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Pouvons-nous renoncer à la laïcité ?

article publié par l’Echo le jeudi 28 juin 2 012

dimanche 1er avril 2012, par Jean-Pierre Combe

- Deux idées circulent dans certains milieux :

  • l’une est que laïcité et pluralisme, cela reviendrait au même,
  • et l’autre, que grâce au pluralisme, il n’y aurait plus besoin de se préoccuper de laïcité ; en somme, le pluralisme serait supérieur à la laïcité.

- Il arrive assez fréquemment, dans les discussions de nombreuses associations, que certains mettent l’une ou l’autre de ces idées en avant, et j’ai souvent constaté que cela se produit à un moment des discussions où les différentes idées débattues montrent leur mouvement divergent au point que devient nécessaire la recherche d’une base, que l’on pense souvent comme « base de compromis », sur laquelle ceux qui discutent pourraient poursuivre leur discussion sans risquer d’en venir aux mains : faite à ce moment, l’invocation du pluralisme a très souvent pour but, et pour effet, d’empêcher la discussion d’aboutir à une conclusion logique.
- Si une décision est alors nécessaire, ceux qui discutent n’ont que deux possibilités : en référer à une autorité, à un « roi » quelconque, en le chargeant de formuler la décision, ou faire voter le groupe au sein duquel se déroule la discussion ; le recours au vote est aussi un recours à l’autorité.
- Dans les deux cas, la discussion est arrêtée avant d’avoir atteint sa conclusion ; l’autorité a servi d’étouffoir ; le vote n’a pas apporté une solution plus démocratique que le roi ; il est intervenu avant que les arguments aient été pleinement échangés : de ce fait, il a tranché entre des propositions incertaines, et la solution qu’il a apportée est avec la vérité de la situation dans un rapport douteux.
- Aux temps d’après la Renaissance, des rois Henri 4 à Louis 14, résoudre les conflits en en appelant à l’autorité était la seule possibilité : toutes les comédies de Molière en témoignent.
- Mais l’appel à l’autorité absolue du monarque ne pouvait suffire : son gouvernement avait certes réussi à faire cesser dans le royaume les guerres ouvertes de religions ; elle était venue à bout de la Fronde des princes, mais si les guerres n’étaient plus des guerres, les meurtres n’avaient pas cessé, ni les procès de haine et de calomnie ; si l’intensité de la violence avait beaucoup baissé, les conflits essentiels n’étaient pas résolus.
- C’est dans ce même temps que les progrès des sciences commençaient à se diffuser en modifiant les techniques, que les récits des grands voyageurs se répandaient et que les philosophes, puissamment stimulés par ces progrès, poussaient leur questionnement et leurs réflexions.
- Le bouillonnement qui en résultait a initié les principes dont notre Révolution a fait les fondements explicites et durables de notre vie sociale, ceux qui ont mis fin aux conflits interreligieux : la base de la paix religieuse en France fut bâtie par la Révolution sur un principe qui a été nommé plus tard : c’est le principe de laïcité.
- Ainsi donc, invoquer le pluralisme pour éviter l’analyse laïque des désaccords entre les idées n’a pas d’autre effet que de ramener l’esprit de notre société à l’état dans lequel il se trouvait lorsque régnait le « Roi Soleil » :

  • si le pluralisme baillonne la laïcité, alors, les citoyens ne sauront plus résoudre les divergences de leurs idées, la haine ne trouvera plus son antidote, et notre société s’enfoncera encore plus profond dans la violence.

- Renoncer à la laïcité de notre République et de notre vie sociale serait la plus grande faute collective que les habitants de la France pourraient commettre, et la plus dramatique.

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