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Défendre les retraites, défendre le principe financier de répartition

c’est aussi défendre la démocratie

mercredi 27 octobre 2010, par Jean-Pierre Combe

-A ce jour, le mouvement de défense des retraites par répartition ne donne pas l’impression de s’essoufler. Les manifestants expriment bien l’état d’esprit d’une très grande part de nos compatriotes, et cette part pourrait bien être majoritaire : les retraites par répartition appartiennent au peuple,et les commis de la très grande bourgeoisie, qui d’ailleurs ne se reconnaît plus elle-même comme française, n’ont aucun droit à y porter le fer comme ils le font !

- En toute conscience, beaucoup de manifestants considèrent que la réforme proposée par le gouvernement Sarkozy-Fillon-Woerth est injuste, et elle l’est, c’est un fait :
- Elle est injuste parce qu’elle fait payer aux travailleurs une faute qu’ils n’ont pas commise : cette faute est le résultat de cinquante ans de conduite de l’économie par les propriétaires des plus gros capitaux de l’industrie et de la finance.
- Mais la conscience des véritables responsabilités est-elle aussi claire ? Les pancartes brandies le 18 octobre 2010 ne mettaient en cause que Sarkozy, à la rigueur Fillon et Woerth : ceux-là sont responsables, c’est vrai, mais d’abord, ils ne sont pas les seuls, et aussi :

  • Quelles sont les responsabilités en cause, et quel est leur poids ?
  • Quelle est l’injustice de la réforme, quels sont ceux qui commettent cette injustice et quels sont ceux qui vont en profiter ?

- il faut désigner vraiment les coupables de l’injustice en train d’être commise !
- En effet, ce sont les décisions prises au plus haut niveau pour conduire notre économie qui ont conduit à l’impasse la Sécu et les régimes de retraite par répartitions ; il n’y a là rien d’étonnant :
- L’économie capitaliste a pour principe organisateur l’appropriation du profit à titre privé par les propriétaires des capitaux, qui ne participent pas eux-mêmes au travail réel. Ce principe a deux conséquences importantes :

  • toute entreprise capitaliste a pour but de verser le plus gros profit possible aux propriétaires de ses capitaux, et la concurrence qu’elles se livrent n’a pas d’autre objet que le profit ;
  • le fonctionnement global de l’économie capitaliste concentre toute richesse dans les mains des propriétaires des plus gros capitaux (qui d’ailleurs sont en nombre de plus en plus réduit) ;

- Telles sont les raisons pour lesquelles nous observons, depuis que la bourgeoisie capitaliste conduit librement toute l’économie de l’ouest européen, que toutes les entreprises capitalistes déqualifient sans cesse les postes du travail industriel, dans le but avoué de diminuer le total des salaires payés par l’entreprise ; et que les propriétaires de capitaux n’ont jamais cessé d’agir sur tous les marchés pour faire baisser le pouvoir d’achat réel des salaires ;
- et pour bien maintenir les salaires au plus bas, les capitalistes ont toujours eu soin d’entretenir une réserve de chômeurs, notamment, mais pas seulement, en recourant à l’immigration, de préférence illégale.
- A la libération, lors de la mise en vigueur des lois sociales, nous savions que ces efforts de toujours des propriétaires des plus gros capitaux auraient pour effet de diminuer les ressources de la Sécurité sociale et des caisses de retraites par répartition ; les parades à cette diminution étaient la défense du salaire par les salariés, le progrès des entreprises nationalisées et les progrès de la société que les orientations données par le Conseil national de la Résistance rendaient possibles : tous ces progrès conduisaient à la disparition du chômage, au progrès de la culture de l’ensemble de nos concitoyens, au progrès des qualifications et des rémunérations de tous les travailleurs.
- Mais ces orientations étaient contraires au mouvement capitaliste de l’économie : bien appuyés par leurs collègues anglais ; allemands, espagnols, états-uniens, italiens et autres, les propriétaires des plus gros capitaux de la terre, de l’industrie, du commerce et de la finance actifs dans notre pays se sont empressés de les saboter : dès que le gouvernement se fut détourné des orientations du CNR (dès juin 1947), de très grosses entreprises ont entrepris de refuser de payer leurs cotisations (ce refus fut plus tard avalisé par Valéry Giscard d’Estaing) ; en même temps, les dirigeants du patronat capitaliste en France ont introduit la politique de diminution incessante des effectifs au travail.
- Dès les débuts de la « construction européenne » (1949), le patronat capitaliste a orienté le développement des institutions dites « de l’Europe » selon ses intérêts exclusifs dans plusieurs directions, notamment :

  • l’externalisation des productions et la casse des statuts et des conventions collectives ;
  • l’exportation des productions et sa conséquence, la fermeture des mines et des usines ;
  • le développement de la précarité et du chômage.

- et nous constatons :

  • que le pouvoir d’achat des cotisations sociales a toujours baissé en même temps et dans les mêmes proportions que celui des salaires sur lesquels elles étaient prélevées (cela va sans dire, mais il vaut mieux le dire quand même !) ;
  • que l’externalisation des productions est un facteur des plus violents pour déqualifier le travail et pour diminuer les salaires payés par l’entreprise ;
  • que l’exportation des productions conduit l’externalisation à son extrême, qui est la fermeture de toutes les unités de production ;
  • que le développement de la précarité et du chômage en découlent tout-à-fait directement, et sont des facteurs fort utiles au patronat pour détourner les contisations sociales de leur objet défini par les lois de la Libération.

- On le voit, toute la politique industrielle des capitalistes actifs dans notre pays a conduit à diminuer les ressources de la Sécurité sociale et des caisses de retraites
- C’est donc toute la politique du patronat capitaliste qui a contribué à mettre la Sécurité sociale et les régimes de retraite par répartition en difficulté, et après juin 1947, tous les gouvernements de notre pays y ont contribué.
- Ce qui est en cause, c’est l’orientation politique prise par les gouvernements français lorsqu’ils ont tourné le dos aux orientations que le Conseil national de la Résistance avait définies et que nos gouvernements de la Libération avaient appliquées.
- En vérité, ce n’est pas la fatalité qui cause le drame collectif que nous vivons, et ce n’est pas elle qui cause la misère que doivent affronter un nombre de plus en plus grand de travailleurs, de précaires et de chômeurs : il y a des responsables (des coupables) que nous devons désigner ; ce sont :

  1. les propriétaires des plus gros capitaux de l’industrie et de la finance actifs dans notre économie nationale ;
  2. les gouvernants de notre pays, qui, sans interruption depuis 1948, gouvernent au service des précédents et avec le plus grand zèle ;
  3. les institutions de l’Union européenne, parce qu’elles sont leur construction, faite par eux et pour s’en servir, et parce qu’ils s’en servent de la façon la plus évidente, la plus cynique !

- La question à poser alors est : « Ces gens sont coupables : quelle est la juste sanction qu’il faut leur appliquer ? »

  1. Pour les propriétaires des plus gros capitaux, il n’y en a qu’une : les exproprier des terres, mines, usines, magasins, bureaux et ateliers qu’ils contrôlent, et faire passer sous propriété nationale (ou sociale, c’est la même chose) ces objets actuels de la propriété capitaliste.
  2. Pour les gouvernants de notre pays, nous devons revendiquer de les limoger : à cette fin, il faudra revendiquer de dissoudre ce gouvernement et cette assemblée nationale...
  3. Pour les institutions de l’Union européenne, la sanction à appliquer est de sortir de cette construction, de rompre avec toutes ses institutions, et de développer une politique qui soit enfin une politique véritablement nationale, qui soit vraiment la politique souveraine du peuple français !

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