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Faut-il ouvrir une discussion qui a déjà commencé ?

Proposition de Danièle Bleitrach et réponse de Jean-Pierre Combe

mardi 24 août 2010, par Jean-Pierre Combe



Comment participer au nouveau blog ? Une problématique et une méthode de travail

, par Danième Bleitrach

- Voyons d’abord esquissée à grand trait la problématique qui pourrait être explorée dans ce nouveau blog. Si LA question fondamentale est bien celle de la survie de notre espèce et le fait que soit on change, soit on crève, il y a une première nécessité, celle d’obtenir un moratoire pour la survie en imposant la paix.

- Et pour cela nous avons besoin d’une grande mobilisation des masses, mais il est clair que le vrai problème est celui des conditions réelles de cette mobilisation. Actuellement il me semble que nous sommes confrontés à ce problème et que le discours sur le complot mondial ne peut que bloquer l’intitiative. Il me semble et je vais tenter d’argumenter qu’il faut au contraire démonter ce qui est derrière ce thème et le marxisme, un marxisme ouvert, en travail perpétuel est la méthode qui peut nous aider.

- le complot ou l’impérialisme ?
- un certain nombre d’amis me demandent comment participer au travail du nouveau blog. C’est une question essentielle, parce que cette reflexion n’a de sens qu’articulée avec une ou des pratiques, redevenir protagoniste est le grand enjeu. ne contradisons pas ceux qui tentent de faire quelque chose, au contraire considérons que sans la situation serait sans doute pire, mais travaillons pour les aider, pour faire ce que nous pouvons nous aussi. Parrallémement, avec eux, en léger décalage, parfois en affirmant nos divergences mais l’important est l’objectif.
- Je pars d’une « opposition »... Dans un contexte qui est celui d’une amorce de conscience et des périls et de l’origine de ces périls. Comme je l’ai dit dans ma présentation : je ne supporte plus et le mot est faible cette atmosphère de paranoïa généralisée autour d’un grand complot mondial, description qui présente un double défaut, le premier c’est de renforcer notre inertie, nous n’avons aucun moyen d’agir et si l’on combine cet effet avec la destruction systématique des organisations, partis, syndicats, associations dans le contexte de la contre-révolution qui a eu lieu à partir des années quatre-vingt, cette paralysie est bien réelle et là est notre problème. la description d’un groupe tout puissant et qui parfois relève du pur fantasme ne peut pas aider.
- Le second c’est que cette vision est fausse, elle est commode pour créer une illusion de cohérence dans un monde en plein chaos. mais c’est exactement la manière dont le fascisme ou le nazisme ont procédé, cette méthode a laissé parfaitement tranquille le capital et l’impérialisme. Au lieu de faire des masses les sujets réels de l’histoire, de tenter avec plus ou moins de succès comme les communistes de leur donner un pouvoir réel, ces régimes fascistes ont mis en scène les foules, les ont enregimentées, esthétisées... Pour exalter la haine des boucs émissaires.
- Vous remarquerez que d’ailleurs l’identification entre fascisme et communisme s’opère par un double biais, le premier étant la parodie des masses et de leur rôle, le second étant de créer un grand complot historique autour d’un personnage proche du dieu omniscient ou du méchant pervers et tout puissant, la figure du grand Autre dirait la psychanalyse. Et le premier travail à faire est de démonter comme le font aujourd’hui les historiens le mythe qui rassemble tout autour de la figure de Staline pour analyser une période historique dans ses contradictions réelles.

- Refuser l’identification que recouvre l’idée de totalitarisme
- A travers cette parodie, il a été facile de créer une illusoire identité entre socialisme et national socialisme. C’est pourquoi un des premiers travail de ce blog doit être un travail d’analyse historique sans complaisance mais en refusant ce faux concept de totalitarisme.
- Donc il faut retravailler complètement la mémoire de l’expérience socialiste, pour répondre aux tâches d’aujourd’hui qui, selon cette hypothèse, est de revenir à l’idée que ce sont les masses qui font l’histoire. Et c’est là-dessus sans doute que hier comme aujourd’hui il y a des problèmes, ça et la question du développement nécessaire, de la manière dont on hérite de gens formés dans un système et qui doivent en créer un autre. Toutes questions qui sont devant nous et dans l’urgence. Mais il y a des choses qui ont été faites, d’autres qui se réalisent. Elles sont occultées par les médias complices mais aussi par cette vision orwellienne de la toute puissance de ceus qui dominent.
- je voudrais également souligner quelque chose qui me paraît déterminant : on peut prendre le problème comme on veut, il n’en demeure pas moins que les deux crimes « industriels », de la mort technologique que sont les camps d’extermination et Hiroshima, sont des crimes impérialistes, capitalistes. On peut accuser de n’importe quoi le communisme, il n’a jamais trempé dans ces horreurs. Et ça c’est ce que s’emploient à masquer systématiquement la thèse du totalitarisme mais aussi les négationistes de toutes catégories y compris les pseudo-anti-impérialistes qui sont d’ailleurs en général des adeptes du complot.
- Mais voir également ce qu’il y a derrière le « complot » et la vision du totalitarisme.
- selon moi il y a trois choses que l’on ne doit pas négliger et qui doivent devenir des objets de recherche

  1. le fait que le capital à travers sa contre-révolution s’est de plus en plus débarrassé non pas de l’Etat, ils ont été renforcés, ne serait-ce que pour privatiser les fonctions tout en récoltant les moyens financiers, éducation, armée sont les principaux phénomènes à étudier. les Etats ont été renforcés sous la forme de super-états de dimension régionale comme l’Union Européenne. mais les Etats qui dominent restent des Etats nationaux comme les Etats-unis ou la Chine. tout ça mérite d’être étudié pour comprendre comment il y a eu destruction de la démocratie, de l’intervention des citoyens et comment donc il semble y avoir un gouvernement dont les intérêts financiers commandent directement le politique. Celui-ci n’existerait alors plus et il faut étudier ce processus qui incontestablement est passé par une « technicisation » des choix politiques.
  2. Il y a également dans cette idée du totalitarisme, un autre phénomène celui de la norme, la quasi standardisation de ce qu’on peut appeler les faits de culture au sens large, le rôle joué par les masses médias liées au tout marché.Et là-dessus, il faut relire les travaux de l’école de francfort et de tous ces exilés allemands confrontés au nazisme, au lieu de véhiculer des stupidités incultes sur leur rôle d’espion de la CIA. Il y a également les analyses d’un pasolini sur le nouveau fascisme, la relecture d’henry lefebvre lui-même très proche des thèses de l’Ecole de francfort.
    - A quoi sert ce travail, justement à élucider les blocages, ce qui doit être démonté comme les peurs, les préjugés, le narcissisme, l’individualisme destructeur ennemi de l’individu.
  3. Il y a parrallèlement dans la disparition des formes collectives des choses qui sont à étudier pour reconstruire d’autres types de relations , de solidarité. il est clair que le sentiment d’insécurité qui nait des pertes de collectifs peuvent être fantasmés en fausses identités, avec des « fusions » mystifiées, des haines de l’autre. Il faut s’en prémunir tout en sachant recréer de véritables collectifs.

- Donc voilà quelques hypothèses de base qui motivent la création de ce nouveau blog.

- Methode de travail
- je propose dans un premier temps qu’il y ait réflexion sur les hypothèses, que si on adhère à une telle perspective, on commence par travailler. C’est-à-dire que chacun propose des textes, cela peut être des articles construits, et à partir de ce qu’on maîtrise le mieux ou d’interrogations liées à sa propre pratique, ce peut être des articles traduits, ou d’autres écrits.
- Celui ou celle qui souhaite participer fait ce premier pas, et on discute de son envoi, d’abord marc et moi et ceux qui se seront associé à ce comité de rédaction au fur et à mesure.
- L’idée est d’aller dans six mois ou plus vers une rencontre, un séminaire... on verra...
- Voilà qu’en pensez-vous ?
- danielle bleitrach

Réponse de Jean-Pierre Combe

- Je crois qu’il faut d’abord revenir à la réalité de la réflexion politique : les citoyens, nos compatriotes et les autres, n’ont pas attendu pour réfléchir sur les hypothèses : cette réflexion a commencé et le mieux à faire, c’est de stimuler sa poursuite en l’orientant dans des directions fécondes, tant du point de vue de la paix que du point de vue du progrès social, dont beaucoup savent qu’il est impossible sans une révolution, c’est-à-dire sans que se mette en marche le processus politique de masse qui privera les capitalistes de leur propriété.
- Bien sûr, cette stimulation ne peut pas avoir lieu à huis clos, cela aussi est avéré, notamment depuis l’échec du marxisme petit-bourgeois (lequel échec est contemporain, si pas davantage, de l’effondrement du "camp socialiste" - je note que le marxisme petit-bourgeois a deux variantes principales : celle que la propagande bourgeoise qualifie de stalinienne, et une variante trotskyste qui reprend avec délices le même refrain que la précédente - que chacun balaie devant sa porte !) ;
- donc, il faut absolument éviter d’engager des processus de chambre close ; mais ni la pensée de Marx, ni celle d’Engels ne se sont orientée vers de tels processus : c’est pourquoi je ne parle pas de "marxisme ouvert", mais de marxisme, et pourquoi je considère que les "variantes" du marxisme que certains s’approprient ne sont certainement pas fidèles aux principes que Marx dégageait et recommandait pour fonder la philosophie du mouvement révolutionnaire, que Lénine a mis en pratique, et que la pratique de Lénine ne limite certainement pas !
- Je ne veux pas en dire plus dans ce courrier, sauf à recommander à chacun de visiter le présent site ; j’y ai déjà mis en ligne, en effet, pas mal d’articles consacrés à ce sujet (lire Un exemple de propagande réactionnaire, Démythifier Staline pour démystifier l’histoire, Vous avez dit stalinien ? Que voulez-vous dire en vérité ?)
- et à d’autres tout aussi importants à mes yeux.
- Cordialement à tous ! Jean-Pierre Combe

P.-S.

- Le texte ci-dessus de danielle Bleitrach a été publié tel quel, à deux mots et une virgule près, le 24 août 2010,
- par Les laboratoires du changement social ,
- philosophie-idéologie