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Quelle force peut vaincre le pouvoir des propriétaires des plus gros capitaux ?

article publié par l’Echo le 16 février 2011

vendredi 11 février 2011, par Jean-Pierre Combe

-La Révolution française est l’œuvre des membres de notre peuple rassemblés dans la lutte pour renverser l’oppression des riches exploiteurs : ce fut une réussite partielle.
- La Libération de la France fut une nouvelle tentative :

- cet événement a commencé au printemps de 1943, par l’insurrection nationale qui a chassé de notre pays les armées nazies et fascistes, mis en fonction, sous la présidence du Général De Gaulle, les parlements à majorité progressiste et les gouvernements, dont certains ministres étaient communistes, qui ont agi hors du contrôle grand-bourgeois. Cet événement fut interrompu en mai 1947 par la grande bourgeoisie : celle-ci avait réussi en effet, pendant l’hiver de 1946-1947, à disperser l’union populaire, ce qui lui permit de reprendre la haute main sur l’Etat, comme elle l’avait avant-guerre depuis la fin de la Révolution.
- C’est en exerçant la propriété privée sur les plus gros capitaux terriens (miniers et agro-alimentaires), industriels, commerciaux et financiers que la grande bourgeoisie capitaliste agit en politique : son action est arbitraire, aucune discussion démocratique ne la contrôle ; ses chefs appellent lois de l’économie les règles arbitraires qu’ils imposent ; leur moyen essentiel, premier, mais insuffisant, est la violence de l’économie capitaliste : ils y ajoutent la violence judiciaire et policière, celle des Etats ; pour la grande bourgeoisie, l’Etat est en effet le plus indispensable des accessoires : la démocratie n’est pas dans la politique de ses gouvernements.
- Depuis juin 1947 donc, les forces du peuple sont inférieures à celles de la bourgeoisie, et ce rapport évolue sans cesse dans le sens des intérêts grands-bourgeois : dans ces conditions, il a fallu à la bourgeoisie soixante ans (c’est-à-dire deux générations !), pour saboter notre vie associative et communale, détruire les réalisations de la Libération (Sécurité sociale, caisses de retraites et nationalisations) et faire voter le projet de loi Sarkozy-Fillon-Woerth, dont elle espère, sans le dire, la fin de la répartition. Cela appelle deux remarques :

  • d’abord, la longue résistance des réalisations de la Libération : sa principale raison est la profonde démocratie du mouvement populaire de la Libération, qui les a imprégnées de telle manière que pendant longtemps, leur destruction avançait très lentement et prenait des chemins détournés (remarquez bien que la démocratie était absente des nationalisations de 1982, dont la destruction a duré moins de quatre ans).
  • ensuite, la loi de réforme des retraites pourrait bien ne pas mettre fin au mode financier de répartition : dans son histoire, la répartition a longtemps été clandestine.

- Et justement : comment la répartition a-t-elle pu apparaître, exister et durer, alors qu’elle est totalement contraire au mouvement que la propriété privée confère aux capitaux, qu’elle est sans cesse combattue par les propriétaires des principaux capitaux, et sans cesse battue par la violence de l’économie capitaliste ?
- L’idée de la répartition financière est née au commencement de l’ère industrielle, lorsque la dictature bourgeoise posait la guenille de l’empire de Napoléon Bonaparte et revêtait les habits mités de la « Monarchie restaurée » : les ouvriers étaient plongés dans un besoin urgent de vivres, de vêtements, de logement, de soins élémentaires, d’argent ; leur survie n’était possible que par la lutte et seule leur union leur permettait de lutter : ils ont alors inventé de satisfaire leurs besoins financiers en unissant leurs ressources afin de les répartir selon leurs besoins de survie et de lutte : cette interprétation du proverbe L’union fait la force fut d’abord la règle de fonctionnement de caisses de secours clandestines, dont le développement a bientôt donné lieu d’une part à la création de caisses de secours en cas de maladie ou d’accident, d’autre part à celle des caisses de grève, et aux premiers syndicats, toujours financés selon le même principe ; le fonctionnement des caisses de secours est bien évidemment mutuel.
- Ayant vaincu la révolution de février 1848, le gouvernement pré-impérial de Louis-Napoléon Bonaparte a verrouillé la finance des mutuelles, en les soumettant à l’administration préfectorale et à l’obligation de se faire réassurer par un fonds capitaliste.
- Le mouvement populaire n’avait jamais cessé de revendiquer pour chacun le droit de vivre dignement, ni d’user diversement et toujours efficacement du principe que l’union fait la force et de financer ses diverses organisations par la répartition : la « seconde république » ne lui a pas donné le temps voir le grand jour ; longtemps totalement clandestin, son expérience est la base de ce qui devint, vers la fin du dix-neuvième siècle, la coopération, la mutualité, le syndicalisme et les mouvements populaires associatifs, sportifs, culturels et politiques : la raison d’être de la répartition est la revendication de liberté et d’égalité en droits, et sa première source durable est la composante ouvrière du mouvement populaire de revendication issu de la Révolution française.
- La force qui a imposé l’existence dans notre pays du mode financier de répartition, c’est la force avec laquelle le peuple travailleur de France a pris en mains dès 1791 la revendication de l’Egalité en droits et de la Liberté.
- Ainsi donc, il existe une force capable de combattre le pouvoir politique des propriétaires des gros capitaux, capable de mettre fin aux injustices et à la misère qu’impose à la majorité d’entre nous la politique des intérêts capitalistes : cette force est celle que l’union du peuple donne à la revendication de liberté et d’égalité en droits de tous les habitants du pays.
- C’est elle qu’il faut mobiliser.

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