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Haïti, l’indépendance contre l’esclavage

article publié dans le forum de {l’Echo}, quotidien diffusé en Limousin

mardi 19 janvier 2010, par Jean-Pierre Combe

- La première calamité fut le génocide commis contre les indiens Caraïbes par les colonisateurs que mandatait le roi d’Espagne.
- La deuxième calamité fut l’importation en Haïti de femmes et d’hommes africains réduits en esclavage.
- En 1794, il y eut une éclaircie, sous l’effet des Lumières philosophiques :

- L’éclaicie, ce fut la Révolution et l’abolition de l’esclavage, sans rachat ni indemnisation des propriétaires, dans toutes les terres que le Roi de France possédait au-delà des mers (Antilles et Louisiane notamment) ; l’abolition fut décrétée par la Convention le deuxième sextidi de pluviose an deux de la République (4 février 1793).
- Mais voici la troisième calamité : certains planteurs, en très petit nombre, mais riches, organisent la résistance contre la liberté ! L’application du décret de la Convention doit passer par un effort violent de libération des esclaves au bout duquel une constitution sera élaborée, et publiée sous la signature de Toussaint Louverture, le deuxième nonidi de Floréal an 9 de la République (8 mai 1801). Minoritaires, les planteurs esclavagistes vont devoir se soumettre à la Liberté : le premier consul Napoléon Bonaparte vole à leur secours : il envoie dans l’île un corps expéditionnaire soigneusement choisi par lui-même parmi ses fidèles, parmi les aristocrates d’Ancien Régime et leurs féaux. La mission de ce corps est de ramener les Noirs dans l’obéïssance : au regard des lois de la République, cette mission est tout à la fois illégale (elle va contre le décret d’abolition de l’esclavage adopté par ma Convention) et illégitime (elle va contre la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, et en particulier contre l’égalité de ces droits dont doivent jouir tous les êtres humains) ; le corps expéditionnaire débarque en Haïti-Saint-Domingue le deuxième quintidi de pluviose an 10 de la République (6 février 1802) ; aussitôt, son commandant en chef déclare Toussaint Louverture hors la loi et entreprend d’occuper le terrain.
- Mais fort de sa légitimité républicaine, le peuple de l’île ne se soumet pas. Au contraire, l’arrestation (par traîtrise) et la déportation en France de Toussaint Louverture, puis le décret rétablissant l’esclavage provoquent le soulèvement du peuple de l’île, le troisième sextidi de fructidor an 10 de la République (13 septembre 1802) ; le corps expéditionnaire se montre impérial (c’est-à-dire anti-républicain) : il tente de réprimer ce soulèvement conformément aux instructions reçues du premier consul, par un massacre systématique, un génocide ; des témoins ont laissé de ce génocide des descriptions difficiles à lire, à force d’être terribles.
- Mais la volonté du peuple de Haïti-Saint-Domingue de vivre libre est la plus forte : son armée, levée selon les lois de la République française, et qui combat sous le drapeau tricolore bleu-blanc-rouge, repousse le corps expéditionnaire vers la côte, le défait dans la bataille du fort de Vertières, le premier sextidi de frimaire an 12 de la République, et force ses restes à rembarquer : à Vertières, l’armée de la République a vaincu l’armée impériale.
- Mais les crimes que le corps expéditionnaire impérial a commis en appliquant les ordres reçus du gouvernement du premier Consul sont d’une telle horreur et d’une telle ampleur que quelques jours après le départ de la flotte vers la France, les généraux de l’armée de Haïti-Saint-Domingue font le serment de ne plus jamais retomber sous la souveraineté de la France. Ce serment est l’acte d’indépendance de Haïti : il est la conséquence de la calamité que venait de vivre la population de Haïti, qui fut pire que le tremblement de terre de ces derniers jours. Il ne faut pas l’oublier !
- Ceux qui portent secours aux populations victimes d’une quelconque catastrophe ont le devoir de respecter ceux à qui ils portent secours : il n’y a pas de respect des femmes et des hommes sans respect intégral de leur histoire !

P.-S.

- Lire la suite : Haïti, l’indépendance assiégée

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