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aujourd’hui, la revendication communiste

à tous les travailleurs de France

dimanche 24 août 2008, par Jean-Pierre Combe

- Chers camarades
- La première condition pour que les communistes se remettent en un mouvement communiste cohérent capable de donner lieu à l’activité d’un véritable parti communiste, c’est qu’ils reprennent collectivement conscience de la lutte des classes, c’est-à-dire qu’ils recommencent à analyser les luttes de classes et à fonder leurs prises de positions politiques dans tous les pays dont le nôtre sur les intérêts qu’ont les peuples travailleurs dans les luttes de classes.

-Ce sont les conditions de la prise de parti communiste qui ont été renouvelées. Il faut donc aujourd’hui que les communistes redéfinissent ce qu’est le parti ouvrier, contraire (opposé) au parti bourgeois dans la lutte des classes.
- Sur le plan économique, l’affrontement des intérêts des ouvriers salariés d’une part et de ceux du ou des propriétaires capitalistes de l’entreprise d’autre part est direct et manifeste une contradiction antagonique : le propriétaire capitaliste prélève sur la plus-value de l’entreprise les sommes de monnaie qui constituent les salaires qu’il doit au travailleur salarié : le salaire, c’est du profit en moins ; le patron capitaliste touchera d’autant plus de profits qu’il versera moins de salaires.
- C’est aussi sur le plan économique que les ouvriers salariés constatent d’abord l’exploitation capitaliste : ce qu’ils voient, c’est que leur salaire suffit à peine à leur permettre de compenser ou de réparer la fatigue et l’usure que leur a causées le travail qu’ils ont fait pour le patron pendant le temps que ce salaire rémunère : c’est à partir de cette constatation qu’ils peuvent comprendre que le salaire qu’ils perçoivent ne leur suffit pas pour vivre ; et cette vérité est encore confirmée par le fait qu’en moyenne, les ouvriers qui atteignent l’âge auquel la retraite devient un droit n’en vivent que quelques mois, alors qu’en moyenne, les bourgeois chefs d’entreprise vivent de nombreuses années au-delà de cet âge.
- En même temps, les ouvriers voient à l’évidence que le propriétaire de l’entreprise pour laquelle ils travaillent peut éviter les conséquences personnelles de ce que les syndicats capitalistes appellent « les difficultés de l’entreprise » : il lui suffit de faire « payer la note » aux travailleurs qu’il salarie, et au cours des quarante dernières années écoulées, nous avons vu assez d’exemples pour savoir que c’est bien ainsi que le syndicalisme capitaliste (le MEDEF après le CNPF) voit les choses.
- Ces deux catégories économiques d’êtres humains, les ouvriers salariés et leurs familles d’une part, et les propriétaires capitalistes d’entreprises et leurs ayants droits d’autre part, ont donc des intérêts exactement opposés dans l’économie d’entreprise, et sont réunis par le fait que les membres de l’une de ces deux catégories ne peuvent exister si un rapport salarial ne les relie pas à des membres de l’autre catégorie : c’est l’économiste anglais Ricardo qui a découvert ces catégories quelques années avant que la révolution ne détruise le royaume de France, et qui les a nommées les classes sociales : l’une est la bourgeoisie, propriétaire des entreprises, des usines, des machines, des mines, des banques et des assurances ; l’autre est la classe ouvrière, ainsi nommée parce que ses membres ont la capacité de faire œuvre en transformant la matière pour en faire les biens et les richesses de la société ; les membres de la classe ouvrière méritent aussi d’être appelés les prolétaires, dans toute la mesure où ils ne possèdent rien d’autre à vendre que leurs mains et leur intelligence (leur corps), et que cela leur interdit de vivre autrement que du salaire qu’ils achètent au prix de leur temps de leur travail. Ce dénuement est la caractéristique qui définit les prolétaires.

- Trois faits se montrent ici :

  • D’abord, la première revendication ouvrière, celle qui manifeste l’intérêt propre de l’ouvrier dans son rapport avec son patron capitaliste, c’est celle d’augmenter le salaire : mais si l’ouvrier revendique seul, il ne peut obtenir rien de concret.
    - Ensuite, si la revendication ouvrière devient collective, c’est-à-dire devient celle des ouvriers salariés de l’entreprise, elle peut obliger le propriétaire capitaliste à prélever sur les profits qu’il escompte la somme nécessaire à sa satisfaction ; il s’agit bien de contraindre le patron capitaliste, car le profit est son moyen d’exister : aux yeux du patron capitaliste, le profit est plus important que la vie des travailleurs qu’il salarie.
    - Enfin, la revendication ouvrière ne peut devenir collective que si les ouvriers organisent eux-mêmes et ensemble leurs revendications individuelles.

- En France, ces trois faits formaient la base de la lutte des travailleurs contre l’exploitation capitaliste pendant tout le dix-neuvième siècle et pendant la plus grande partie du vingtième.
- L’affaiblissement de la lutte contre l’exploitation capitaliste que nous observons au cours des trois dernières décennies écoulées, ainsi que les conséquences qu’a eues cet affaiblissement pour les membres de notre peuple, confirme encore leur importance : la revendication salariale reste la revendication de base de la classe ouvrière, et celle pour laquelle l’organisation revendicative de la classe ouvrière doit (re-)commencer.
- C’est la classe bourgeoise qui dresse ces obstacles contre le mouvement de revendication ouvrière et contre le mouvement de revendication communiste : elle le fait pour protéger, maintenir, renforcer, perfectionner et étendre le prélèvement du profit ; elle le fait en faisant usage des objets qui sont sous sa propriété : les capitaux et les canaux de prélèvement et de circulation du profit. Cela non plus n’a pas changé depuis les débuts de la revendication communiste : par conséquent, la revendication fondatrice du mouvement communiste, de collectiviser (ou socialiser, ou nationaliser) la propriété des capitaux dominants de la terre, des mines, des usines, des maisons de commerce, des banques et des assurances, reste à l’ordre du jour des luttes de classes : c’est la revendication communiste de base, aujourd’hui comme lorsque Marx et Engels l’ont inscrite dans le Manifeste communiste de 1848.

- Ce qui a changé, c’est :

  • l’importance, le poids et la complexité de l’état au moyen duquel la bourgeoisie protège sa propriété,
    - et la modification des structures de l’industrie bourgeoise.

- l’Etat bourgeois diffère de ce qu’il était quatre décennies plus tôt sur trois points essentiels :

  • d’abord, les processus à forme républicaine qu’il contenait encore sont soit mis en sommeil, soit entravés dans les carcans construits autour et au-dessus d’eux sous prétexte d’Europe et de mondialisation : ces carcans sont des institutions nouvelles, supranationales, d’essence impériale ;
  • ensuite, la bourgeoisie a multiplié et renforcé les administrations et autres structures verticales à caractère impérial, conçues dès le lendemain de la révolution, en 1794, pour être insensibles aux mouvements populaires les plus légitimes et les plus nécessaires que la contre-révolution n’avait pu faire cesser : la bourgeoisie renforce les caractères impériaux de ces administrations et les place sous la dépendance des structures des empires européen et mondial en construction ;
  • enfin, l’Etat bourgeois a divisé les sans-travail en plaçant diverses catégories d’entre eux sous divers régimes de travail précaire et d’assistance, tous placés sous son autorité directe ; elle réserve annuellement à ces régimes un grand nombre d’heures pour des travaux autrefois confiés à diverses professions : en vérité, ces différents régimes spéciaux de travail précaire et d’assistance sont pour elle un moyen d’augmenter le chômage, d’encadrer les chômeurs, et de créer de nouvelles catégories de sans-droits.

- Quant aux moyens directs de l’exploitation des travailleurs (les chantiers, les usines, les ateliers, les boutiques, les parcs de machines et de camions), eux aussi ont changé :
- De nombreuses usines ont fermé et leurs fabrications ont été transférées de diverses manières à l’étranger ; les unités de production restant sur notre sol sont de plus en plus nombreuses à avoir perdu les fonctions et les compétences les plus nécessaires aux entreprises, telles que les bureaux des méthodes, les bureaux d’études et même parfois les services des ventes et prospections.
- Des mines, parmi les plus importantes, comme par exemple les mines de fer et de charbon, ont été fermées.
- Ce n’est ni le hasard, ni la poursuite de la rentabilité à court terme qui ont présidé à toutes ces fermetures : le fait est qu’elles ont mis fin à l’application en France du principe qui met en relation une nation avec l’économie de son territoire : une nation existe sur le plan de l’économie lorsqu’elle produit elle-même les conditions de sa propre vie dans le pays qu’elle habite au moyen de l’exploitation des ressources de son sol et de son sous-sol.
- C’est encore un fait que ces fermetures ont été délibérées et décidées par la bourgeoisie : cesser d’extraire de notre sol et de notre sous-sol d’importantes ressources telles que le fer et le charbon, et dans le même temps développer l’importation de machines industrielles de toutes sortes alors que jusqu’alors rien n’empêchait de les fabriquer en France, c’était pour la bourgeoisie le moyen de se réserver pour de très longues et nombreuses années l’exclusivité de la direction de l’économie de notre pays. Ces décisions imposées à la France sont un véritable sabotage de l’économie nationale : au cours des sixième et septième décennies du vingtième siècle, le parti communiste français était conscient de ce sabotage et dénonçait à juste titre la politique antinationale des gouvernements au service du grand capital.
- Depuis quatre décennies, la bourgeoisie française a amplifié le sabotage de l’industrie française ; son but apparaît aujourd’hui au grand jour : c’est de priver la nation française de sa réalité économique ; nous devons constater que les efforts qu’elle consacre à ce sabotage et ceux qu’elle met à construire les institutions de son empire européen sont en étroite corrélation : tous ces efforts convergent vers la dissolution de la France qui la fera disparaître dans l’empire européen.
- C’est peu de temps après la fin de la première guerre mondiale, lorsqu’ils ont constaté les conditions dans lesquelles notre nation revenait à la paix, que les plus grands bourgeois français se sont prononcés contre la continuation de la France : de 1914 à 1918, la guerre mondiale avait certes bien affaibli notre pays, mais elle avait presque détruit les empires du centre et de l’est européen (l’allemand, l’autrichien-hongrois, l’ottoman et le russe).
- Ruinant l’empire des Tzars, la guerre avait créé les conditions de la révolution qui, de février à octobre 1917, en avait détruit les institutions essentielles. La bourgeoisie française, de concert avec l’allemande, l’américaine, l’anglaise et la japonaise, y avait vu l’occasion de mettre la main sur ses immenses territoires et sur les ressources qu’ils contiennent : dans cette intention elle y avait envoyé des moyens militaires : une mission d’Etat-major à Varsovie, un corps expéditionnaire puissant retiré de la péninsule balkanique et débarqué à Odessa.
- Mais marins et soldats français voulaient la paix et approuvaient « les Russes » d’avoir renversé le Tzar ; ils signifièrent leur volonté de paix en se mutinant : ils interdisaient ainsi à la bourgeoisie française de lancer l’armée et la marine françaises à l’assaut des territoires que bouleversait la révolution, et obligèrent le gouvernement français à rappeler en France le corps expéditionnaire.
- Cette mutinerie et le bouillonnement qu’avait provoqué en France l’annonce faite en décembre 1917 de la révolution d’octobre 1917, ont instruit la bourgeoisie française : c’est la nation française elle-même, forte des traditions ouvrières de lutte de classe, forte aussi de la mentalité républicaine maintenue sous les drapeaux par la majorité des travailleurs, qui avait contrecarré ses projets criminels de guerre de conquête contre-révolutionnaire.
- Ainsi instruits, les plus riches et les plus puissants des bourgeois français se mirent à considérer la nation française comme leur ennemie. Sans attendre, ils se mirent à étudier comment ils pourraient la détruire : Louis Renault, devenu immensément riche grâce aux commandes de tanks que lui passait le gouvernement, entra en relations d’affaire suivies avec le premier chef de grande entreprise qui avait apporté son soutien matériel à Adolf Hitler : John Ford, celui des automobiles Ford ; d’autres suivaient de près les activités criminelles des fascistes de Benito Mussolini, que Philippe Pétain admirait sans se cacher ; ces grands bourgeois voulaient donner à l’Etat bourgeois toute liberté de mettre en œuvre la politique de la grande bourgeoisie ; l’exemple de la violence sanglante exercée à partir de 1918 par la bourgeoisie allemande pour réprimer le mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière allemande les inspirait très direcment : il concevaient d’assurer en France la liberté de la bourgeoisie en mettant à bas la République et s’il y fallait quelques crimes exemplaires, ils y étaient prêts.
- La non-intervention en Espagne, c’est leur œuvre ; la débâcle de l’armée française, en 1940, l’occupation, la collaboration de l’Etat avec les autorités nazies et fascistes d’occupation, c’est la poursuite de leur politique.
- Mais contre eux, le peuple, la classe ouvrière, les paysans travailleurs, ont su rendre vie à la nation : c’est la nation qui, en 1944, a brisé l’étreinte raciste (nazi-fasciste) imposée à la France, et c’est la nation qui a participé à la victoire de 1945.
- La paix revenue, la grande bourgeoisie reste propriétaire du grand capital en France : le « grand frère » états-unien y veille. A partir de l’été 1947, elle met en œuvre un nouveau mode d’action, toujours à la poursuite du même objectif de réduire en France la nation à l’impuissance, de la détruire si possible ; la définition du projet d’« union européenne » par ses porte-parole les plus connus, Robert Schumann et Jean Monnet, et sa poursuite incessante jusqu’à ce jour par tous les politiciens bourgeois en même temps que par les chefs bourgeois de l’économie française, ne sont que le cadre de long terme de cette politique.
- En 2008, nous subissons le développement de cette politique, qui ne rencontre plus guère d’obstacle depuis que la dérive mutante a saisi le PCF.
- On le voit : pour conduire cette lutte de classe, la bourgeoisie a mobilisé les objets de sa propriété que sont le capital et les entreprises qu’elle contrôle au moyen du capital, elle a aussi mobilisé son Etat, ceci n’étonnera personne, parce qu’elle a toujours considéré l’Etat comme sa propriété de classe ; dans ces luttes, son but a toujours été diviser le peuple et de le tenir dans l’incapacité de contrôler les ressources à travailler et les moyens de travailler. Ce but est ce qui donne le sens de toutes les réformes conduites par les gouvernements depuis l’été de 1947 ; la très timide exception de 1981 a été effacée en moins de deux ans.
- Nous devons constater que cette politique a porté atteinte, dans notre peuple, aux intérêts de toutes les catégories liées au travail : lorsque la classe ouvrière de notre pays défendait efficacement ses droits et ses intérêts contre ceux de la bourgeoisie, toutes les autres catégories de membres de notre peuple en ont bénéficié ; c’est un fait que toute l’économie nationale en a bénéficié. Cela non plus n’a rien d’étonnant : le respect du principe économique qui relie la nation à son territoire conduit au plein emploi et à une économie équilibrée réalisant sur ce territoire une relation écologiquement saine de la nation avec le milieu naturel. Nous savons en effet que l’économie capitaliste n’exerce pas seulement sa violence sur ceux que les capitalistes exploitent, mais aussi sur la nature elle-même : la misère du peuple et l’empoisonnement du milieu naturel sont deux effets de la même violence. L’économie capitaliste est essentiellement tout à la fois anti-écologique et antinationale.
- Ces constatations générales doivent conduire les communistes à rendre plus clairs les effets par lesquels l’appropriation ouvrière des entreprises et des ressources essentielles de notre sol permettra de satisfaire les revendications des membres de notre peuple qui n’ont d’autre ressource pour vivre dignement que d’échanger les produits de leur propre travail, quel que soit le statut sous lequel ils travaillent.
- Pour y parvenir, il faut rompre avec le réformisme.
- Ce n’est pas par ignorance de ces problèmes que ceux qui dirigent le PCF aujourd’hui ont pris le parti du réformisme : ils ont au contraire vu dans les évènements spectaculaires que ces contradictions ont engendrés l’occasion d’abandonner tout semblant d’orientation révolutionnaire dans la politique qu’ils imprimaient au parti ; ils se refusaient ainsi à affronter les difficultés, à les étudier, à faire avancer l’organisation communiste de manière à les réduire ; ils tentaient d’éviter ces difficultés, de les contourner, et, cédant devant les déferlements de la propagande bourgeoise, dont nous savons que la vérité n’est ni son essence, ni son but, ils ont renoncé à résoudre les problèmes que posaient ces difficultés, donc renoncé à faire la révolution.
- Les communistes considèrent que la misère est un crime commis contre le peuple, aujourd’hui par la bourgeoisie comme autrefois par toutes les classes qui ont tiré avant elle, puis avec elle, le profit de l’exploitation du travail d’autrui : en renonçant à la révolution, les chefs mutants du PCF se sont rendus durablement complices de la bourgeoisie. Il faut rompre avec eux, rompre avec le réformisme.
- Ce dont il s’agit, c’est de faire la révolution !
- Les communistes doivent y contribuer en relançant le mouvement communiste d’organisation, afin qu’il engendre un parti communiste véritable.

- L’objet de ce mouvement est :

  • que le peuple prenne une connaissance directe de la réalité de la vie de ses membres et de toutes les modalités de l’exploitation que chacun subit, individuellement et collectivement ;
  • que cette connaissance s’inscrive à tous les niveaux individuels et collectifs de la lutte pour abolir l’exploitation capitaliste directe et indirecte.

- Les acteurs du mouvement communiste d’organisation sont les femmes et les hommes membres du peuple : ils subissent l’exploitation capitaliste, directement ou indirectement ;
- les propriétaires des gros capitaux et grands bourgeois ne sont pas des membres du peuple, mais des privilégiés ; ils ne peuvent pas unir leurs intérêts à ceux des membres du peuple dans la lutte contre l’exploitation capitaliste ; si des bourgeois contribuent à cette lutte, ce ne peut être qu’en trahissant la bourgeoisie, en trahissant leur classe : la contribution de membres de la bourgeoisie à la lutte pour abolir l’exploitation capitaliste est possible, mais ne peut être que marginale, accessoire.

- L’objectif de la lutte pour laquelle le mouvement communiste s’organise est que le peuple prenne possession des moyens de travailler que possède directement ou indirectement la bourgeoisie capitaliste, en vue de redéfinir la division, les objectifs et les modalités du travail de telle manière que le travail ainsi redéfini satisfasse durablement les intérêts des travailleurs et de tous les membres du peuple.
- Au nombre des moyens de travailler, il faut compter la connaissance, et plus précisément les processus qu’elle développe dans tous les domaines nécessaires à l’humanité tout entière : lire, écrire, compter, observer, réfléchir, mesurer, raisonner, étudier la nature ; et aussi les disciplines de l’étude de la nature que sont l’histoire naturelle (cette discipline comprend la géologie, la biologie et l’écologie), l’astronomie, la physique, la chimie, ainsi que les disciplines nécessaires à notre intelligence du monde que sont l’histoire, la géographie, les mathématiques et la philosophie,...
- Il se montre ici que la revendication communiste, qui est une revendication politique, ne se limite pas à reprendre les revendications matérielles des seuls ouvriers salariés d’usine ; en réalité, elle est beaucoup plus diverse et beaucoup plus profonde que cela : elle prend en compte les revendications des ingénieurs et techniciens qui participent à la production matérielle, en tant que leur participation est nécessaire au déroulement de la production et qu’ils ne servent pas au prélèvement ni à la circulation du profit ; elle prend en compte les revendications de tous les membres du peuple qui accomplissent un travail de production matérielle, même s’ils ne travaillent pas sous le statut de salariés ; elle prend en compte les revendications des membres des professions médicales, en tant que ces femmes et ces hommes ne placent pas dans leurs intérêts de s’approprier une part du profit prélevé sur le travail, mais simplement une rémunération leur permettant de vivre eux-mêmes dignement en participant au maintien et au progrès de la santé des travailleuses, des travailleurs et de leurs familles ; elle prend en compte les revendications des enseignants, en tant que ces femmes et ces hommes ne courent pas après une part du profit prélevé sur le travail, mais revendiquent seulement une honnête rémunération de leur participation aux institutions par lesquelles les travailleurs développent leurs talents et font progresser leur propre force de travail, et par lesquelles leurs enfants acquièrent les connaissances qui font d’eux des citoyennes et des citoyens et développent toutes les aptitudes grâce auxquelles ils enrichiront leur avenir et celui de toute la société ; la revendication communiste converge avec les intérêts de nombreuses catégories de membres du peuple.
- La revendication communiste n’est incompatible qu’avec les intérêts de ceux qui vivent du prélèvement du profit, en se l’appropriant et en l’incorporant au capital dont ils sont propriétaires directs ou indirects.

- Cela conduit les communistes à poser, dans le cadre de la revendication générale de socialiser (ou nationaliser) les capitaux de la terre, des mines, de l’industrie, du commerce et de la finance, les revendications suivantes :
- A la campagne : réaliser la réforme agraire qui divisera les grands domaines capitalistes en exploitations à taille humaine et répartira ces exploitations de telle manière que cette répartition permettra à de nombreux sans-travail de se mettre au travail de la terre et d’en vivre dignement ; cela suppose de satisfaire en même temps la revendication de prix agricoles à la production permettant d’en finir avec l’aberration de l’agriculture subventionnée ; cela suppose aussi de briser le carcan industriel dont la bourgeoisie capitaliste a corseté l’agriculture ; cela suppose encore de relier concrètement le travail de la terre à la connaissance des processus naturels, et d’ouvrir aux paysans l’accès sans limites à la connaissance de notre environnement minéral, végétal et animal, ainsi qu’à la recherche scientifique dans l’ensemble de ce domaine.
- A la mer : rendre aux marins pêcheurs le contrôle de la pêcherie industrielle et artisanale, de l’armement pour la pêche, du mareyage, ouvrir aux marins l’accès sans limites à la connaissance du monde marin et à la recherche océanographique.
- Dans les villes : réformer les conditions de l’exercice des métiers artisanaux de l’art, du commerce et de l’industrie de manière à les libérer de toutes les sujétions et de toutes les contraintes qu’ils subissent aujourd’hui de la part de la bourgeoisie capitaliste ;
- Partout (à la campagne, à la mer, dans les villes) :

  • rétablir le droit des personnes à s’associer en coopératives, en associations mutualistes (mutuelles) et en associations, pour toutes les activités maritimes, agricoles, industrielles, commerciales, financières, culturelles et de loisir, et exclure la prise de contrôle de ces personnes morales par les capitalistes, qu’ils soient des personnes physiques ou des sociétés ;
  • modifier les lois sur les droits d’auteurs et sur les droits des inventeurs de manière à exclure les personnes morales du bénéfice des droits d’auteurs, et à garantir que les auteurs et les inventeurs bénéficieront personnellement et directement des droits qui leur appartiennent, et que ces droits seront transmis après leur mort à leurs héritiers directs de la première génération ;
  • rétablir le sens de la laïcité et libérer l’enseignement laïc.

- En vérité, il n’y a là rien de nouveau : Marx et Engels avaient bel et bien étendu la revendication communiste héritée de Gracchus Babeuf à l’ensemble de ce champ, et dans l’après-guerre de 1945, les communistes revendiquaient réellement avec toute cette ampleur. En France, ce n’est qu’au cours des septième et huitième décennies du vingtième siècle que la revendication du PCF s’est progressivement et rapidement rétrécie : ce rétrécissement est une cause directe et essentielle de ce que nombre de travailleurs de France se sont détournés du PCF en même temps que nombre de communistes se sont vus conduire aux marges, puis hors du PCF.
- Je dis qu’aujourd’hui, une condition nécessaire à l’unité des communistes est que tous prennent pleinement en compte toute l’étendue de la revendication communiste, qu’ils en fassent l’objet de leur activité, et qu’au moment de former le parti qui sera véritéblement le parti communiste français, ils n’en retranchent rien.

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