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Agir pour la paix : où, comment, contre quel ennemi ?

Discours prononcé à Brive le 7 octobre 2007

lundi 15 octobre 2007, par Jean-Pierre Combe

- La guerre n’est qu’une des diverses modalités de règlement des conflits entre les sociétés humaines ; parmi les autres, nous connaissons la négociation, la discussion, la coopération.
- La question qui se pose immédiatement est celle de l’origine des conflits.

Où faut-il appliquer l’action pacifiste ?

- L’histoire, confirmée par l’horreur des cinquante dernières années, nous l’enseigne : ce n’est pas n’importe quelle injustice qui conduit aux guerres ; c’est l’injustice commise par un souverain, par un gouvernement, lorsqu’il prend possession des ressources d’un territoire d’une manière qui prive la population de ce territoire des ressources nécessaires à sa vie ; peu importe que ce territoire soit ou non sous sa souveraineté ; les ressources dont il s’agit sont celles du sol comme celles du sous-sol, céréales, bois, pétrole et autres minéraux de valeur dite stratégique : dans ces conflits, c’est le peuple habitant ce territoire qui subit collectivement l’injustice et ce sont ses membres que frappe la pauvreté et qui ressentent les frustrations consécutives à l’injustice dont il est victime.
- Il est capital de bien prendre conscience de deux faits :

  • la pauvreté est un signe visible et lisible de l’injustice commise ;
  • les frustrations engendrent des sentiments de nécessité urgente capables d’aveugler les membres des peuples collectivement victimes de l’injustice sur le véritable coupable du préjudice qu’ils subissent ; l’histoire le montre encore : les fauteurs de guerre s’emparent très vite de ces frustrations pour dévoyer la colère qui en résulte et la mettre au service de l’injustice qui les a causées.

- Ce processus se développe à l’interférence de nos consciences collectives et individuelles : il est essentiel que les pacifiste reconnaissent cette interférence et y appliquent l’action de la vérité.

Sur quel principe faut-il fonder l’action pacifiste ?

- La guerre qui a détruit la Yougoslavie est un exemple du niveau auquel les fauteurs de guerre peuvent conduire les violences qu’ils exploitent, ainsi que de l’insondable injustice qui en est le résultat, et que les mêmes exploitent encore ; malheureusement, nous devons citer d’autres exemples, tant en Europe qu’ailleurs dans le monde : dans les pays baltes, des partis ouvertement racistes (en l’occurrence, ils se réclament du nazisme ou du fascisme) gouvernent ou participent au gouvernement ; en Pologne règne un gouvernement d’ordre moral peut-être pire que celui de Napoléon 3 ; en Tchéquie, en Roumanie, en Russie et ailleurs, les organisateurs de l’injustice collective ont suscité et financent des partis politiques en vue de récupérer les colères causées par les frustrations imposées aux peuples, et ils ont fait de même en Irak, en Afghanistan...
- Ce ne sont que des exemples : partout où grandit le danger de guerre, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et les droits de l’Homme et du Citoyen sont violés et réprimés ensemble par les fauteurs de guerre : oui, vraiment, respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et respect des droits de l’Homme et du Citoyen constituent ensemble une condition nécessaire à la paix : c’est un principe de l’action pacifiste.

Les fauteurs de guerre, ennemis de la paix

- mettons les pieds dans le plat !
- La menace de guerre est partout et s’aggrave de jour en jour : quelles sont les actions dont cela résulte ?
- Entre 1990 et 1995, qui furent les années où l’URSS disparut, les USA n’ont fait aucun geste pour le désarmement nucléaire concret : aujourd’hui, ils continuent de déployer leurs fusées dites antimissiles ; contre quels missiles ? C’est une absurdité majeure : la course aux armements nucléaires continue alors que dans cette course, il n’y a plus deux, mais un seul concurrent !
- Mais une autre question doit être posée : ces fusées dites antimissiles, pouvons-nous croire qu’elles ne peuvent être tirées que contre des missiles ? Qu’est-ce qui nous garantit qu’elles ne peuvent pas être tirées contre des objectifs terrestres ? Rien ! Elles le peuvent en effet. Alors, contre qui les Etats-unis d’Amérique continuent-ils à les mettre en batterie ?
- Qui sont les alliés que soutiennent activement les USA ? En Europe orientale, ce sont les pays baltes ; c’est l’Ukraine où l’armée US manœuvre et instruit la nouvelle armée. En Amérique latine, en Asie, au proche Orient comme en Europe, ce sont les régimes racistes. Au moyen Orient, les USA occupent l’Irak et volent son pétrole !
- L’impérialisme US est toujours actuel et terriblement actif !
- Il s’est découvert, si l’on peut dire, un ennemi, qu’il appelle « le terrorisme » sans préciser davantage, ce qui permet à ses porte-parole médiatiques de l’assimiler aujourd’hui à une religion de notre pays, la deuxième par le nombre de ses croyants, et qui leur permettra demain sans doute d’autres assimilations scandaleuses. Mais que combattent les USA par leur « guerre antiterroriste » ? Sous ce prétexte, ils ont envoyé leurs troupes en Afghanistan, puis en Irak, et aujourd’hui, ils menacent l’Iran d’une guerre de conquête... Par leur « guerre antiterroriste », les Etats-Unis ne tentent-ils pas tout simplement de soumettre l’ensemble des peuples et des états du sud-ouest asiatique et de l’est africain, parce qu’ils font diversement obstacle à la prétention des trusts US de s’approprier leur pétrole ? Nous ne défendrons pas l’impérialisme des rois et émirs arabes : de l’Afghanistan à l’Irak en passant par le Soudan, la Palestine, le Pakistan, et demain peut-être, l’Iran, les victimes de la guerre antiterroriste ne seront jamais que les peuples de tous ces pays, dont le droit à la souveraineté est sans cesse piétiné depuis plusieurs siècles !...
- Qu’en est-il de l’ennemi que l’impérialisme US se désignait autrefois ? Cet ennemi, l’URSS, n’existe plus. Sur son territoire se sont formés plusieurs états dont certains se sont alliés avec empressement aux USA. Comme les autres, la Russie est devenue capitaliste ; elle renoue avec les traditions tsaristes : c’est un nouvel impérialisme qui apparaît ; mais il rencontre de grands obstacles intérieurs, qui lui interdisent de manifester sans précautions une agressivité autre que verbale sur le plan mondial : c’est sur le plan intérieur qu’il est agressif. Nous devons observer son agressivité avec le plus grand soin, car c’est dans les affrontements auxquels elle donne lieu que se manifeste contradictoirement l’existence de forces russes de la paix. Contradictoirement, car elles sont dispersées dans des formations politiques opposées ; cela résulte de la confusion entretenue par ceux qui ont entrepris de tirer le profit de la terrible pauvreté et des terribles frustrations subies par tous les peuples autrefois soviétiques.

Les fauteurs de guerre européens

- Jean Jaurès et Karl Liebknecht nous enseignaient jadis avec raison que l’ennemi de la paix, celui qui causait la guerre de 1914-1918, le peuple français comme le peuple allemand devaient le rechercher parmi ceux qui gouvernaient la France et l’Allemagne. Presque un siècle s’est écoulé, et les fauteurs de guerre européens se sont organisés en un impérialisme européen ; celui-ci s’est manifesté en Yougoslavie, il se manifeste au proche Orient et en Afrique : les pacifistes de France et des autres pays d’Europe ne sauraient oublier d’appliquer leur critique active à leur propre gouvernement et aux autorités européennes.

En France

- L’opinion publique n’a pas encore pris conscience de ce que signifie la fin de l’URSS. Aujourd’hui, les télévisions, les radios et les journaux tendent micros et plumes de préférence à ceux qui épaississent et prolongent l’obscurité faite sur l’histoire de l’URSS, entretiennent la confusion et l’exploitent pour nous imposer d’ignorer ce qui se passe aujourd’hui dans toute l’Europe orientale et en Sibérie.
- La politique des gouvernements qui dirigent l’Europe n’a rien d’une politique de paix : en aucun cas, les pacifistes ne peuvent s’en remettre à eux !
- Le président Sarkozy aligne l’action de la France sur l’action agressive et belligène du gouvernement US : c’est une politique de force dont la guerre est un moyen banal ; elle fait obstacle à la paix, elle est contraire aux intérêts de la France.

Que devons-nous faire, nous, pacifistes français ?

- Surtout, ne pas nous en remettre au gouvernement de notre pays, qui concourt à une politique de guerre ! Au contraire, faire valoir contre lui notre revendication d’une politique de paix ; contre lui, c’est-à-dire dans notre peuple :

  • dénoncer la professionalisation de l’armée française, grâce à quoi le gouvernement peut déployer arbitrairement notre armée hors de nos frontières, c’est-à-dire sacrifier la vie de nos fils et de nos filles pour le service d’intérêts illégitimes ;
  • dénoncer l’alignement sur le gouvernement des USA et revendiquer une politique de paix et d’indépendance nationale, développant les coopérations avec tous les peuples de tous les pays dans le cadre de l’intérêt mutuel et de la lutte contre le sous-développement ;
  • dénoncer les gouvernements irresponsables qui poursuivent ce non-sens qu’est la course aux armements ; exercer notre propre responsabilité en revendiquant que notre pays démantèle immédiatement, unilatéralement et sans conditions son armement nucléaire et l’industrie qui a pour objet de le maintenir et de le mettre en œuvre. L’immense retentissement qu’aura cette décision dès le moment où elle sera prise et que son exécution aura commencé sera une contribution majeure au rétablissement de la paix mondiale.

- La démonstration de ce que cette décision peut être prise et mise à exécution n’a rien de compliqué : je l’ai développée dans le texte l’industrie nucléaire militaire n’a pas d’objet [1].
- Mais la démonstration de sa nécessité tient en quelques mots que voici : cet armement qui nous coûte les yeux de la tête, dont la maintenance et la mise en œuvre produisent la majeure partie (au moins le tiers, sans doute plus de la moitié), de toutes les pollutions produites par les activités industrielles de notre pays, cet armement ne sert à rien : il n’écarte de notre territoire aucune menace de quelque nature qu’elle soit, et ne permet de combattre aucune agression éventuelle !

Notes

[1] on trouvera ce texte sur ce site

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