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Communiqué de Jean-Jacques Candelier, Député du Nord

contre l’état d’urgence

jeudi 21 juillet 2016

La nuit dernière, l’assemblée nationale a prolongé de 6 mois l’état d’urgence, régime d’exception qui sera donc en vigueur sur l’ensemble de l’année 2016.

Malheureusement, cela ne change rien à l’intensité de la menace terroriste. Le maintenir ne nous prémunit pas des attaques, nous venons d’en faire la douloureuse expérience.

Pleinement conscient du danger qui plane sur le pays, j’ai voté contre cette prolongation, avec courage et responsabilité, en considérant que ce n’était pas la bonne solution et qu’il fallait mettre fin à ce régime attentatoire aux libertés et aux droits fondamentaux.

Malgré la persistance de la menace terroriste protéiforme, nous ne pouvons proroger indéfiniment des mesures d’exception qui, sur la durée, ne se révèlent pas plus efficaces que notre droit commun.

Notre arsenal anti-terroriste est aujourd’hui largement suffisant. Il a d’ailleurs été plusieurs fois remanié et durci, parfois même de manière abusive, afin de l’adapter aux nouvelles formes de terrorisme.

Aujourd’hui, l’enjeu réside moins dans le renforcement de l’arsenal répressif que dans celui des moyens humains et matériels de nos services de renseignement et de nos autorités judiciaires spécialisées. Combattre le terrorisme nécessite, avant tout, un accroissement des effectifs de police et de renseignement, des douanes et de la justice.

A ce sujet, les surenchères sécuritaires de la droite sont d’autant plus malvenues que c’est bien sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy que la police nationale et l’armée ont connu leur plus grand plan social avec des milliers de postes supprimés pour des raisons d’économies.

Pour prévenir, de manière pérenne, la menace terroriste qui pèse sur notre pays, il faut penser une réponse globale en s’inscrivant dans une démarche de prévention pour conjurer le terrorisme comme mode d’action politique. Cet objectif est bien plus légitime que celui d’éradiquer des ennemis avec des moyens qui ne font que les faire se multiplier. La riposte sécuritaire et militaire ne peut continuer à être promue comme le cœur de l’action antiterroriste. Résumer le droit de vivre en sécurité à la seule perspective du tout répressif favorise les amalgames et la suspicion permanente. Il faut l’affirmer haut et fort : sécurité n’est pas sécuritaire.

Les frappes de la coalition en Syrie ont causé ce mardi au moins 56 décès de civils dont 11 enfants. Comme expliquait le Mahatma Ghandi, « à appliquer la loi de l’œil pour l’œil, l’humanité finira aveugle ». Il faut donc s’interroger sur le cadre et les objectifs des multiples opérations extérieures lancées par les présidents Hollande et Sarkozy : Libye, Mali, Centrafrique, et maintenant sur le territoire Irako-Syrien. Nous ne pouvons continuer à nourrir nous-mêmes les logiques de guerre dans lesquelles les terroristes veulent nous entraîner.

On sait que les profils des individus basculant dans la radicalisation sont divers. Leur implication est associée, dans la plupart des cas, à des phénomènes de rupture scolaire, familiale, sociale ou psychologique. La tuerie de Nice ne fait que valider cette thèse.

Il faut donc actionner tous les leviers, de l’école au monde du travail en passant par la culture et l’éducation populaire pour répondre à la crise sociale et culturelle profonde sur laquelle se développe le terreau de la radicalisation. Ce n’est que par cette nécessaire refondation sociale que nous arrêterons de fournir de la chair à canon à Daech.

Il faut également bâtir des stratégies pour terrasser notre ennemi en asséchant ses mannes financières colossales et remettre en cause les compromis passés avec les puissances fondamentalistes de la région au prétexte qu’elles sont économiquement libérales.

Ne laissons pas triompher les passions sécuritaires et les divisions identitaires. La détermination à combattre le terrorisme oblige à agir avec lucidité et sang-froid dans le respect de nos valeurs progressistes et humanistes.

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