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Par quels moyens le parti capitaliste détruit les retraites par répartition

La démocratie est leur ennemie

samedi 20 novembre 2010, par Jean-Pierre Combe

-Depuis une décennie, la propagande capitaliste, bien relayée par les gouvernements de l’Etat bourgeois, s’efforce de nous inculquer l’idée que la la disparition des caisses de répartition serait fatale. (article paru dans l’Echo le 20 novembre 2010)

- Afin de nous en convaincre, elle prend soin de faire le silence sur ce qu’est le principe financier de la répartition (voir Défendre les retraites, défendre le principe financier de répartition) et diffuse nombre de textes consacrés à deux mouvements de notre démographie que nos services de statistiques observent depuis trois ou quatre décennies :

  • l’allongement de l’espérance de vie (de la durée moyenne de vie) des Français, dû aux progrès de la médecine et effet de notre système de retraites et de sécurité sociale ;
  • la diminution de la fécondité de la population française, tombée très bas après que soit retombée l’atmosphère de fête créée par la Libération, par le retour des prisonniers et par le début de l’application du programme du CNR par les gouvernements de la Libération.

- Cela fait, la propagande capitaliste affirme :

  1. que l’allongement de l’espérance de vie, augmentant le nombre des retraités, serait la cause d’un accroissement excessif de la somme totale des pensions que les caisses doivent verser ;
  2. et que la baisse de la fécondité serait cause de la diminution des ressources permettant aux caisses de retraites de verser les pensions dues aux retraités ; la propagande capitaliste ne désigne pas d’autre cause à cette diminution que cette baisse.

- En vérité, les chefs du parti capitaliste fondent leur propagande sur une caricature de notre système de retraites ! Par cette caricature, ils veulent faire oublier que les caisses de répartition ne collectent rien d’autre qu’une part déterminée entreprise par entreprise du salaire versé à chaque salarié.
- Ce qu’il est convenu d’appeler la « part patronale » des cotisations sociales n’a pas à être distinguée : il en est en effet de la « part patronale » comme de la « part salariale » ; c’est une proportion déterminée du salaire brut, établie chaque jour de paye en même temps que le salaire, et versée aux caisses par l’employeur pour le compte du salarié en même temps que la part salariale : la « part patronale » des cotisations sociales est une partie du salaire, elle appartient au salarié.
- En réalité, le salaire du salarié se compose de trois parts :

  1. le salaire net, qui doit couvrir la vie quotidienne, au jour le jour : il doit permettre au salarié de refaire sa force de travail en lui assurant la nourriture, l’habillement, le logement et la vie de ses enfants ;
  2. les cotisations aux caisses de maladie, qui doivent assurer au salarié jusqu’à la fin de ses jours, et à ses enfants jusqu’à ce qu’ils vivent de leur propre travail, les soins nécessaires, et éventuellement, en cas de maladie arrêtant le travail du salarié, la compensation du salaire perdu ;
  3. les cotisations aux caisses de retraites, qui doivent assurer au retraité la pension nécessaire pour qu’il finisse sa vie sans être obligé de travailler.

- Le salaire net lui est versée directement. Les deux autres parts de son salaire constituent son salaire indirect : elles sont versées à son compte dans les caisses de répartition chargées de financer, pour l’une de ces parts, les soins en cas de maladie et pour l’autre, sa pension de retraite.
- Mentionnons aussi les caisses d’allocations familiales, qui sont des caisses de répartition, mais pour mémoire seulement, parce qu’elles ne sont alimentées que par le budget national : elles doivent assurer à toutes les familles la possibilité d’héberger, de nourrir et d’habiller leurs enfants, jusqu’à ce que ceux-ci vivent de leur propre travail.
- Donc, la somme que les caisses de retraite par répartition ont à répartir entre les retraités dépend d’autres facteurs que l’espérance de vie des salariés et la fécondité du peuple français ; parmi ces facteurs, nous pouvons citer :

  • la somme totale des salaires versés à tous les salariés (ou masse salariale nationale), et le rapport de cette masse au produit intérieur brut (PIB, qui est la somme de tous les revenus personnels, salariaux ou non) ;
  • le nombre des salariés, le rapport de ce nombre au nombre des personnes en âge de travailler ;
  • le rapport de chaque salaire à la valeur des marchandises que le salarié a contribué à créer par son travail ;
  • le salaire perçu par chaque salarié, ou plus exactement son pouvoir d’achat, c’est-à-dire le rapport de ce salaire à la valeur totale des marchandises disponibles pour être vendues sur le marché national.

- Tous facteurs auxquels il faut ajouter le mauvais vouloir des capitalistes : ils ne se sont jamais génés pour retenir les « parts patronales » dans leurs trésoreries comme si elles appartenaient aux patrons, et le président Giscard d’Estaing a donné son accord pour qu’elles ne soient versées que partiellement aux caisses !
- Il se montre ici qu’en agissant de manière coordonnée sur les sommes collectées par les caisses de retraite, les propriétaires des plus gros capitaux produisent sur elles des effets bien plus importants que ceux que produit la variation de la fécondité de la population, et bien plus importants que ceux que produit l’allongement de la durée moyenne de la vie des anciens salariés à qui les caisses de retraites par répartition versent une pension.
- Comprenons bien de quoi il s’agit : les membres du parti capitaliste sont les propriétaires des plus gros capitaux actifs dans notre pays : ils contrôlent directement ou indirectement les entreprises employant le plus grand nombre de salariés, ce qui place sous leur coupe la majorité des salariés de notre pays ; certains commentateurs de la fin du Front populaire ont appelé « mur d’argent » le grand pouvoir d’agir en politique que leur confèrent les droits de la propriété ; ils utilisent ce pouvoir sans même siéger dans une instance gouvernementale ; en outre, les gouvernements bourgeois les servent avec zèle ; le fait est que ces gens sont peu nombreux : environ deux cent avant 1940 ; ensuite, la concentration des capitaux a réduit le nombre des plus riches : ils étaient moins d’une centaine vers le milieu du vingtième siècle ; ils sont aujourd’hui quelques dizaines.
- Leur petit nombre leur permet de se concerter facilement, et de coordonner les politiques d’entreprises de manière à obtenir les effets politiques conformes à leurs intérêts.
- Le seul moyen de sauver définitivement notre système de retraites est d’exproprier les capitalistes des terres, mines, usines, maisons de commerce, banques et autres établissements financiers qu’ils possèdent ou qu’ils contrôlent indirectement ; il faut nationaliser, ou socialiser, ces objets de leur propriété.

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