Ami de l’égalité

Aux côtés des travailleurs

PEUPLE et CULTURE Corrèze, UNE UTOPIE COMBATTANTE

par Roger Eymard

jeudi 9 février 2012

- Quand ils sont descendus de leurs maquis du Vercors avec leurs sacs à dos, éreintés, à l’été 1944, du côté de Grenoble, ils ont posé leurs mitraillettes, leurs pains de plastic, leurs ceinturons et leurs cartouchières de cuir racorni... mais pas leurs livres, jaunis, écornés, leurs armes pour résister, pendant deux hivers dans la neige et le froid, avec des veillées de lectures en commun, de montages de poésie et de chansons, de cercles d’études et de discussion, et l’idée de refaire le monde.

- Autour d’un jeune prof de lettres (Joffre Dumazedier, militant laïque s’il en fut) et d’un jeune charpentier toulousain (Benigno Cacérès, espagnol, venu de la JOC -Jeunesse Ouvrière Catholique-) se sont créés le CEO (Centre d’Education Ouvrière, avec l’UD-CGT) et PEUPLE et CULTURE :

  • pour rendre la culture au peuple,
  • pour rendre le peuple à la culture.

- (« Peuple et Culture » était -déjà- le nom d’une association d’Education Populaire fondée en 1936, aux jours ensoleillés du Front Populaire, dans la banlieue de Grenoble -Sassenage- par des hommes généreux, que Dumazedier et Cacérès avaient -peut-être- connus dans les maquis du Vercors).
- Quelques années plus tard, à la fin des années 40 (et alors que retombe l’élan de la Libération et que monte l’écume de la guerre froide et ses relents de chasse aux sorcières, même en Corrèze), quelques jeunes hommes et jeunes femmes de la Corrèze1 ont repris ces livres pour s’engager dans la même utopie... mais la Résistance aussi était une utopie, qui avait réussi.
- Et pendant des années, de veillées en veillées, un stage après l’autre, voyage après voyage, frères de combat et d’espérance, ils vont cultiver l’utopie, les dimanches et les jours fériés, après le travail.

- En ces temps-là, il y a soixante ans, PEUPLE et CULTURE, PEC, faisait sourire (d’autant que PAIC était aussi une poudre à laver pour les premières machines, ou un pastis, PEC 51 – 51 degrés d’alcool !), sourire, ou ironiser, ou cracher les vieilles pétoires de l’anticommunisme sur ces petits jeunes qui voulaient faire du neuf, et pas avec du vieux. Et pourtant...
- Idéalistes, ces jeunes hommes et ces jeunes femmes qui organisent des voyages d’études dans les vergers de semi-altitude du Trentin-Haut-Adige (Italie du Nord) pour des dizaines de paysans, par qui fleurissent aujourd’hui deux ou trois mille hectares de pommiers, du côté de Juillac et de Pompadour ?
- Candides, ces jeunes femmes et ces jeunes hommes qui luttent, en 1951, aux côtés de la centaine d’ouvriers licenciés de la « Manu », à Tulle, ou, en 1961, pour la réintégration de Jehan Mayoux, « Inspecteur Primaire » à Ussel, révoqué pour avoir signé le « Manifeste des 121 » qui appelait à l’insoumission face à la guerre d’Algérie (avec Sartre, Alain Resnais...) ? Candides, ces jeunes pacifistes, et anticolonialistes, qui diffusent, sous le manteau, des centaines d’exemplaires de « La question », le livre d’Henri Alleg contre la torture en Algérie ?
- Esprits fumeux, ces jeunes hommes et ces jeunes femmes qui, veillée après veillée, vont présenter un film censuré, « Potemkine », (avec souvent deux gendarmes au fond de la salle), et aussi « Nuit et Brouillard », et plus de 120 fois en Corrèze, dans une commune sur deux ou presque !, avant que ne soit levée la censure qui le frappait... ou « Le Chagrin et la Pitié », interdit à la Télé plus de dix ans ?
- Intellectuels fatigués, ces jeunes hommes et ces jeunes femmes qui, à la pelle, à la pioche, à la brouette, feront les terrassements et la route de VOILCO 1, à Saint-Priest de Gimel, ou de VOILCO 2 à Servières, premiers chaînons des Centres Sportifs et de Nature populaires dans les années 60, pour les enfants du peuple, le peuple des enfants ? Intellectuels fatigués ou primitifs des temps à venir ?
- Dans la lune, ces hommes et ces femmes qui organisent, tout un hiver, en trois ou quatre endroits, des cercles d’information économique et sociale, des Universités Populaires volantes, les « UNIPOPS », (d’économie politique, d’histoire du mouvement ouvrier, des luttes populaires, d’Entraînement Mental, une méthode de formation intellectuelle pratique, mise à l’index par les bien-pensants !) ?... Veillées fraternelles pour échapper à la dictature du quotidien ou à la tentation de l’action à tout prix, pour voir plus loin que la revendication immédiate (même si elle est justifiée, voire imposée par la lutte).
- Premiers pas, pour des dizaines et des dizaines de travailleurs de la terre (30000 paysans en 1950, en 2010 : 2000 ? 1500 ?), de l’usine ou du bureau -comme on disait à l’époque- vers un engagement syndical, associatif ou politique conséquent !
- Chimériques, ces gens de PEC qui, après le coup d’Etat de Pinochet au Chili, le 11 septembre 1973, (mais aussi après une mission d’études de trois de ses militants aux temps de l’Unité Populaire) organisent une collecte à haute fréquence pour les réfugiés chiliens, jour après jour, veillée après veillée, stage après stage, voyage après voyage, récital du groupe de musiciens Quilapayun après récital, sou par sou, jusqu’à... 5 millions d’anciens francs ? Chimériques peut-être, internationalistes, certainement !
- Naïfs ou novateurs, ces gens de PEC qui, dans les années 70, organisent les -premières ?- sessions d’information sur l’écologie ?
- Peu réalistes, ces bricoleurs d’Education Populaire qui, outre le bulletin trimestriel de PEC, tiré à 700 exemplaires, (sur des thèmes économiques et sociaux régionaux) créent une « maison d’édition » « Corrèze Buissonnière », dont les ouvrages seront diffusés à 3000 ou 6000 exemplaires ? Et une troupe de théâtre, dont le spectacle majeur, « Ainsi soit Tulle », tournera dans le département, devant des milliers de spectateurs ? Sans doute la création théâtrale du siècle, ici ?
- Blancs becs ? Pas sûr, ces militants d’une cause toujours recommencée, qui organisent -à moitié prix- pour des milliers de travailleurs corréziens -mais pas seulement– (paysans, ouvriers, employés, enseignants, plus de 5000 !) des voyages d’information ou d’études (8-10 jours), des missions d’études (3 semaines, un mois), dans l’Europe de l’Ouest, de l’Est, en Algérie, en Israël (celui des années 50, des kibboutz, le seul pays où le communisme avait réussi... mais grâce aux dollars US !), là où l’histoire est en train de se faire (la Révolution des Oeillets en 1975 au Portugal, la Pologne de Solidarnosc en 1981...)
- ... Et novateur, avec ça, PEUPLE et CULTURE, qui élit souvent des femmes à sa présidence, ou à 50 % de son Comité Directeur, la parité avant le bla-bla sur la parité.
- Sans le savoir, les militants de PEC avaient peut-être un rêve d’avance, gagne-petits qui cherchaient des traces du futur.
- L’action de PEUPLE et CULTURE participe toujours de ses deux valeurs premières : le peuple, la culture :

  • le peuple : non pas le « populo » (selon la bourgeoisie de l’époque), ni ceux qui font dans l’esprit « people » du 21ème siècle, encore moins le peuple souvent déçu -parfois trahi- de tous les populismes, mais le peuple du 14 Juillet, sujet de son destin, de son histoire ;
  • la culture : pas celle comme la confiture (moins on en a, plus on l’étale), pas non plus la culture comme supplément d’âme, ni même le vernis qui reste quand on a tout oublié, encore moins la culture « désintéressée », qui se désintéresse un peu trop de la vie quotidienne, ou la culture ornement pour banquet républicain, ou la culture prise dans les débats du siècle dernier (culture populaire ou culture savante ? Culture bourgeoise ou culture prolétarienne ?),
    • mais la culture comme double processus, à l’échelle sociale, « d’objectivation » et de « subjectivation » (... tout de suite, les grands mots... le lecteur fatigué doit passer au paragraphe suivant...). Double démarche :
      • une phase « d’objectivation », c’est-à-dire de création d’un « objet » (idées, images, spécimens, modèles, notions, oeuvre d’art, etc) par le créateur (chercheur, intellectuel, artiste), en fonction de ses hypothèses, de son imagination, de sa sensibilité,... selon sa visée ;
      • une phase de « subjectivation », c’est-à-dire de modification du « sujet » (lecteur, auditeur, spectateur...), d’intériorisation, d’assimilation, d’appropriation de « l’objet » culturel,... selon sa vision.

- Cette double démarche, et sa dialectique, ne tombent pas du ciel, et ne se font pas seulement « en allant au peuple » (comme dans les Universités Populaires du début du 20ème siècle , 200 en France, une seule en Corrèze, à Tulle (« Manuville »), au coeur des quartiers ouvriers, à deux pas de la Gare et de ses 150 cheminots, presque dans la « Manu » et ses milliers d’ouvriers ; Universités Populaires fondées par des ouvriers, des instituteurs, des intellectuels généreux (Zola, Péguy, Anatole France, Jaurès) troublés par la frilosité sinon l’inertie des syndicats et partis de gauche au moment de l’Affaire Dreyfus, et qui pensaient qu’un peuple deux fois plus instruit serait un peuple deux fois plus républicain) ; mais, selon PEC, dans des conditions concrètes déterminées et avec une stratégie aussi adaptée que possible, telle qu’esquissée sinon définie dans son Manifeste :

  • « ... Le développement culturel, l’accès des travailleurs à la culture en particulier, se heurtent à des obstacles économiques, sociaux, culturels, politiques (conditions de travail, de vie, de loisirs, d’éducation...) liés à la société actuelle.
    • Ils dépendent donc, en dernier ressort :
    • non pas des efforts de l’enseignement et de l’éducation populaire car, même s’ils peuvent, sous certaines conditions (buts, contenus et méthodes), y contribuer, ils ne peuvent briser les rapports actuels de production (existence de la propriété privée des grands moyens de production et d’échanges) mais de la lutte économique, sociale, culturelle et politique que mènent la classe ouvrière, ses organisations et ses alliés.
  • Les positions et l’action de PEC sont inséparables de la lutte des classes.
  • En conséquence, PEC reconnaît la responsabilité du mouvement ouvrier, du mouvement syndical en particulier (grandes centrales syndicales ouvrières et laïques, notamment la CGT) pour :
    • diriger l’action destinée à briser les obstacles (économiques, sociaux, politiques) au développement culturel,
    • orienter le combat des travailleurs pour l’accès à la culture.
  • PEC prend place dans ce combat en fonction de sa nature et de sa personnalité.
  • Sa contribution spécifique s’exprime :
    • d’une part, sur le plan politique, par le soutien qu’il apporte aux luttes des travailleurs et de leurs organisations pour améliorer leurs conditions de travail, de vie, et pour briser le capitalisme, (...) en agissant pour que les intellectuels manifestent leur solidarité,
    • d’autre part, sur le plan culturel, par le soutien qu’il apporte au combat que mènent les intellectuels et les artistes pour la liberté de création et l’obtention des moyens nécessaires à une large diffusion (crédits, personnels, équipements), (...) en agissant pour que les travailleurs et leurs organisations pèsent dans ce sens. »

- (Après plus d’un demi-siècle, ce texte peut prêter à sourire,... Voire ?)
- En pratique, le travail de PEUPLE et CULTURE qui se veut non pas une Association avec des « activités », mais un Mouvement qui conduit des actions cohérentes (avec ses valeurs, des buts, des principes, des moyens, des méthodes), et qui a, non pas un Conseil d’Administration, mais un Comité Directeur ! s’organise sur de nombreux terrains : le livre, le cinéma, le théâtre, le voyage, les UNIPOP (Universités Populaires).
- Autour du livre : pour promouvoir la lecture, il faut que le livre aille au devant du lecteur, que le lecteur aille au devant du livre, soit au cours de « veillées-lecture » (lecture à haute voix, dans un petit groupe, d’un roman pris dans ses pics d’intensité dramatiques -l’histoire-, suivie d’une discussion à partir des impressions et des réflexions de chacun), soit des « montages » de poésies-chansons-textes de liaison, comme à la radio, sur des thèmes populaires (La Commune, le Premier Mai, le Front Populaire, la Résistance, la « Corrèze et le désert français », « Peau noire et Poésie » (sur la condition des Noirs), le « Jazz, musique de la douleur », etc...) ;
- autour du film, au temps du ciné de Papy, avec des films qui, sans PEC, ne seraient jamais arrivés dans les villes et les villages : Potemkine, La Bataille du Rail, Le Jour se lève, la Grande Illusion, les Raisins de la Colère, Jour de Fête (de Tati), Jeanne d’Arc (de Dreyer), Napoléon (d’Abel Gance), et bien sûr, Nuit et Brouillard et Le Chagrin et la Pitié ; la projection étant souvent précédée d’un montage de poésie-chansons, et, dans les petits groupes, suivie d’un débat qui progresse suivant le principe d’Eisenstein : « De l’image au sentiment, du sentiment à l’idée » ;
- autour du théâtre, avec la venue en Corrèze (de 200 à 500 km !) des grandes troupes de la « décentralisation théâtrale » : le Grenier de Toulouse (de Maurice Sarrazin), la Comédie de Bourges (de Gabriel Monnet, ancien maquisard de l’Ardèche, pionnier de PEC), la troupe de Jean-Claude Fal (de Montpellier), celle d’Antoine Bourseilles, de Marseille, celles plus modestes d’Avignon, (Gélas et André Benedetto), etc... dans le grand répertoire -Molière, Shakespeare, Brecht, Musset...- ou des créations au vitriol (Le petit train de Monsieur Kamodé), ou V comme Vietnam, d’Armand Gatti, maquisard en Corrèze, à 17 ans, à Tarnac (que les hommes de main du groupuscule fasciste d’Occident tenteront de saboter en Corrèze), et aussi Ainsi soit Tulle, le spectacle majeur de la troupe itinérante de PEC... Avec, à chaque fois, des salles combles et comblées, à chaque fois, une prouesse financière pour un mouvement sans le sou !
- (... Et quand le théâtre ne vient pas jusqu’à eux, ce sont les adhérents et amis de PEC qui vont jusqu’à lui : à Bellac, au Festival d’Avignon, à Paris -deux autocars plusieurs fois pour un week-end- à la Cartoucherie de Vincennes, pour les spectacle mémorables d’Ariane Mnouchkine : 1789, 1793 ou ceux de Robert Hossein !)
- autour du voyage : les voyages de PEC -disait-on- ne sont pas pour ceux qui voyagent comme des valises, mais pour ceux qui ne confondent pas voyage et performance, pour ceux qui ne vont pas au bout du monde pour en rapporter des clichés, des gadgets ou des pièces à conviction, pour ceux qui voyagent pour défaire les idées toutes faites, pour ceux qui vont voir ailleurs aussi pour mieux voir d’où ils viennent.
- Temps de rupture et temps de rencontre, moments de remise en cause pour une remise en ordre, le voyage de PEC commence avant le départ (journée de préparation) et ne se termine pas le soir du retour (journée d’évaluation).
- Ceux-là n’oublient jamais -même 30 ou 40 ans après- qui ont vécu cette Université Populaire, coopérative mais un peu bohème, avec ses huit ou dix jours de vie partagée,... et ses 40 heures d’exposés-débat (dans le car), de visites, d’interviews, de discussion le soir en petits groupes avant le rapport en séance plénière, sur fond de chansons, entre deux visites, quelque part, dans une église baroque d’Europe Centrale, devant un Vermeer ou un Rembrandt au Rijksmuseum d’Amsterdam, ou les plus belles fresques de Giotto... (et parfois, l’histoire est pleine de malice : c’est à la suite d’un voyage, à 60, aux Jeux Olympiques, qu’une jeune Corrézienne a épousé... Alain Mimoun !)
- autour des UNIPOP, d’histoire (des luttes populaires), de géo-politique, d’économie politique... mais surtout « d’Entraînement Mental », l’UNIPOP des UNIPOP.
- Ceux qui critiquent ou calomnient PEC (et ils ne sont pas tous à droite) s’en donnent à coeur joie :

  • ironiques : « votre truc là, d’entraînement-chose, c’est un traitement préventif pour maladie mentale ? »
  • outragés : « ce machin, c’est un moule à penser, une méthode subtile de dressage, pas pour former, pour conformer ? »
  • savants : « cette soi-disant méthode, c’est une nouvelle rhétorique, une nouvelle scolastique ? »
  • politicards : « entraînement ? Tu parles, un sous-produit du marxisme, oui ! »

- Latin du pauvre ou pas, gymnastique intellectuelle ou non, l’Entraînement Mental est une stratégie de formation à l’analyse et à l’expression, avec ses buts, ses principes, ses moyens, ses méthodes :

  • ses buts : s’entraîner à mieux analyser, mieux agir... mieux s’exprimer aussi ;
  • ses principes : c’est une méthode d’entraînement à un mode de pensée dialectique, qui considère en particulier :
    • que tout change (notion d’évolution),
    • que tout se tient (notion d’interaction et de complexité),
    • que toute chose est grosse de son contraire (notion de contradiction : tout ce qui oppose unit) ;
  •  ses méthodes : liées d’une part aux caractéristiques intellectuelles de l’autodidacte (celui que l’école a quitté trop tôt) et d’autre part à l’entraînement sportif (celui de la contrainte qui libère, à base d’exercices d’observation, d’imitation, de répétition, de création, etc...), chaque opération mentale n’étant que le point initial d’un développement plus large de la pensée, par exemple, s’entraîner :
    • à « énumérer »,... mais sans isoler les éléments du tout (qui les détermine, mais qu’ils déterminent à leur tour),
    • à « comparer »,... mais sans confondre,
    • à « distinguer »,... mais sans séparer,
    • à « classer »,... mais sans compartimenter,
    • à « définir »,... mais sans figer,

- et ensuite à rechercher les causes, évaluer les conséquences, se fixer un but, des principes, des moyens, des méthodes,... en un mot de passer des FAITS aux IDEES, des IDEES aux ACTES, mieux comprendre pour mieux agir, transformer le maximum d’expérience en conscience et le maximum de conscience en expérience.
- Ni potion magique, ni recette miracle, ni remède de bonne femme, l’Entraînement Mental a aidé des dizaines de militants d’associations, de syndicats, parfois de partis politiques, à y voir plus clair pour y voir plus loin, pas à pas, sur un chemin qui mène à d’autres chemins. (Au début des années 80, une trentaine de maires de la Corrèze avaient participé à une session de PEC -1 sur 10 !- et aussi plusieurs conseillers généraux ... et même deux députés suppléants !)
- (... Et pourtant, même avec l’Entraînement Mental, Peuple et Culture a pas mal tâtonné, souvent bricolé, voire commis beaucoup d’erreurs !)
- Aux commencements de PEC, dans les années 1950, il y avait la Corrèze, terre de résistance certes, mais encore largement dominée - et depuis des décennies - par le parti radical et sa vision étatique – seule légitime – de l’action éducative et culturelle : le phénomène associatif n’est pas encore devenu thème des discours politiques (en Corrèze, en 1950 -50 ans après la loi de 1901- seulement 150 associations ! En 2010, 8000 !)
- Sale temps pour les associations, d’autant que les militants de PEC, ces jeunes sérieux et gais, qui ont tout l’air des premiers chrétiens au sortir des catacombes, dérangent :

  • ... ces incroyants qui ont la foi, et qui dénoncent l’esprit de chapelle et l’esprit de boutique, et qui fustigent les béni-oui-oui et autres prêchi-prêcheurs de toute obédience, d’où viennent-ils ? Pour aller où ?
  • ... Ces hommes et ces femmes engagés, qui parlent avec leurs partenaires, -mais parfois contre- qu’ont-ils derrière la tête ?
  • ... Ces donneurs de leçons, qui travaillent à l’oeil, ça ne doit pas être pour rien -ah mais !- doit y avoir quelque chose derrière ?
  • ... Ces militants qui militent pour leurs idées avec le coeur, on les attend au tournant. Inusables, les vieilles pétoires, calibre 12 ou calibre 16 !

- Désormais, pour les enfants de Ségurel et de Coca-Cola, la culture s’est faite une tête d’ordinateur et ...de tiroir-caisse.
- Place au grand bric-à-brac culturel pompe à fric, à la grande soupe de la convivialité -festive, participative, commémorative... et lucrative-.
- Autour des associations de l’ère « dite » associative, qui tirent le diable par la queue, place à :

  • la culture-business de la Contre-Réforme libérale... et du chômage,
  • la culture « instituée » (parfois instrumentalisée) par les collectivités publiques (et leurs « services » et leurs « départements » culture, ou... leurs associations bidons !)

- Quand tout change autour de soi, il faut savoir changer... pour rester le même : à 60 ans, -mais 60 ans, ce n’est pas vieux pour une association- PEC est à l’heure d’Internet.
- PEUPLE et CULTURE, toujours engagé, pas enrôlé,... et qui pense toujours que la politique n’est pas tout, mais que tout est politique,
- ...et qui pose toujours un regard politique sur la vie culturelle, et un regard culturel sur la vie politique.
- Pour le même combat -le combat des mêmes contre les mêmes- pour la même utopie.
- Utopie, mot mal éteint.
- ... René Vialle, ancien résistant FTP, secrétaire général de l’UD-CGT de la Corrèze pendant de longues années, s’est souvent associé aux initiatives majeures de Peuple et Culture (parfois compris, parfois non ; pas toujours suivi).

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