des enseignements non exclusivement intellectuels (technique, industriel, agricole, commercial, maritime).
  • A tous les degrés, enseignement plus proche de la vie réelle, adoption des méthodes actives d’éducation.
  • Réparation des injustices nées de la guerre : exclusion de l’Université de tous les traîtres, réintégration de tous les membres injustement frappés. Sessions spéciales et cours de rattrapage, bourses pour les Jeunes patriotes dont les études ont été interrompues.

- Pour la formation professionnelle

  • Réforme du système d’apprentissage permettant une orientation vers un métier choisi en connaissance de cause et selon les aptitudes réelles des jeunes.
  • Création de centres d’apprentissage en nombre suffisant pour que tous les jeunes Français soient réellement en possession d’un métier.
  • Intégration des centres d’apprentissage dans l’enseignement obligatoire du second degré afin qu’ils donnent également une culture générale.
  • Création de nombreuses écoles d’agriculture, permettant une amélioration de la technique agricole.
  • Institution d’un délégué « jeune » dans toutes les entreprises.
  • Droit pour les apprentis aux mêmes vacances que les scolaires du même âge. « A âge égal, vacances égales ».

- Pour la vie du jeune travailleur

  • A travail égal, salaire égal à celui des adultes.
  • Législation spéciale du travail des jeunes, définissant un statut du jeune travailleur.
  • Droit sans restriction aux congés payés, garantie de la santé des jeunes.
  • Prêt aux jeunes ménages.
  • Prêt d’établissement aux jeunes cultivateurs.
  • Confiscation des domaines appartenant à des collaborateurs ou acquis pendant la guerre par spéculation et mise de tous ces biens à la disposition des jeunes ayant combattu dans la Résistance ou des jeunes prisonniers à leur retour.

- Pour la santé et le sport

  • Création d’un corps de médecins spécialisés chargés de la surveillance et du maintien de la santé des jeunes à l’école, à l’atelier et dans les sociétés sportives.
  • Obligation de l’éducation physique et sportive dans l’enseignement à tous les degrés.
  • Elaboration et mise en chantier immédiate d’un plan de cinq ans pour l’équipement sportif du pays, avec possibilité d’expropriation rapide pour la construction de stades et de piscines.
  • Un terrain d’entrainement complet dans chaque commune, école, caserne, administration et entreprise importante.
  • Formation de 1000 professeurs et de 3000 moniteurs et monitrices indispensables à l’enseignement.
  • Formation de 10000 moniteurs et monitrices nécessaires à la jeunesse ouvrière et aux sociétés sportives.
  • Réorganisation démocratique du Comité national des Sports et des Fédérations, en faisant notamment une place aux éducateurs.

- Pour les loisirs et la culture

  • Politique de plein air mettant à la disposition des jeunes des terrains de camping, des Auberges de jeunesse, des voyages en France et à l’étranger, des moyens de transport à prix réduits.
  • Création dans les centres urbains et les communes importantes de Maisons de jeunes servant de terrains de rencontre à la jeunesse, avec salles de jeu, bibliothèques, cinémas, restaurants, centres de renseignements et de documentation.
  • Mise à la portée de tous les jeunes des activités de plein air jusqu’ici réservées aux privilégiés : montagne, ski, canoë, aviation.
  • Création de centres d’éducation populaire apportant aux jeunes travailleurs une formation culturelle, artistique et sociale.
  • Mise en service dans les campagnes de bibliothèques automobiles circulantes ou « bibliobus ».

- Dans le gouvernement du pays

  • Droit de vote à tous les jeunes gens et jeunes filles de plus de dix-huit ans pour les élections à l’Assemblée nationale constituante.
  • Création immédiate d’un service interministériel (secrétariat ou commissariat) chargé de réaliser les réformes demandées et de coordonner l’action en faveur de la jeunesse.
  • Création immédiate d’un commissariat chargé de coordonner l’éducation physique et les activités sportives.

- La réalisation de cette union de la jeunesse de France suggère quelques observations :

  1. Cette union se renforce et des conversations ont eu lieu récemment entre l’Association catholique de la Jeunesse française et la fédération des JC. C’est l’assurance d’un rapprochement plus intime entre Jeunes catholiques et Jeunes communistes.
  2. L’union ne doit pas rassembler seulement les jeunes qui appartiennent aux associations adhérentes aux FUJP, elle doit entrainer les inorganisés. C’est dans ce but, par exemple, que le Service civique des FUJP a été créé pour unir les jeunes Français dans cette grande œuvre de solidarité nationale. Car il peut y avoir des divergences théoriques entre les jeunes Français, mais tous seront d’accord pour aider pratiquement nos soldats, pour reconstruire nos ponts et nos voies ferrées, pour assurer le ravitaillement et le chauffage de nos populations. Un tel mouvement entrainera les inorganisés et renforcera la seule union qui compte aux yeux des Jeunes communistes : l’union pour l’action.
  3. Un moyen de réaliser l’union des jeunes existe dans la création des Maisons de la Jeunesse. Il faut prendre des initiatives hardies. Il n’est pas une localité où n’existe pas un local disponible, même s’il est, au début, inconfortable ou insuffisant. Les diverses organisations de jeunesse doivent pouvoir se mettre d’accord facilement pour faire de ce local une Maison de la Jeunesse. Cette Maison sera ouverte à tous les jeunes sans distinction ; elle sera administrée soit par les représentants élus de l’Assemblée générale de tous les jeunes, soit par les représentants des divers groupements. Ainsi peut être trouvée la base matérielle de contacts permanents entre les jeunes gens et les jeunes filles d’organisations différentes, d’idées ou de religions différentes, qui pourront rapidement mieux se comprendre. Les Jeunes communistes arriveront à connaître tous les jeunes, à travailler avec eux, à communiquer à tous leur dynamisme.
  4. Cette politique est conforme à la volonté d’union de la jeunesse française que la JC n’a cessé de manifester depuis qu’elle existe. Les Jeunes communistes doivent être tous persuadés que cette union est aujourd’hui la condition de la renaissance française. Dès lors, ils doivent se montrer tolérants et proscrire toutes les manifestations de sectarisme qui peuvent encore subsister.
  5. Il est bien entendu que la Jeunesse communiste, quels que soient ses rapports avec les autres groupements, conserve strictement son programme et son indépendance d’organisation.

- Quel est le rôle du gouvernement ?
- Il doit garantir à chaque organisation de la Jeunesse patriotique l’indépendance et l’autonomie absolue, chaque jeune ayant le droit d’avoir ses opinions personnelles. L’essentiel est qu’il soit prêt à lutter au maximum pour aider la France. Le rôle du gouvernement est aussi de donner à chaque organisation le droit de choisir son programme, de fixer ses moyens d’action et d’élire sa direction. Le gouvernement de Vichy avait créé un mouvement officiel de la jeunesse, avec toute une hiérarchie d’inspecteurs et de fonctionnaires. C’est une solution d’esprit fasciste, qui tue l’esprit d’initiative chez les jeunes et détruit l’indépendance des organisations de jeunesse. C’était une entreprise de domestication de la jeunesse, pour la mieux placer sous l’influence des trusts sans-patrie et la livrer, pieds et mains liés, à l’hitlérien.

CONCLUSION

- Notre idéal
- L’idéal des communistes est le régime socialiste dans lequel la jeunesse sera heureuse. Imaginez, écrivait Vaillant-Couturier à propos de l’URSS, une jeunesse entièrement tendue vers la conquête de l’avenir, une jeunesse vraiment maitresse de ses destinées, une jeunesse qui vit, qui aime, qui construit, et, ajoutons-le aujourd’hui, qui combat et qui sait pourquoi elle combat. En URSS, la jeunesse ne connait pas le chômage. L’accès à la science est libre et gratuit. Le salaire est, comme tous les avantages (logement, habillement, nourriture) qui le complètent, en progrès constant. Le travail y devient pour les jeunes une activité glorieuse. Les jeunes se lancent des défis d’émulation de Magnitogorsk à Kouznetsk et de Stalingrad à Gorki. A partir de dix-huit ans, les jeunes gens participent à la vie politique. L’URSS, c’est la jeunesse du monde ! Dès lors, il n’est pas étonnant que l’Union des Jeunesses communistes de l’URSS ait passé de 22000 membres qu’elle comptait en 1918 à 7 millions d’adhérents en 1941.

- La lutte actuelle
- Pour l’heure, il ne s’agit pas en France de construire le socialisme, il s’agit de travailler à la construction d’une France forte, indépendante et démocratique. Les tâches des JC sont énormes. La jeunesse est partout autour de nous, mais elle est inorganisée. Elle est ardente, mais elle ne sait ni où ni comment diriger son action. Cette jeunesse doit être orientée - c’est dans cette orientation que la responsabilité du parti et de la Jeunesse communiste est décisive.

  1. Chaque jeune communiste doit se pénétrer de la gravité de la situation actuelle. Il doit se dire que de son activité dépend pour une part le rôle que la France jouera dans les mois à venir.
  2. Le parti et la Jeunesse communistes (et cette observation est essentielle, car nous devons sur ce point combattre des courants qui existent dans la jeunesse) n’ont pas pour rôle d’unir et d’organiser la jeunesse comme une caste à part, séparée des autres couches de la population ou dressée contre elle. C’est là la position du fascisme qui s’est servi, en Allemagne surtout, de la jeunesse pour arriver à ses fins.
    - Le rôle de la Jeunesse communiste est d’associer la jeunesse avec ses qualités propres d’enthousiasme et de foi à la lutte progressive de l’ensemble du peuple.
  3. Le Jeune communiste doit faire preuve à tous les échelons du maximum d’initiative. La jeunesse ne saurait s’accomoder de cadres rigides et étroits. La qualité de la jeunesse, comme la qualité d’une jeune plante, c’est de briser les moules anciens pour faire sans cesse du neuf.
  4. Les jeunes communistes doivent dans l’action rester fidèles au souvenir de leurs martyrs : Gabriel Péri, qui fut autrefois le dirigeant de la JC, Julien Hapiot, Pierre Champion, Guy Mocquet, Germinal et Henri Martel, qui tous sont morts, comme des milliers d’autres héros, pour préparer à la jeunesse de France « des lendemains qui chantent ».

    Bibliographie

    - Collection de l’Avant-Garde, organe central de la JC
    - Jean Jaurès, Discours à la jeunesse
    - Jacques Duclos, L’Union de la jeunesse française (rapport au congrès de Villeurbane, 1936)
    - Raymond Guyot, La jeune génération dans le combat pour la gloire et la grandeur

P.-S.

- brochure rédigée au mois de décembre 1944

- Leçon 8 : le parti

- Leçon 6 : la question paysanne

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