Ami de l’égalité

Pour une Corse libre de racisme

après les graves incidents racistes d’Ajaccio

vendredi 1er janvier 2016, par Jean-Pierre Combe

Qui verse l’huile sur le feu ?

L’autre soir, dans un quartier populaire d’Ajaccio, une équipe de pompiers a été attirée dans un guet-apens par ce qui ressemble à une bande d’abrutis dangereux, qui les a odieusement rossés et blessés. Pour quelle raison ? C’est facile de s’en prendre aux travailleurs du service public ! C’est facile et c’est lâche ! Et c’est criminel !

A peine cette agression fut-elle connue que s’est réunie une bande de racistes islamophobes, pour attaquer une mosquée, s’en prendre à nos compatriotes musulmans, les molester, leur causer des blessures, lançant contre eux des accusations sans fondement : cela s’appelle un pogrom anti-musulman !...

La rapidité avec laquelle le pogrom a suivi l’agression est suspecte au plus haut point, et donnera sans aucun doute du travail à la police judiciaire, pour trouver les coupables, et à la justice, pour les punir !

Ces évènements donnent une signification scandaleuse à l’article que publiait Corse-Matin, l’édition locale du très réactionnaire Nice-Matin, signé par son éditorialiste, qui est aussi correspondant du Monde en Corse ; cet article tirait à boulets rouges sur le « racisme anticorse », sous prétexte que plusieurs hommes politiques, à l’exception de Hollande, ont condamné l’incroyable déclaration de guerre à la France, à la Constitution, à la langue française, à la loi, mais aussi aux élus et aux Corses fidèles à la République, qu’a constitué le discours hyper-agressif prononcé en corse par Talamoni, avec son appel même pas voilé à l’indépendance et sa demande de libération pour des individus dont certains sont accusés d’avoir tué !

Ainsi donc, Môssieur Albertini juge bénin de prendre la parole dans une enceinte républicaine pour dire pis que pendre de la France, à laquelle tant de Corses ont sacrifié leur vie en combattant pour libérer l’île du joug mussolinien, de tolérer le fait que nombre de murs sur l’Île soient pollués du très « humaniste » slogan I.F.F. (I Francesi Fora, Les Français dehors !), de s’assoir sur la loi avec arrogance, ce qui mènerait en prison n’importe quel communiste…

Ainsi donc, répliquer VERBALEMENT et POLIMENT, d’une manière factuelle et argumentée à la mise en scène provocatrice de Talamoni devant l’Assemblée de Corse, comme l’ont fait, chacun à sa manière, Chevènement et le Pôle de Renaissance communiste en France, ce serait du « racisme anti-corse » accompagné de « flatulences », aux yeux des gens qui écrivent pour le « Monde »…

Comment ce journaliste du Monde ne voit-il pas que le discours ultranationaliste de Talamoni et de ses pareils pourrait bien déboucher non seulement sur du racisme antifrançais, mais encore bien plus sur du racisme anti-arabe et antimusulman, car ces derniers sont minoritaires dans l’île, donc bien plus fragiles ? Et dire que le drapeau accaparé par les nationalistes corses représente une tête de Maure !

Pour une Corse libre de racisme

Ce qui inquiète, c’est la montée, en Corse et ailleurs, sous couvert de régionalisme ou même d’autonomisme, d’un racisme qui proclame localement diverses identités communautaires et les oppose toutes les unes aux autres par une xénophobie virulente : d’où vient ce racisme ? Ni la Corse, ni les Corses n’en sont coupables !

La source de ce racisme est à Paris, et s’alimente aux multiples manifestes que publie le MEDEF afin de démonter l’Etat jadis élaboré en fonction de la nation qu’il avait pour mission d’encadrer, d’éliminer les conquêtes sociales du Conseil national de la Résistance, d’œuvrer à la reconfiguration des territoires, aux Etats-unis d’Europe, à nous imposer le tout-anglais, et même à l’Union transatlantique.

La source de ce racisme est à l’Elysée, car tous les gouvernements de nos présidents maatrichtiens ont composé avec le séparatisme violent, toléré que la Corse sorte de l’Etat de droit, encouragé le détricotage de la République une et indivisible réalisé par la contre-réforme territoriale qui applique à notre pays un modèle étranger, inspiré des Länder allemands, contre-réforme aiguillonnée par la Charte européenne des langues régionales dont le but est de retirer au français son statut constitutionnel de langue de la République ainsi que sa fonction d’exprimer la volonté de lutter et de vivre ensemble qui fédère le mouvement ouvrier et les vrais républicains de notre pays.

En réalité, que représentent les autonomistes et autres séparatistes qui se sont fondus en un seul bloc électoral lors des élections régionales ? Ils représentent une minorité des Corses vivant dans l’île, et qu’ont-ils à voir avec les nombreux Corses qui vivent sur le continent depuis des générations ?

Or, le corps électoral corse a refusé par référendum la fusion de ses deux départements en une seule collectivité territoriale (que l’actuelle régionalisation lui impose !), et le peuple français dans son ensemble a dit non à la Constitution européenne supranationale !

Que savent les autonomistes corses de l’histoire de la Corse ?

Nous avons déjà noté qu’ils ont gommé les sacrifices consentis librement au nom de la France par les habitants de la Corse pendant la deuxième guerre mondiale, pour libérer leur terre du joug du fascisme mussolinien ; mais ce n’est pas tout ce qu’ils oublient : ont-ils seulement jamais su que le généreux Pascal Paoli fut robespierriste, rousseauiste, universaliste et républicain ?

Que ni les « jacobins » persécutés, ni les Communards massacrés n’ont à répondre de l’ultracentralisation de la France réalisée au 19ème siècle : ce ne fut pas leur œuvre, mais bel et bien celle d’un Corse nommé Napoléon Bonaparte que la bourgeoisie riche a porté au pouvoir pour qu’il mette à la révolution une fin définitive, et de ses successeurs jusqu’à son neveu Louis-Napoléon, dit Napoléon Trois.

Le racisme communautariste et régionaliste que nous voyons se développer partout en France, et pas seulement en Corse, est le moyen qu’utilise la grande bourgeoisie capitaliste pour diviser les travailleurs de notre pays en petites communautés rivales afin de mater leur prétention à vivre dignement, et de les soumettre à une exploitation sans précédent.

Sortir tous ensemble de cette spirale infernale

Faire éclater notre peuple en communautés opposées, tel est bien l’objectif des quelques très grands bourgeois qui se disputent et se partagent le contrôle des capitaux de notre économie : nous refusons cet objectif, nous en réfutons les arguments et nous combattons les politiques qui le poursuivent ou qui y contribuent.

Tous les membres du peuple de France, quelle que soit leur origine, quelles que soient les langues qu’ils parlent ou voudraient apprendre et quelles que soient les régions qu’ils habitent ou préfèreraient habiter, toutes et tous ont intérêt à défendre leur droit à un travail rémunéré par un salaire assurant de vivre dignement à eux-mêmes et à leurs familles.

Afin de faire valoir cette revendication, toutes et tous ont intérêt à fédérer leurs luttes sur le plan politique aussi bien que syndical, à les fédérer en un Front républicain, antifasciste, patriotique et populaire pour l’indépendance de la France.

Tous les membres du peuple de Corse, tout comme celles et ceux du Roussillon, du Limousin, de Bourgogne, du Pays basque, d’Alsace, de Bretagne, du Nord-Pas-de-Calais et des autres régions ont intérêt à participer à cette fédération des luttes syndicales et politiques.

C’est en maintenant et en garantissant l’indépendance de la France par rapport à l’Union européenne, au grand capital mondialisé et à l’empire qu’il gouverne depuis Wall Street que les membres du peuple de France, Corse comprise, entreprendront de réduire les inégalités, de relancer les services publics, de relancer l’agriculture paysanne et l’industrie, de se rendre maîtres de leurs langues locales et régionales ainsi que des langues de leurs parents, de prendre connaissance de leur histoire en refusant toutes les censures : il s’agit vraiment de reconstruire la France des travailleurs chantée par Jean Ferrat, mais aujourd’hui réduite au silence par la dictature capitaliste exercée sur la presse écrite et télévisée, et accablée des coups mortels que lui portent les serviteurs du grand capital mondialisé.

Les gouvernements intégrés à l’Union européenne appliquent à la France la politique voulue par les propriétaires des plus gros capitaux, lesquels ont intégrés leurs capitaux à l’empire économique dont la capitale est Wall Street : leur politique, c’est la désintégration de notre langue commune, de l’industrie capable d’assurer en France la production nécessaire à la vie de ses habitants, et le démantèlement des institutions sociales conquises par les luttes populaires : elle a pour objectif d’assurer la montée du parasitisme dévastateur que réalise le capitalisme avec ses mots d’ordre du tout-financier, du tout-tourisme, du tout-immobilier…

Au contraire, la France des Travailleurs réalisera et assurera la République sociale, une et indivisible, laïque et donc diverse, populaire et démocratique, souveraine ; en Corse comme dans toutes les autres régions de cette république, les membres du peuple de tous âges jouiront de leurs droits au travail, à la santé, à l’instruction, à la propriété sociale, à la conduite des affaires publiques, à la vie publique, c’est-à-dire qu’ils jouiront concrètement des Droits de l’Homme et du Citoyen : à toutes et à tous sera garanti un travail correctement payé et une vraie place dans la société.

Cette république planifiera au nom de la Nation le développement équilibré de toutes les régions françaises, l’assurera et le maîtrisera grâce à un puissant secteur public et nationalisé de l’économie, à une Sécurité sociale nationale et à un système national d’éducation complets et démocratiquement gérés ; elle assurera l’équilibre multidimensionnel des activités de l’industrie, de l’agriculture, la maîtrise nationale sur l’économie et garantira le respect des formes populaires d’entreprises que sont les sociétés coopératives, les associations mutuelles, et aussi les associations parce qu’elles sont indispensables sur le plan de la culture.

De cette manière, nous ouvrirons les barrages que le système impérial du grand capital oppose à la transformation socialiste de notre société.

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