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Il faut démanteler l’industrie nucléaire militaire !

lundi 3 octobre 2005, par Jean-Pierre Combe

- Les gouvernements que nous connaissons aujourd’hui sont fidèles à une tradition vieille de plusieurs dizaines de siècles : ils maintiennent la guerre dans la panoplie des moyens banaux de leur politique, et l’emploi de ces moyens leur semble bien souvent souhaitable.
- Cette circonstance constante fait que les pacifistes ne peuvent espérer aucun succès aussi longtemps qu’ils placeront leur réflexion dans les cadres politiques fixés par les gouvernements.
- Il nous faut donc rendre toute leur activité aux principes posés par les anciens résistants qui ont lancé l’appel auquel répondait la formation du Mouvement de la Paix, et ancrer nos délibérations et nos efforts dans l’exercice par nous des droits que possède tout être humain, que nulle police, nul état, nulle armée n’ont le droit de suspendre ou d’abolir, même et surtout lorsqu’une guerre se prépare.

Du bon usage de l’horreur

- Dans cet esprit d’un pacifisme concret que les citoyens doivent imposer aux gouvernements, je veux commémorer à ma manière les bombardements nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki, en prenant position sur le sujet des armements nucléaires dont la quantité présente à la surface de la Terre suffirait à la détruire d’innombrables fois. Je ne décrirai pas l’horreur de ces bombardements : elle a été maintes fois décrite, et cet été, leur soixantième anniversaire fut l’occasion de rappeler avec force ce qu’elle fut, depuis Hiroshima où une délégation française était présente.
- En vérité, cette horreur s’est immédiatement inscrite dans la conscience humaine : c’est précisément en l’exploitant que ceux qui gouvernaient le pays le plus riche de la planète ont lancé la course aux armements nucléaires. Dans des revues destinées au grand public, leurs idéologues décrivaient avec complaisance la facilité que le bombardement nucléaire allait apporter à leur armée pour conquérir le territoire convoité, et avec cynisme le champ de ruines radioactives que deviendraient les villes ennemies.
- Il y a de telles revues dans de nombreuses bibliothèques de notre pays même, et les historiens feraient bien de les mettre dans leur fonds documentaire : ces revues agissaient sur l’opinion publique ; ce sont elles qui ont lancé le défi qui a déclenché la course aux armes nucléaires ; elles ont transformé l’horreur réelle imposée aux villes japonaises d’Hiroshima et Nagasaki en un argument politique pervers que purent utiliser facilement ceux qui depuis lors n’ont jamais cessé d’accélérer la course aux armements nucléaires.

La course aux armements nucléaires, qu’est-ce que c’était ?

- C’était un affrontement dans lequel chaque adversaire, ou plutôt chaque ennemi, oppose sa force à la force de l’autre pour empêcher son mouvement. C’était au fond très analogue à un « bras de fer » : le vaincu est celui qui doit céder parce qu’il est épuisé avant l’autre.

Quels furent les camps de cet affrontement ?

  • Le défié était l’URSS.
  • Le défieur était le gouvernement des Etats-unis d’Amérique, bientôt rejoint par la Grande Bretagne, puis, quelques temps après, par Israël, dont il fut alors fort peu parlé...

- Entre-temps, la France se dotait aussi d’un armement nucléaire.

Comment chacun des adversaires évaluait-il les forces qu’il affrontait ?

- Pour les USA, l’URSS était le seul ennemi doté d’armes nucléaires. La Chine n’a produit son armement nucléaire que plus tard, et dans des conditions politiques et diplomatiques telles que l’état-major US n’additionnait pas les armes nucléaires soviétiques et chinoises.
- L’URSS quant à elle, additionnait évidemment l’armement britannique à celui des Etats-unis d’Amérique, et plus tard, à celui d’Israël.
- Les citoyens français ont longtemps cru que l’armement français n’était pas compté avec celui des USA : c’était une erreur. Il est vrai que le général De Gaulle en faisait le moyen de soutenir sa politique dite « tous azimuts » en prenant quelque distance avec le suzerain de l’atlantisme. Cela étant, ni l’état-major, ni le gouvernement soviétiques, ni le PCUS n’ont jamais eu de raisons de penser que les villes soviétiques ne serviraient pas de cible aux fusées françaises. De ce fait, l’évaluation soviétique des forces de l’ennemi a toujours intégré l’armement nucléaire français dans l’arsenal nucléaire pointé sur l’URSS. Cela élevait encore un peu plus l’effort d’armement nucléaire qu’ils estimaient nécessaire.
- Or, cet effort a épuisé l’URSS et fut l’une des causes principales de son effondrement.
- Cela donne la mesure de ce que coûte un tel effort !
- Nous trouvons une autre mesure de ce coût dans la contribution de l’industrie nucléaire militaire à la pollution qui nous empoisonne. Cette contribution a été étudiée à partir des documents rendus publics par l’ONU et par diverses Organisations non gouvernementales.
- Selon ces documents, l’industrie mondiale des armements nucléaires militaires produit plus de la moitié de la pollution chimique ou thermique de la planète : vous avez bien entendu : si nous démantelons aujourd’hui toute l’industrie des armements nucléaires, nous réduirons immédiatement la pollution chimique et thermique de la planète de plus de la moitié !
- Mais ces documents sont partiels et biaisés : se fier à eux ne peut conduire qu’à des résultats approchés par défaut, et que la vérité dépasse ! Un chef de gouvernement français questionné à ce sujet avouait que certains secrets d’état se traduisent par des silences budgétaires...

Aujourd’hui, où en sommes-nous ?

- Depuis treize ans, l’URSS n’existe plus : elle s’est dissoute, et l’économie de son territoire est maintenant capitaliste.
- Dans ces conditions, quel geste les gouvernements US, britannique, israélien, français, ont-ils fait pour réduire et supprimer un armement qui n’a plus d’objet ? Aucun !
- Cette réponse négative pose une nouvelle question : cet armement inutile, à quoi leur sert-il ? Cette industrie sans objet, à quoi leur sert-elle ?
- Lorsque je constate que l’économie est devenue capitaliste dans presque tous les pays du monde, une hypothèse s’impose à moi : les gouvernements, maintiendraient-ils l’industrie nucléaire militaire pour les énormes profits qu’elle procure aux propriétaires de l’industrie d’armement ? Les énormes profits que ces messieurs encaissent suffisent-ils vraiment à justifier que nous maintenions l’industrie nucléaire militaire ?
- C’est ici que les citoyens doivent intervenir : le profit n’est jamais un droit, et nul n’a le droit de spéculer sur la mort des humains. Suscitons et faisons monter un mouvement populaire capable d’imposer le démantèlement pur et simple de toute l’industrie nucléaire militaire, dans tous les pays du monde !

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