Ami de l’égalité

Un obstacle à la mondialisation : la laïcité

La laïcité face à l’action antilaïque

samedi 8 mars 2008, par Jean-Pierre Combe

- Ceux qui mondialisent l’exploitation capitaliste ont toujours combattu la démarche laïque d’organisation des sociétés : c’est ainsi que la laïcité a été exclue de la constitution libanaise pourtant rédigée en 1945 par de hauts fonctionnaires français ; que les gouvernants d’Israël, des Etats-Unis d’Amérique et des Etats arabes concernés s’accordent pour réprimer toute manifestation de laïcité en Palestine.

- C’est ainsi que les organes d’information et de propagande écrites et télévisées de notre pays élargissent sans cesse la place qu’ils font aux manifestations du catholicisme romain, gommant de leur représentation de la France les très nombreux Français qui n’ont pas de religion ; c’est ainsi que les institutions scolaires et autres de confession catholique perçoivent toujours davantage de subventions de notre « République » au grand dam, je veux dire au grand préjudice de l’école qui respecte tous les enfants, l’école laïque qui est celle de la République.
- En décembre 2007, Nicolas Sarkozy a rajouté à ces empiètements réels plusieurs discours qui violent cyniquement son mandat de président de la République et font de lui un chef de l’agression anti-laïque : il est allé faire allégeance au Pape exactement comme si le catholicisme romain était en France religion officielle, et le pape le « protecteur » de la France ; en suite de quoi il a prononcé à Dubaï, à Riyad et en Algérie des discours qui en appellent à la collaboration de l’Islam avec le Catholicisme sous la direction du Pape ; tout cela fait scandale et doit multiplier notre inquiétude, d’autant plus que depuis quelques années, l’Etat français impose le silence aux enseignants de nos écoles, de nos collèges et de nos lycées dans tous les cas où, comme les plus anciens et les retraités s’en souviennent, ils gagnaient la confiance des élèves en leur montrant que dans une école laïque, l’enfant reçoit tout le respect qui lui est dû sans avoir besoin d’exhiber ses symboles religieux.
- Mais ceux qui gouvernent l’Etat en France ne souhaitent pas fonder sur la confiance les rapports des élèves avec les enseignants : ils n’ont que faire de la laïcité de la République, ils écartent la laïcité de son école : la République leur fait obstacle avec son contenu de revendication démocratique.
- Depuis toujours, la bourgeoisie entretient la confusion au sujet de la laïcité : les uns la réduisent à la tolérance, les autres répètent ce que déclarait Monseigneur Dupanloup, à la fin du dix-neuvième siècle, à l’Assemblée nationale : « La tolérance, il y a des maisons pour cela ! » La confusion naît de cette définition floue et réductrice et de la réponse facile qu’elle appelait alors.
- Définition réductrice : la tolérance recommande de cesser l’étude d’un problème lorsque ses données sont assez sensible pour faire naître un conflit, et nous savons depuis la nuit de la Saint Barthélémy que les différences religieuses sont de tels problèmes : celui qui se laisse guider par la tolérance renonce alors à chercher une solution. Mais nous savons bien qu’un conflit réel que l’on renonce à résoudre a toutes chances de pourrir et d’engendrer une catastrophe.
- Non ! Ce n’était pas la tolérance qui guidait les paysans français lorsqu’ils inventaient la laïcité en dénonçant les sommes prodigieuses que le haut clergé prélevait sur leur travail pour financer ses privilèges et les ors de Rome : ils étaient éclairés par les Lumières philosophiques. Catholiques pour les uns, protestants pour les autres, ils ne renonçaient pas non plus à leur religion : ils étaient d’accord pour ne plus permettre que leurs impôts servent à financer les privilèges, que ce soit ceux de la noblesse ou ceux du clergé, pour ne plus permettre que leurs impôts servent à financer le gouvernement fastueux de l’Eglise romaine.
- C’est pourquoi ils voulaient que désormais, l’impôt serve à la République et que la République soit tout entière édifiée hors de l’Eglise romaine et hors de toute autre Eglise : le dictateur réactionnaire Napoléon Bonaparte est ensuite contrevenu à cette volonté en établissant un lien officiel entre l’Etat français et l’Eglise romaine, comportant le financement public de cette Eglise, et donc en rompant la laïcité que les révolutionnaires avaient établie. Dans son entreprise anti-laïque, Sarkozy est, on le voit, en bonne compagnie !
- Un siècle plus tard, il fallut mettre les points sur les i et rétablir la laïcité : c’est la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, votée en 1905, qui a donné à la religion sa place véritable, le domaine privé de l’individu, ce qui place les Eglises hors de la chose publique : la religion étant chose privée, le financement public de toute Eglise doit cesser, nul ne peut fonder en religion une contrainte sur autrui, nulle fonction religieuse ne confère à son titulaire un quelconque privilège sur n’importe quel autre citoyen, et tout citoyen a, à tout moment, le droit de choisir sa religion ou de vivre sans religion.

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