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Pourquoi les {Lettres sur le Communisme} ?

...que l’on pourra lire dans ce site, dans les deux articles de ce nom

lundi 1er novembre 2010, par Jean-Pierre Combe

- Lorsque j’ai écrit les lettres sur le communisme, la crise économique couvait, sans être encore déclarée : les principales institutions chargées de l’information de notre pays n’en parlaient guère, sauf pour commenter telle ou telle de ses manifestations en la réduisant aux dimensions d’un accident.
- Mais nous étions quelques communistes qui avions conscience de ce qu’elle était là, et qui n’étions pas dupes des commentaires que nous servaient les porte-paroles de l’empire bourgeois.

- Pour nous, les restructurations, délocalisations et autres fermetures d’ateliers, d’usines, ainsi que les fermetures des mines de fer et de charbon qui les avaient précédées, n’étaient rien d’autre que des destructions, c’est-à-dire en termes économiques des dévalorisations de capitaux accumulés : la dévalorisation tient sa bonne place dans la panoplie des procédés dont se servent les propriétaires pour gérer les capitaux.
- En l’occurrence, ce sont les propriétaires des plus gros capitaux qui mènent le bal : depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, ils ont étendu le réseau de leurs trusts à la quasi totalité du monde : d’une part, ils ont réagi aux luttes de libération des peuples coloniaux en transformant les colonies en néo-colonies, puis en les vouant au sous-développement, afin de les soumettre au prélèvement sauvage du profit ; d’autre part, ils ont récolté les fruits de l’effort séculaire qu’ils consacraient à refouler, à contenir et à subvertir les pays du « camp socialiste ».
- Mais leur victoire porte dans l’économie capitaliste une conséquence néfaste qui renouvelle les sources des plus grandes violences : la masse des capitaux que l’économie capitaliste doit faire tourner a été multipliée au moins pas deux : cela impose aux propriétaires de capitaux de refaire le calcul du taux des profits qu’ils prélèvent ; car le profit capitaliste planétaire a été, lui, divisé par le même facteur, par deux si ce n’est davantage.
- Nous savons qu’en matière de profits, les capitalistes sont très gourmands, et qu’ils le sont d’autant plus que leurs capitaux sont plus gros : le beurre ne leur suffit pas, ils veulent aussi mettre la main sur l’argent du beurre, et, sans doute comme prime de risque, posséder la fermière en plus !
- Leur plus gros problème, depuis que l’économie socialiste a presque partout cessé de fonctionner, c’est de rétablir à son niveau précédent le taux du profit qu’ils prélèvent.
- Or, le seul moyen de le faire dans un délai qu’ils estimeront satisfaisant, c’est de dévaloriser une part suffisante du capital qui tourne dans l’économie capitaliste.
- Le taux du profit capitaliste planétaire ayant été divisé par deux (ou davantage), c’est la moitié (ou davantage) du capital de l’économie capitaliste qu’il leur faut dévaloriser, c’est-à-dire stériliser et détruire. C’est à cela qu’ils se sont attachés aussitôt, et c’est cela qui détermine les politiques que les propriétaires des plus gros capitaux de la planète assignent aux états qui les servent (Etats-unis d’Amérique, Grande-Bretagne, République fédérale d’Allemagne, Japon, France, Italie, Espagne, etc...).
- Et tous les jours, nous observons les actes qui manifestent ces politiques : ce sont les licenciements massifs, les fermetures de mines, les mises en friche de terres arables (qu’ils prennent la précaution d’appeler mises en jachère, mais ne nous laissons pas tromper : la jachère n’est rien d’autre qu’une friche temporaire !...), l’accroissement du chômage et la multiplication des statuts précaires, les fermetures, restructurations, délocalisations d’ateliers, d’usines, d’entreprises,...
- L’effacement pur et simple de l’économie de la RDA fut la dévalorisation de toute une région.
- D’autres actes politiques servent à dévaloriser massivement les capitaux : ce sont les guerres. Celles notamment qui ont ravagé les territoires de l’ouest balkanique et détruit la Yougoslavie ont détruit une énorme quantité de capitaux. Il en est de même de celle qui n’en finit pas de ravager l’Irak...
- En réalité, toutes les guerres qui ravagent différents pays du monde depuis l’effondrement du « camp socialiste » servent aussi à dévaloriser des masses de capitaux : ce faisant, elles contribuent à approfondir la misère qui frappe les membres des peuples, et pas seulement dans les pays en guerre !...
- Les manifestations financières de la crise économique sont venues se rajouter à cela : mais la crise frappe l’ensemble de l’économie capitaliste, et nul ne pourra la circonscrire ni à l’économie virtuelle, ni aux mouvements des monnaies...
- En vérité, les évènements de la fin du vingtième et du début du vingt-et-unième siècles apportent de nouveau une remarquable et dramatique confirmation aux résultats des travaux de Karl Marx et de Friederich Engels : ils montrent en effet à l’évidence que les gouvernements des principaux états du monde ne servent pas les intérêts des peuples qu’ils encadrent, mais ceux des principaux trusts capitalistes, et que ceux-ci, désormais organisés sur le plan mondial, dictent la politique que ces gouvernements vont mettre en œuvre.
- D’où vient aux trusts capitalistes le pouvoir illégitime qu’ils exercent de se substituer aux peuples pour dicter aux gouvernements la politique à mettre en œuvre ?
- A la fin de l’Ancien Régime, François-Noël Babeuf avait montré que les guerres féodales n’étaient qu’une des modalités de l’exercice par la « Noblesse » de la propriété nobiliaire, qui ramenait à la personne privée du seigneur les privilèges attachés aux domaines féodaux.
- Dès les débuts de la révolution, Babeuf, qui était sans fortune, c’est-à-dire « sans-culottes », fut confronté aux manœuvres par lesquelles la bourgeoisie s’appropriait les domaines terriens jusque-là objets de la propriété féodale (ou aristocratique) en substituant les règles bourgeoises aux règles féodales de la propriété : il prit le parti de défendre les paysans, le parti de défendre les intérêts de ceux qui devaient travailler la terre de leurs propres mains pour vivre. Plusieurs procès l’affrontèrent tantôt à des aristocrates défendant leurs anciens privilèges, tantôt à des bourgeois avides de s’approprier les domaines des aristocrates : au bout de ces procès, Babeuf forma la revendication de nationaliser la terre afin de la retirer du marché : Babeuf (c’est alors qu’il changea une deuxième fois son prénom et prit celui de Gracchus) proposa à la révolution de faire de la terre un bien national inaliénable, dont l’usage soit partagé entre les paysans, c’est-à-dire entre ceux qui la travailleront de leurs mains pour se nourrir et nourrir leur famille ; Babeuf appelait « partage usager » ce partage de l’usufruit de la terre entre ceux qui la travailleront eux-mêmes ; il proposait de faire de l’administration de ce partage usager la mission d’un magistrat élu (sur le plan municipal ou cantonal).
- En formulant et en argumentant cette revendication, Gracchus Babeuf fondait le communisme en France ; mais c’était contre vents et marées : avant d’être condamné à mort sous l’accusation d’anarchisme et de perdre la vie le 27 mai 1797, il eut le temps de constater que la substitution des règles bourgeoises aux règles aristocratiques de la propriété de la terre avait plongé les paysans dans une misère bien pire que celle qu’ils subissaient sous l’Ancien Régime.
- Après l’écrasement de l’empire de Napoléon premier, deux jeunes étudiants allemands, Karl Marx et son amis Friederich Engels prirent le parti de la révolution et se mirent, dans cet esprit, à l’étude militante des sociétés européennes ; leurs travaux les conduisirent à généraliser les constatations faites par Gracchus Babeuf du lien profond, essentiel, qui attache, depuis la formation des sociétés féodales, la guerre à la composante privée de la propriété nobiliaire : ils comprenaient que ce lien n’est pas limité aux époques féodales, qu’il concerne les entreprise manufacturières (donc aussi industrielles) et commerciales comme les entreprises agricoles, et qu’il se manifeste non pas seulement dans la guerre, mais dans toute l’étendue de la politique.
- C’est ce qui les a conduits, dès 1848, à insérer dans le « Manifeste du parti communiste », outre leur appel à l’union des prolétaires de tous les pays, les recommandations

  • d’appuyer en tous pays tout mouvement révolutionnaire contre l’ordre social existant,
  • de mettre en avant la question de la propriété à quelque degré d’évolution qu’elle ait pu arriver, comme la question fondamentale du mouvement, de travailler à l’union et à l’entente des partis démocratiques de tous les pays, de ne pas reculer devant le fait que l’ordre social passé ne se laissera pas renverser sans déclencher la violence.

- C’est que Marx et Engels avaient constaté qu’en réalité, la propriété privée, inaliénable et sacrée donne aux propriétaires de capitaux le pouvoir exorbitant de confisquer les droits civiques de leurs salariés et d’augmenter d’autant leur propre pouvoir politique : pour réaliser l’égalité des citoyennes et des citoyens en droits, en dignité, pour ouvrir à chacun l’accès au bonheur de vivre, il est nécessaire de mettre fin à la propriété privée des capitaux agraires, industriels, commerciaux et financiers et de soumettre le capital à un régime national (ou social, c’est la même chose) de propriété.
- Il n’y a rien de nouveau dans la société capitaliste, sauf qu’elle achève de mondialiser sa malfaisance ; sauf, par conséquent, qu’elle mondialise le besoin populaire du communisme.
- C’est un besoin qui concerne tous ceux qui produisent tous les biens et richesses et qui ne reçoivent en retour qu’à peine de quoi vivre ; tous ceux qui sont privés du droit de participer à cette production et condamnés au chômage, ou à vivre d’une assistance de toutes façons insuffisante ; tous ceux qui, quoique vivant bien, ne sont pas satisfaits de vivre dans une société qui n’existe que par l’énorme quantité d’injustices, de misère et de malheurs qu’elle produit.
- Le besoin humain du communisme, c’est la conscience que satisfaire le besoin universel d’humanité est possible, à condition d’abolir le capitalisme.
- Novembre 2008

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