Ces crimes-là, vous ne pouvez les imputer au communisme !

 A l’appui de cette réponse, nous avons de très forts arguments, dont certains sont fondés dans l’évolution de la réalité sociale de la Russie soviétique, puis de l’URSS : en effet, si la Révolution d’octobre 1917 a retiré le gouvernement russe des mains de la bourgeoisie si elle a confisqué la terre et les usines à la bourgeoisie et à l’aristocratie, la bourgeoisie n’a pas pour autant cessé d’être : même placés sous la domination de la classe ouvrière, certains de ses membres n’ont pas cessé de prendre des places de chefs et d’entrepreneurs, d’inspirer des décisions et d’enseigner la représentation bourgeoise du monde, chaque fois qu’ils le pouvaient.
 L’affrontement qui opposait cette bourgeoisie défaite et dominée aux organes du pouvoir révolutionnaire qu’étaient les soviets sous-tend toute l’histoire de la Russie soviétique et de l’URSS, avec tous ses évènements, crimes de Staline compris.
 L’effondrement de l’URSS a mis cela en évidence, et nous donne à penser que dans l’histoire de l’URSS, le communisme n’a jamais été le seul processus actif : il a seulement été dominant pendant une certaine période ; il incombe désormais aux historiens de déterminer cette période : c’est une de leurs tâches urgentes, et ce n’est pas la plus facile.
 Mais déjà, cette réalité permet de comprendre quelles questions historiques majeures sont passées sous silence par la thèse qui impute au communisme les crimes attribués à Staline par le rapport Khrouchtchev. Non ! Il n’est pas possible d’imputer ces crimes au communisme : il faudrait pour cela gommer les nombreux textes et documents historiques qui la démentent, et effacer complètement de l’histoire l’action réelle d’anciens aristocrates et de bourgeois qui ne s’étaient pas sincèrement ralliés à la Russie des Soviets non plus qu’à l’URSS !
 Je ne développerai pas davantage ici ; je veux seulement attirer l’attention sur le fait que les dirigeants mutants du PCF s’opposent depuis toujours à ce que le PCF discute de la responsabilité du communisme dans ces crimes, et prenne position à ce sujet. Au lieu de cela, ils adoptent des formulations qui désignent globalement l’URSS sans l’analyser et sans permettre de concevoir la nécessité de l’analyser.
 Lorsque les idéologues bourgeois énoncent et propagent leur thèse selon laquelle le communisme serait criminel, les dirigeants mutants du PCF ne soumettent pas cette thèse à la critique ; ils se contentent de dire qu’eux-mêmes ont changé, ce qui est une manière de confirmer la thèse bourgeoise ; puis, ils expriment un regret que « des gens assimilent l’idéal communiste à ce qu’il fut au temps du goulag », sans jamais combattre vraiment cette assimilation, sans jamais dire quelle valeur ils lui donnent.
 Leur regret est une hypocrisie : le fait est qu’ils spéculent sur la représentation criminelle du communisme pour conserver leur position dominante dans le PCF : j’en fus témoin moi-même.
 C’est précisément cette spéculation hypocrite qui maintient nombre de communistes hors du PCF, avec une opinion négative sur ses dirigeants : ces communistes savent qu’ils ne sont pas des criminels, que leurs aînés dans le parti ne l’étaient pas non plus ; comme communistes, ils se sentent insultés par le discours de la mutation du PCF et refusent de reconnaître à ceux qui les insultent le droit de se dire communistes et de diriger un parti communiste.
 Il y a là un blocage majeur de la discussion des communistes.
 Ce n’est pas le seul blocage ; je me réserve d’y revenir ultérieurement.